Fondé en octobre 2022, Kroojchmar est devenu en quelques années un compagnon familier pour de nombreux enfants cambodgiens. Magazine créatif, passerelle vers la culture et support de jeu, il s’est transformé au fil des projets en un véritable outil de médiation culturelle. Aujourd’hui, Dorothée Étienne revient sur cette aventure qui s’élargit, grandit, et continue d’unir enseignants, artistes et institutions autour d’une même idée : transmettre la richesse culturelle du Cambodge aux plus jeunes.


Publi-rédactionel
Un magazine pas comme les autres
Kroojchmar, c’est d’abord un objet qui intrigue. Une grande feuille qui se déplie, un poster coloré, des activités qui donnent envie d’observer, de chercher, de toucher. Un magazine en khmer et en anglais, pensé pour les enfants et pour toutes les familles qui souhaitent découvrir autrement la culture du Cambodge.
« Nous avons cofondé le magazine avec l’autrice Prum Kunthearo. Nous voulions offrir aux enfants un objet qui stimule la curiosité, qui donne envie de regarder le monde avec enthousiasme », raconte Dorothée Étienne.
Les six numéros déjà publiés ont trouvé leur public avec près de 5 000 lecteurs identifiés, souvent bien plus en réalité, car les magazines circulent entre frères, sœurs, cousins et voisins.
Un outil pensé pour ceux qui enseignent
Très vite, Kroojchmar a dépassé le cadre de la publication. L’équipe a choisi de consolider ce qui était déjà là : un contenu ludique, mais aussi exploitable en classe.
« Nous avons développé une boîte à outils pour les enseignants : des fiches, des vidéos très simples à visionner sur téléphone, et même une formation », explique Dorothée.
Le partenariat le plus marquant reste celui avec les New Generation Schools (NGS) rattachées au ministère de l’Éducation. Après une première année pilote, ce sont désormais quatre écoles publiques qui utilisent Kroojchmar depuis deux ans.
« Cette année, plus de 450 élèves NGS découvrent nos contenus. Sur trois ans, cela fait environ 1 000 enfants qui ont travaillé avec Kroojchmar », précise-t-elle avec satisfaction.

Le magazine Kroojchmar, utilisé pour la 3e année consécutive par les écoles primaires NGS
La médiation culturelle pour les jeunes : un terrain en construction
En coulisses, un autre univers s’est développé : celui du collectif. Une cinquantaine d’illustrateurs, graphistes, auteurs, éditeurs et acteurs voix ont participé à la création des contenus.
« Avec notre éditrice française Soline, je suis la seule non-Cambodgienne. Tous les illustrateurs, auteurs et designers sont locaux ; c’est fondamental pour nous. Kroojchmar doit être un espace où s’exprime la scène graphique cambodgienne », insiste Dorothée.
Peu à peu, Kroojchmar s’est mis à accompagner des institutions culturelles dans la création de livrets de visite ludiques et pédagogiques. Certains partenariats sont devenus incontournables : les Tribunaux Khmers rouges (CETC), le musée Sosoro, l’Institut français du Cambodge dans le cadre de Photo Phnom Penh Festival.
Ces livrets sont conçus comme de petits objets de découverte.
« Nous tenons au papier. C’est un objet que l’on manipule, que l’on garde, que l’on peut retrouver des années plus tard », raconte Dorothée.
Chaque projet donne naissance à une équipe différente : parfois un style naturaliste pour coller à l’histoire, parfois des lignes plus contemporaines pour une exposition photo. Toujours une adaptation soignée au projet culturel.
Les objectifs restent les mêmes :
– donner aux enfants envie de visiter une exposition ;
– enrichir leur regard et leurs connaissances ;
– conserver une trace durable de la visite.

Le bus à découper et le guide enfant conçus avec l'équipe des CETC pour accompagner leur démarche de diffusion des résultats des tribunaux auprès du jeune public.
Un travail minutieux, souvent sous pression
Derrière un petit livret, beaucoup de travail. « Le contenu arrive souvent tard, surtout pour les expositions temporaires. Et un livret peut mobiliser jusqu’à huit métiers différents », explique Dorothée. Rédaction, illustration, mise en page, direction artistique, recherche historique… chaque étape compte.
Elle ajoute :
« La médiation culturelle jeune public est encore nouvelle au Cambodge. Les acteurs ne mesurent pas toujours le temps et les compétences nécessaires, mais l’intérêt augmente réellement. »
Ces projets offrent aussi des opportunités aux illustrateurs cambodgiens : pour certains, un complément de revenu à leur activité de designer en agence ; pour d’autres, un ajout précieux à leur portfolio d’artistes indépendants.
Un paysage éditorial en mouvement
Le marché du livre jeunesse au Cambodge évolue rapidement.
« J’ai vu naître de nouvelles maisons d’édition, comme Avatar, qui ont trouvé leur public. La National Book Fair reste un événement incontournable, avec des milliers de visiteurs et plus de 300 éditeurs », observe Dorothée.
Kroojchmar y participera une nouvelle fois en décembre prochain, comme chaque année.
Et maintenant ?
L’avenir de Kroojchmar s’ouvre largement. L’équipe aimerait collaborer avec le Musée national, le jardin botanique de Siem Reap ou toute autre institution culturelle locale souhaitant rendre son contenu accessible aux enfants.

Le livret de visite jeune public de l’exposition temporaire “Intro the light” de Sosoro, visible jusqu'à février 2026
Si ce type de projets vous intéresse, contactez-les ! https://kroojchmarmagazine.com/
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