Édition internationale

De chasseur à protecteur : un Kraol du Mondulkiri s’engage pour la nature

Un ancien chasseur Kraol de Mondulkiri s’est transformé en défenseur de la biodiversité, grâce au projet REDD+ et à l’engagement de sa communauté.

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photo AKP
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 22 août 2025

À l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, NatureLife Cambodia a mis en lumière l’histoire de Met Lay, membre de l’ethnie Kraol dans la province de Mondulkiri. Ancien chasseur, ce père de famille de 37 ans est devenu un défenseur actif de la protection de la faune et des ressources naturelles.

Les Kraols

Les Kraol sont un peuple autochtone vivant principalement à la frontière des provinces de Kratié et de Mondolkiri, le long de la rivière Krieng. Leur histoire récente a été marquée par de lourdes épreuves : bombardements durant la guerre du Vietnam, travail forcé sur la piste Ho Chi Minh, déplacements sous le régime khmer rouge et destruction de leur principal village, Srie Chi, à la fin des années 1980.

Aujourd’hui, les Kraol vivent surtout de l’agriculture et de l’élevage bovin. Le riz constitue leur culture principale et les bovins sont vendus chaque année aux Khmers. Les enfants bénéficient d’un enseignement élémentaire, mais l’accès à l’éducation reste limité et irrégulier.

Bien que se déclarant officiellement bouddhistes, les Kraol conservent des pratiques animistes. Ils organisent chaque année des sacrifices collectifs de buffles ou de bovins, et recourent régulièrement à des offrandes de volailles ou de porcs pour apaiser les esprits. La langue kraol, apparentée au t’moan mais distincte, reste utilisée au quotidien, même si la majorité parle également le khmer.

Du piégeage à la protection

Installé dans le village de Rovak, situé dans le sanctuaire de faune de Lomphat, Met Lay a longtemps vécu de la chasse et de la collecte de produits forestiers, selon les traditions ancestrales de son peuple. Mais depuis 2023, il a choisi une autre voie.
« Avant de rejoindre le comité, je posais des pièges et je mangeais de la viande de brousse, conformément aux coutumes indigènes. Aujourd’hui, j’ai cessé de consommer des animaux sauvages et je travaille à leur protection pour l’avenir de ma communauté », explique-t-il.

 

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Photo AKP

 

Le projet REDD+ de Rovak

Le village de Rovak a été intégré au projet REDD+ du sanctuaire de Lomphat en raison de sa situation géographique, de la présence de la communauté Kraol et de sa dépendance aux ressources forestières. Les habitants eux-mêmes ont demandé la création d’un comité de protection.
Depuis, plusieurs initiatives ont vu le jour : plan de gestion des ressources naturelles, patrouilles régulières, programme « Wildlife Rescue Rice » qui associe conservation et production de riz, restauration de zones humides et suivi de la biodiversité.

Un rôle moteur dans la communauté

Élu en 2023 au sein du comité communautaire de protection de Rovak, Met Lay a remplacé ses pièges par des téléphones et des appareils photo pour documenter la faune. Pour lui, la forêt et les animaux sauvages sont essentiels à la vie des peuples autochtones : ils apportent nourriture, moyens de subsistance et protection face au changement climatique. Son souhait est que les générations futures puissent continuer à vivre aux côtés des espèces sauvages du Cambodge.

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