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La traque est mon métier, le livre-témoignage du Colonel Eric Emeraux

colonel eric emerauxcolonel eric emeraux
Florian Garcia Gendarmerie Nationale
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 10 septembre 2020

Dans un monde tristement marqué par la dérive identitaire, le Colonel de Gendarmerie Eric Emeraux décrit son quotidien pour traduire en justice ceux qui ont commis l’innommable. Son Livre La traque est mon métier est un signal à tous les génocidaires du monde en entier : la justice ne vous oubliera pas. Nous l'avons rencontré.

Endosser la tenue de camouflage du citoyen modèle…

« Il vit près de chez vous. C’est peut-être votre boulanger, votre médecin ou votre confesseur. Il a commis l’indicible dans son pays car il est l’auteur d’un des crimes fondamentaux les plus graves reconnus par la communauté internationale.Son but : échapper à la justice. Pour cela, il doit être le plus transparent possible et s’intégrer au mieux dans cette nouvelle société qui l’accueille. Bref, endosser la tenue de camouflage du citoyen modèle… »

L’homme qui parle ainsi c’est le colonel Eric Emeraux. Il était à la tête de l’Office Central de Lutte contre les Crimes contre l’Humanité (OCLCH). Auparavant, Il a passé cinq ans à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Dans ce pays où il a vu les ravages de la guerre civile sur les corps et  les esprits, il a éprouvé la difficulté du revivre ensemble faute de voir les coupables punis.

Il vient d’écrire La traque est mon métier édité chez Plon pour lever le voile et témoigner du quotidien de la trentaine d’enquêtrices et d’enquêteurs de la gendarmerie et de la police nationale qui composent cette petite unité.

Les enquêtes sont complexes

Il nous montre comment ils enquêtent.  Les cibles ? Les auteurs de crimes contre l’humanité, génocides, disparitions forcées, crimes de guerre et tortures d’Etat installés en France. Il nous propose de suivre ses pas en Bosnie-Herzégovine, au Rwanda, au Liberia, ou lors d’un conflit plus récent en Syrie…

Ces enquêtes sont complexes. Elles comportent deux volets, l’un national et l’autre dans le pays concerné. Il s’agit de remonter le temps pour comprendre ces conflits, d’analyser le contexte géopolitique et de positionner l’auteur présumé dans cette scène.

Pour chaque dossier, ce sont des heures d’analyses, de recoupements, de planques, de filatures pour aboutir enfin à des arrestations, parfois bien des années après ces crimes odieux. Ce sont aussi des témoignages qui dépassent lentendement mais qui sont nécessaires à la procédure en vue de la tenue des procès.

Comment l’homme ordinaire devient un tueur ordinaire.

Nul doute que ceux de Lejla la bosniaque, Désirée la rwandaise, Darius et Steve, les libériens ou Nazim le syrien, vous toucheront comme nous l’avons été. En outre, au travers de ces quatre situations, Il témoigne de la fragilité de l’être humain, à la fois au plan individuel mais aussi et surtout, lorsqu’il est absorbé consciemment ou inconsciemment dans des dynamiques collectives savamment orchestrées par leurs concepteurs.

Ces « entrepreneurs identitaires » s’appuient la plupart du temps sur l’ignorance, distillent la peur qu’ils transmutent en haine et qui finalement, explose en meurtres de masse. En bref, comment l’homme ordinaire devient un tueur ordinaire.

Heureusement, pour accomplir sa mission, l’OCLCH n’est pas seul. Il agit au côté de magistrats spécialisés et au cœur d’une galaxie de structures nationales, internationales, telles que l’ONU, Europol, la Cour Pénale Internationale, ou d’organisations non gouvernementale dont l’objectif est la lutte contre l’impunité.

Par leur action de justice, ils tentent de réparer les dégâts, les dévastations, les atrocités causés par des êtres humains souvent au nom d’une appartenance à une ethnie, une religion, d’une forme de nationalisme.

L’impérieuse nécessité de la lutte contre l’impunité

Il nous rappelle l’impérieuse nécessité de la lutte contre l’impunité surtout en ces temps de plus en plus troubles qui profitent de nouveau, aux mêmes marionnettistes que l’on voit fleurir ça et là. C’est la raison pour laquelle la vigilance et la lucidité doivent être de mise. Vigilance à titre collectif avant de confier les clés du temple à nos dirigeants en vérifiant leur bienveillance, bienséance et bon sens.

Lucidité à titre individuel, pour ne pas se laisser enchaîner par quiconque et particulièrement par les leaders autoproclamés qui savent utiliser les arcanes de la politique, du nationalisme ou de la religion pour atteindre leur but de pouvoir et de soumission. Ils utilisent toujours les mêmes techniques de manipulation pour parvenir à leurs fins, masquant l’intérêt particulier souvent financier derrière des rhétoriques collectives.

Face à ces crimes, l’OCLCH n’a qu’un seul but : que la justice règne face à la barbarie et que l’humanité s’impose face à la terreur. Et peu importe le temps qui a pu s’écouler car la devise de l’OCLCH est « Hora fugit, stat jus. » Le temps passe, mais la justice demeure.

 

 

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