En visite officielle au Cambodge du 19 au 24 novembre 2025, Georges Siffredi, président du Département des Hauts-de-Seine, conduit une délégation pour suivre l’avancée des programmes de coopération mis en œuvre depuis plus de dix ans avec la province de Siem Reap. Cette coopération, centrée sur l’agroécologie, la nutrition et le renforcement des filières maraîchères locales, constitue l’un des partenariats les plus durables noués par une collectivité française en Asie du Sud-Est.


Une coopération qui s’inscrit dans la durée
Depuis 2009, le Département des Hauts-de-Seine accompagne les producteurs agricoles de Siem Reap à travers un soutien continu aux ONG Agrisud International et le GRET. Cette coopération s’est traduite par des résultats concrets : plus de 4 700 agriculteurs accompagnés, dix coopératives et une association structurées, une augmentation notable du prix de vente des légumes (+75 %) et une progression importante du revenu mensuel moyen des familles pratiquant le maraîchage.
« Nous intervenons dans la durée et permettons aux paysans d’acquérir un savoir, de se nourrir correctement, puis de vendre leur production », souligne Georges Siffredi lors d’une interview qu’il a accordée au Petit Journal.
Cette stratégie repose sur un principe : accompagner les agriculteurs dans la maîtrise de techniques agroécologiques, dans la diversification des cultures et dans la structuration de circuits courts, particulièrement à destination du secteur touristique de Siem Reap, où la demande en fruits et légumes locaux reste largement supérieure à l’offre.
Pourquoi un département français agit-il au Cambodge ?
Ce projet a été rendu possible dans le cadre de la coopération décentralisée prévue par la loi. Il constitue aux yeux de Georges Siffredi un volet essentiel des missions de solidarité des collectivités.
« Une des vocations premières d’un département, ce sont les solidarités. Nous le faisons pour nos concitoyens, mais aussi dans des pays où la pauvreté reste forte. Nous n’agissons que dans quatre pays, tous francophones : Haïti, le Bénin, l’Arménie et le Cambodge, toujours dans le domaine agricole », précise-t-il.
Le choix du Cambodge s’est imposé après des études menées dès 2009 : fort potentiel agricole, ONG déjà implantées, volonté locale de développer les filières maraîchères et ancrage francophone facilitant les échanges. La première convention de coopération a été signée en 2013 et renouvelée à quatre reprises, la dernière couvrant la période 2025-2029.
Un modèle reposant sur les ONG et la formation
La méthode altoséquanaise repose sur un partenariat étroit avec les ONG spécialisées.
« Nous ne finançons pas directement les villages ou les agriculteurs. Nous passons par les ONG, qui ont des relais locaux et les compétences nécessaires. Notre soutien est financier, bien sûr, mais aussi humain : il s’agit surtout de formation et d’accompagnement », explique Georges Siffredi.
Dans les villages, ce sont des animateurs cambodgiens, formés par les ONG, qui assurent le suivi technique, l’appui aux coopératives, la fabrication de biofertilisants et l’amélioration des pratiques culturales. Cette approche a permis aux producteurs de passer progressivement de la monoculture du riz à une agriculture plus diversifiée, résiliente et respectueuse de l’environnement.

Le projet TETARD : une nouvelle étape structurante
L’année 2025 marque un tournant important avec le lancement du projet TETARD, pour « Territoires engagés dans la transition agroécologique, la résilience et une alimentation durable », cofinancé par l’Agence française de développement.
« Grâce à l’AFD, nous doublons notre capacité d’intervention : nous pourrons investir 3 millions d’euros sur trois ans », se félicite Georges Siffredi.
Le projet TETARD vise à élaborer une véritable stratégie alimentaire territoriale pour Siem Reap. Une dizaine de commissions thématiques réuniront agriculteurs, autorités locales, acteurs économiques et experts, afin d’orienter les choix de production, de nutrition et de gouvernance alimentaire.
Particularité du programme : il inclut un principe de réciprocité, obligeant également les Hauts-de-Seine à renforcer leurs actions locales de sensibilisation aux enjeux alimentaires, notamment auprès de la jeunesse dans le département.
Le financement permet aussi de créer un poste de coordination sur place, recruté par le Département, pour assurer un lien permanent entre les ONG, les autorités locales et la collectivité française.
Une visite tournée vers le terrain
La visite officielle alterne rencontres institutionnelles et visites de terrain. À Phnom Penh, la délégation doit rencontrer le ministre de l’Agriculture ainsi que l’ambassadeur de France. Elle se rend ensuite à Siem Reap pour plusieurs jours de travail consacrés au projet TETARD, aux coopératives maraîchères, au marché hebdomadaire de produits locaux et à la station de traitement des boues de vidange.
Pour Georges Siffredi, ces déplacements ne relèvent pas du protocole : « Nous ne venons pas en touristes. Il est normal de vérifier concrètement comment évoluent les projets, de rencontrer les agriculteurs et de mesurer les progrès accomplis ».
Un partenariat désormais reconnu comme modèle
Après plus de dix ans de coopération, le partenariat entre les Hauts-de-Seine et Siem Reap s’impose comme l’un des programmes les plus solides de coopération décentralisée en matière agricole. Il est aujourd’hui cité comme un modèle reproductible, associant acteurs institutionnels, ONG, producteurs, entreprises touristiques et bailleurs internationaux.
« L’action menée ici a permis des résultats significatifs en matière de transition agroécologique, d’amélioration de la qualité des productions, d’autonomisation des petits producteurs et de structuration de circuits courts », résume Georges Siffredi.
Le nouveau cycle 2025-2029 va renforcer encore cette dynamique, avec l’ambition de faire de Siem Reap une province pilote en matière d’alimentation durable.
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