Le Corona a fermé les frontières. Du coup, certains routards se sont retrouvés coincés dans tel ou tel pays. Population qui fait partie de notre univers sans jamais qu’on ne se croise vraiment, ils vivent le monde d’une manière qui leur appartient.
Amélie fait partie de ceux-là. Cette jeune française de 28 ans qui ne connaissait rien du Cambodge il y a deux ans, a dû s’y sédentariser, au moins provisoirement. Lepetitjournal.com est allé à sa rencontre pour savoir ce qu’elle retire de cette expérience.
Bonjour Amélie, pourriez-vous vous présenter ?
Je viens de Lyon. J’ai fait des études de Sciences Politiques en France, en Allemagne et en Angleterre. J’ai toujours eu la bougeotte. J’aime vivre à l’étranger, changer de paysage, apprendre des langues, découvrir les cultures et l’histoire des pays et des gens pour comprendre l’histoire du monde et l’évolution de l’humanité. Je suis spirituelle, mais à ma sauce. Souvent qualifiée de « folle » et inadaptée au mode de vie à la française, mon rêve a toujours été de parcourir le monde, vivre des aventures et faire des rencontres, d’être mon propre patron et de mener mes projets au fil des opportunités et des rencontres. Étiquetée comme « cheffe de projet » au vu de mes études, je suis caméraman et monteuse vidéo. Je fais aussi des photos de paysages avec mon drone. Ma compagnie de vidéos s’appelle Why Not Creation. Je suis aussi prof de français en ligne via le site Preply, j’ai des cours tous les jours avec des gens du monde entier à qui j’enseigne le français et qui me raconte leur histoire et leurs expériences. J’ai aussi un blog, je fais de la communication, parfois je suis barman, j’ai déjà été guide, bref je fais tout ce qui est possible et imaginable qui se trouve sur mon chemin. Mais ma passion c’est la voile, je rêve de parcourir le monde en voilier, de faire des reportages sur tout ce que je vois sur tous les continents et sur toutes les îles des océans.
Qu’est-ce-qui vous a amené au Cambodge ?
En août 2019, j’envoie tout balader (à nouveau), Paris, mon job, l’appart, mon copain de l’époque et je décide de partir sur les routes d’Europe de l’Est seule en camping. Au cours des 9000 kilomètres que je parcours en 2 mois, je réalise qu’en mars prochain j’aurai 27 ans. Je fais alors un pacte avec moi-même « : pour mon anniv, je serai à Angkor Wat », je ne sais même pas encore que c’est au Cambodge à l’époque. Tout ce que je sais c’est que je veux voir les temples asiatiques avec les arbres dessus. Finalement suite à un séjour en Turquie en octobre 2019, je décide de migrer en Asie pour une durée indéterminée en commençant par la Thaïlande puis débarque au Cambodge en mars 2020 le jour de mon anniv. La folie Covid fait fuir les touristes et backpackers qui rentrent à la maison. Ayant les temples pour moi et étant en plein dans ma semaine d’anniversaire, rester au Cambodge m'apparaît comme une évidence. Je ressens le stress des autres autour de moi, ce qui m’amène à me demander aussi si je ne devrais pas rentrer en France, mais je sais que je dois rester, c’est écrit. Finalement je traverse le pays de Siem Reap à Sihanoukville pour prendre le bateau direction Koh Rong. Je rencontre 2 volontaires dans le bateau, je les suis dans leur hôtel et j’arrive au Reef on The Beach où je trouverai de nombreux amis avec qui j’ai passé des mois sur l’île, à Kampot et en road trip autour du pays. Je raconte cette expérience unique et cette période très spéciale qui changera ma vie et ma philosophie à jamais sur mon blog dans l’article que j’ai intitulé « confession d’une coronée » (Confession of a covidette, in English)
Qu’avez vous appris de cette expérience ?
Cette expérience m’a appris qu’il ne faut pas lutter contre le destin et que si on suit ses rêves le meilleur nous attend et qu’en revanche en se laissant diriger par ses peurs alors la vie est morose et faite de regrets. Cette expérience m’a également permis de révéler le potentiel qui sommeillait en moi. A Paris, pensant ne jamais être assez bonne ou forte pour survivre et « devenir quelqu’un » c’est-à-dire me réaliser personnellement au travers de projets, je trouve en voyage une énergie démesurée avec la chance très souvent à mes côtés. En France je souffrais beaucoup de la solitude et du manque de rencontre. Tout le monde se ressemblait, avait la même mentalité, le même mode de vie, la même perception de la réalité qui ne me correspondait pas. Après un an au Cambodge, j’ai plus d’amis ici qu’en France et j’ai rencontré des gens qui m’ont beaucoup apporté voir qui ont changé ma vie en partageant avec moi leur vision, leur foi, leur lumière, leur expérience, et aussi en me conseillant et en m’encourageant. Enfin cette expérience m’a appris que si on est bon, serein et généreux, alors le destin se chargera du reste que tout ira bien et qu’en revanche lorsqu’on a des comportements, réactions ou pensées négatives et qu’on essaye de tout contrôler, les choses ont plutôt tendance à s’empirer. Avant j’avais peur qu’on me vole mes idées, à présent je sais que les meilleures opportunités de ma vie m’ont été données par ceux avec qui je les ai partagé avec sérénité. J’ai appris à m’ouvrir et à faire confiance aux autres et aux évènements.
