Le Cambodge et le Vietnam sont parvenus récemment à un accord sur 6 % supplémentaires de leur frontière commune longue de 1270 kilomètres.
En 1985 les deux pays ont signé un accord pour la délimitation de leurs frontières, mais jusqu'à maintenant, ils n'ont pas encore achevé l'implantation des bornes frontalières.
Le 5 décembre 2019, le roi Norodom Sihamoni a publié un décret royal promulguant le traité frontalier supplémentaire Cambodge-Vietnam de 2019, qui reconnaissait le tracé de 84 % de la frontière.
Or, lors d'une réunion avec des Cambodgiens vivant aux États-Unis et au Canada, le 12 mai, le Premier ministre Hun Sen a déclaré que le Cambodge et le Vietnam étaient parvenus à un accord sur 6 % supplémentaires de la frontière.
La délicate démarcation de la frontière entre les deux pays
Le sujet du tracé de cette frontière empoisonne le débat politique Cambodgien depuis des décennies. Les partis de l’opposition, Sam Rainsy, en tête, accusent le gouvernement cambodgien de brader le territoire national au profit des vietnamiens.
Le point culminant de ces tensions a certainement été atteint en 2009 quand Sam Rainsy n’avait pas hésité à déplacer avec l’aide de sympathisants des bornes frontalières. Il a été condamné pour ça.
Toutefois cette question reste très présente dans les esprits
Ainsi par exemple, le rappeur Kea Sokun a été condamné en 2020 pour avoir accusé dans une de ses chanson le gouvernement d’avoir cédé des terres à son voisin. Aujourd’hui cette chanson totalise 4,6 millions de vues sur Youtube.
Le syndicaliste Rong Chhun a été emprisonné le 31 juillet 2020 pour ses prises de position sur la démarcation de la frontière entre le Cambodge et le Vietnam, avant d'être libéré sous probation le 12 novembre 2021
Rong Chhun cité par Cambodianess avait déclaré que des parcelles de terrain ont été transférées à plusieurs reprises au Vietnam, citant l'exemple de la maison d'enfance du président de l'Assemblée nationale Heng Samrin, dans la province de Tbong Khmum, qui se trouve aujourd'hui techniquement au Vietnam.
Il n’hésite pas à déclarer qu'au regard de l'histoire, le Kampuchea Krom, qui désigne la région du delta inférieur du Mékong actuellement située au Vietnam, devrait faire partie du territoire cambodgien, comme c'était le cas avant le protectorat français.
Le gouvernement cambodgien se défend de céder des terres au Vietnam
Le chef du gouvernement cambodgien a dit que certaines personnes l'avaient accusé de vendre le territoire cambodgien au Vietnam, mais qu’en fait, le gouvernement royal déploie tous les efforts pour protéger la nation et le territoire.
Parlant de lui à la troisième personne, il s’est interrogé :
Si Hun Sen vend nos terres, pourquoi devons-nous négocier et régler les problèmes frontaliers ?
Mme Koy Pisey, vice-présidente du comité des affaires frontalières, a indiqué que les progrès réalisés dans la ligne de démarcation concernaient les provinces de Mondulkiri, Ratanakiri, Svay Rieng, Takeo et Tbong Khmum.
Le succès de la démarcation de la frontière contribue à créer des conditions favorables au développement socio-économique le long de la frontière, encourageant le commerce et les échanges amicaux entre les peuples des deux pays
Il ne reste donc plus que 10% de cette frontière à délimiter précisément. Ce sont certainement les portions qui posent le plus de difficultés. Le problème n’est donc pas complètement résolu, et risque de ressurgir dans le débat intérieur cambodgien.