Dans son parcours Siem Reapois, Mme l’ambassadrice est allée visiter une école maternelle créée par Educating Similing Children, une petite ONG tenue par un Franco-Suisse Christian Michel.
Lepetitjournal vous propose de découvrir cet homme humble, discret et efficace.
J’ai découvert le Cambodge, nous dit-il, en 1974 alors que je travaillais pour la Croix-Rouge. Elle y employait 400 personnes à l'époque. Phnom Penh était déjà encerclée. J'allais en saut de puce en hélicoptère à Battambang. Nous tâchions de réunir des familles séparées par la guerre ou à tout le moins de leur faire passer des messages et nos équipes médicales soignaient les blessés.
Après avoir obtenu une licence en science Eco à Genève, j'ai travaillé pour la Croix-Rouge en 1971. Ma première mission, je l’ai effectuée au Bangladesh, alors en guerre avec l’Inde.
J’ai travaillé ensuite pendant 20 ans au Ministère de l’éducation à Genève. Je crois que c’est cette combinaison entre Croix-Rouge et ministère de l’Éducation qui m’a amené, au moment de la retraite, à ouvrir des écoles au Cambodge.
Je suis revenu dans le royaume en 2005 en vacances à Kep.
Il y avait là-bas une toute petite école au bord de la mer qui abritait une dizaine d’élèves.
C’était quatre murs ouverts à tous vents qui ne protégeaient même pas les élèves de la pluie. Elle était tenue par un unijambiste. L'année suivante, une tempête l'avait balayée.
Le chef du village m' expliqua que les enfants devaient parcourir plusieurs kilomètres pour aller dans une véritable école. Qu’il y avait des besoins ici, mais pas de moyens.
L’association est née de là. De cette volonté d’améliorer l’existant. Nous avons toujours gardé depuis cette façon de travailler en relation avec les autorités locales et le ministère de l’Éducation.
Si nous pressentons un besoin à un endroit – nous sommes surtout actifs à Siem Reap et à Kep - nous allons toujours voir le chef de village pour connaître ses véritables besoins. Ainsi, nous sommes sûrs de l’utilité de notre action. Nos écoles ne sont d’ailleurs pas des écoles privées, mais des écoles communautaires gratuites. Le programme que nous dispensons est celui des écoles cambodgiennes. Les profs ont toujours été recrutés avec le ministère de l’éducation qui nous envoie les CV .
Nous n’avons pas vocation à prendre racine au Cambodge. Mon but est de redonner au ministère de l’Éducation les classes que nous avons créées.
Pour revenir à notre école de Kep, au bout d’un an et demi, nous avions construit une école avec trois salles de classes, nous dispensions des cours pour les niveaux pour les six degrés du primaire. Soit environs 200 élèves. Nous avons eu jusqu’à 300 élèves quand nous avons monté les maternelles.
L’association est montée ainsi en puissance jusqu’à compter 1500 élèves répartis entre Kep et Siem Reap et elle a donné naissance à sa petite sœur « Latrines sans frontière ». Aussi trivial que ça puisse paraître, l’accès à l’eau et à des toilettes peut être un problème. Nous avons ainsi équipé de toilettes, de puits et/ou de douches des écoles bien sûr, mais aussi des villages, une pagode, et même un commissariat de police.
Dés le début, j’ai eu la chance d’avoir une équipe de donateurs suisses qui m’a suivi. Depuis une quinzaine d'année, cette équipe composée de Fondations et de particuliers, est restée stable . J’ai toujours adapté nos projets aux dons que je recevais. Ainsi, je n’ai jamais couru après l’argent. En une quinzaine d’années, nous avons dépensé plus d’un million de dollars au Cambodge. Le budget annuel actuel de l’ association tourne autour de 60 000 $ dont la moitié environs sert aux salaires des professeurs.
Petit à petit, nous redonnons au gouvernement la gestion de nos écoles puisqu'il construit de plus en plus de bâtiments scolaires . Nous ne gérons plus maintenant qu'une classe de danse, deux classes pour des moines dans une pagode, neuf jardins d’enfants et quatre computer-centers répartis sur Kep et Siem Reap. Il y a en effet, dans le programme cambodgiens des niveaux 7, 8 et 9, deux heures d’informatique prévues. Mais les écoles n'ont pas encore toutes les moyens de les assurer. Nous fournissons alors locaux, professeurs et matériels pour que les cours soient dispensés.
Educating Smiling Children sponsorise également cette année les études universitaires de 3 étudiants méritants..
L’avenir pour nous, consiste toujours à offrir un soutient là où là où les autorités nous le demandent, mais sans nous éterniser, sachant que la responsabilité des écoles publiques appartient uniquement au Gouvernement.
Nous laissons Christian en le félécitant pour le travail admirable qu'il a accompli depuis quinze ans. L'homme a toujours beaucoup d'idées en tête. Nous le retrouverons certainement sur d'autres projets dans les années à venir.