Reprise des combats à la frontière cambodgienne : frappes thaïlandaises, civils évacués, morts et blessés. Phnom Penh et Bangkok s’accusent, tandis que la communauté internationale appelle au calme.


Des échanges de tirs ont éclaté dimanche après-midi avant de s’intensifier lundi à l’aube, dans plusieurs zones disputées entre les provinces cambodgiennes de Preah Vihear, Oddar Meanchey et Banteay Meanchey, et les provinces thaïlandaises adjacentes. Selon de nombreux témoignages, le fracas de l'artillerie a débuté dès 5 h du matin, poussant les habitants à fuir précipitamment.
La Thaïlande affirme que deux de ses soldats ont été tués et quatre blessés, tandis que le Cambodge fait état d’au moins quatre civils morts et neuf blessés, avec des dizaines de milliers de personnes déplacées.
Des frappes thaïlandaises et accusations croisées
L’armée thaïlandaise a annoncé avoir engagé des avions de combat pour « neutraliser des infrastructures militaires cambodgiennes », ciblant des dépôts d’armes, centres de commandement et routes logistiques considérés comme des « menaces directes ».
Le porte-parole de l’armée thaïlandaise, Winthai Suvaree, accuse Phnom Penh d’avoir ouvert le feu dimanche à 14 h 16 dans la province de Si Sa Ket, un tir présenté comme l’élément déclencheur. Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a déclaré que la Thaïlande « exercera son droit légitime à l’autodéfense ».
Phnom Penh dénonce des attaques unilatérales
La version cambodgienne diverge totalement. Selon la porte-parole du ministère de la Défense, la lieutenant-général Maly Socheata, les soldats thaïlandais ont attaqué dès 5 h 04 lundi matin dans la zone d’An Ses, avant d’ouvrir le feu avec des chars près de Ta Moan Thom, de Preah Vihear temple et de Chomka Chek.
Phnom Penh soutient que ses troupes « n’ont pas répliqué lors des deux assauts », réaffirmant son engagement envers la Déclaration de paix et le cessez-le-feu. Le gouvernement cambodgien a notifié l’ASEAN Observer Team, chargé de surveiller la trêve, et prévoit de solliciter une enquête.
Civils en fuite
En Thaïlande, les autorités ont ordonné l’évacuation de quatre provinces, affirmant avoir déjà déplacé près de 385 000 personnes vers des abris temporaires.
Au Cambodge, écoles fermées, villages abandonnés et routes encombrées de motos chargées de matelas et d’effets personnels témoignent de l’ampleur des déplacements. Selon le ministère cambodgien de l’Éducation, la fermeture de 377 écoles affecte plus de 78 000 élèves et 3 000 enseignants.

Photo : Ministère de l'information
Des habitants de Chouk Chey, un des points chauds du conflit, disent entendre « les explosions en continu » et voient « la fumée monter des maisons touchées ». Un journaliste local, Pol Chham, a été grièvement blessé par un tir de mortier dans l’Oddar Meanchey.
Réactions officielles au Cambodge
Le Premier ministre Hun Manet a souligné que la priorité du gouvernement était de « protéger la population et la souveraineté du pays », appelant les citoyens et les forces armées à l’unité.
Le président du Sénat Hun Sen a accusé le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul de « chercher à gagner des voix » par une escalade militaire, ajoutant que la Thaïlande cherchait à provoquer une riposte du Cambodge pour « détruire le cessez-le-feu ».
Un conflit enraciné et ravivé par les tensions politiques internes
Les escarmouches observées depuis mai, suivies des affrontements meurtriers de juillet, montrent une situation durablement instable. Selon des analystes régionaux, les dynamiques politiques internes — tant en Thaïlande qu’au Cambodge — contribuent à la résurgence des tensions.
Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim négociateur de paix enttre les deux pays a demandé une cessation immédiate des hostilités, avertissant que les progrès de ces derniers mois risquaient d’être réduits à néant.
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