Pourquoi entretenez-vous un blog ?
Initialement, j'ai commencé ce blog pour partager mes bons plans, pour visiter le Mexique, avec mes amis et à ma famille et car je voulais capitaliser les infos que j’avais sur ce pays que j’ai visité plus d’une dizaine de fois. J’ai ensuite écrit un article recensant les adresses et conseils pratiques sur la Thaïlande. Ensuite j'ai commencé à vouloir écrire sur les personnes que je rencontrais sur mon chemin et sur leurs expériences car ils ont souvent des trajectoires de vie hors du commun et que je souhaite partager ça pour encourager les gens à sortir de leur routine ou de leurs normes pour vivre une vie différente, qui leur ressemble et qui mène souvent à une existence plus heureuse. Je souhaite capitaliser les nombreuses histoires inspirantes qui méritent d’être partagées. Communiquer sur les « citoyens du monde » qui font ce monde et qui n’ont rien à voir avec les personnes médiatisées qu’on voit en boucle dans les médias.
D’un point de vue business, je souhaite arriver à avoir assez de trafic pour pouvoir recevoir une contrepartie financière de la part des hôtels, restaurants et acteurs mentionnés Je souhaite faire de mes vidéos et de mes sites internet ma source de revenus principale afin de pouvoir vivre en voyageant et d’avoir assez d’argent pour supporter mes projets et ceux des personnes rencontrées sur la route.
Que voulez transmettre / dire aux gens suite à cette expérience ?
Je veux leur dire que dans la vie tout est possible mais rien n’est facile. Il faut suivre son intuition et refouler ses peurs pour avancer. Quand on voyage on se rend compte de tous les modes de vie, croyances et relations humaines qui existent sur terre au même moment sur la même planète que nous. Cela fait réfléchir, on se dit que notre liberté est totale et que les possibilités sont plus diverses que ce qu’on avait imaginé. Surtout pour nous occidentaux, qui suivons un « métro boulot dodo » pensant qu’il n’y a pas d’alternative. En réalité, en s’ouvrant, en s’informant différemment et en voyant tout ce qu’il se passe aux 4 coins du monde, on comprend alors que tout est vraiment possible et qu’on peut choisir sa vie, son mode de vie, ses priorités, ses convictions, etc. On est libre. La plupart des gens savent qu’ils sont libres mais se mettent des barrières : la famille, le travail, l’argent, les crédits, les diplômes, le ou la compagne, etc. Dans la vie il n’y a pas de problème que des solutions. Que veux-tu faire ? Fais-le, c’est tout. Parfois ça prend du temps à se mettre en place mais ça en vaut la peine. Si l’argent est le problème qui nous empêche de faire les choses alors il n’y a pas de problème déjà on peut vivre sans argent et en plus on peut se faire de l’argent de nombreuses manières. Notre potentiel et nos ressources sont illimitées. Il faut juste savoir ce qu’on veut et le faire.
Aussi, j’ai perdu mon amie Natalia à Kâmpôt dans un accident de la route mardi 27 avril, je voudrais lui rendre hommage. Cette jeune femme extraordinaire vivait ses rêves en suivant son intuition. De cette manière, elle a inspiré beaucoup de personnes et continue de le faire à travers sa mémoire. Elle transmettait beaucoup en étant une personne généreuse qui n’attendait rien en retour, toujours positive et avec une énergie débordante. A travers le yoga et la danse qu’elle enseignait, elle partageait avec les autres un mode de vie fait de joie, d’imprévus, d’aventures avec une générosité absolue envers tout le monde et vivait toujours dans l’instant présent. Un exemple à suivre pour vivre une existence heureuse.
Adieu mon ange.
Amélie a la foi qui habite la jeunesse. Forte de son expérience, elle en tire des règles de vie. Et c’est bien ainsi, la jeunesse a soif d’idéal. C’est à ça qu’on la reconnaît, dirait Mc Arthur.