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Les petites fleurs brisées du Cambodge

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 24 mai 2022, mis à jour le 25 mai 2022

Christian Guth est un ancien policier français. En poste à Phnom Penh dans les années 90, il a mis en place, en partenariat avec l'UNICEF, l'ONG World Vision et le ministère cambodgien de l’Intérieur, le projet de lutte contre la pédo-criminalité dans le pays. Il témoigne de son expérience dans un livre bouleversant.

 

Olivier Jeandel, fondateur de la librairie « Les carnets d’Asie » à Phnom Penh, nous en dresse la recension.

 

Christian Guth aura bien mérité de nous tous. Car il aborde un de ces sujets sensibles que nous  maintenons à distance tant il perturbe le fragile équilibre sur lequel repose notre quiétude satisfaite : les abus sexuels sur les enfants et leur exploitation qui fait honte à notre humanité, et qui fera notamment honte aux occidentaux dont aux français : l’arrogance et l’impunité de certains pédophiles couverts par la représentation française de l’époque sidéreront les lecteurs d’aujourd’hui… Eloignant ainsi notre attention dans le temps, Christian Guth évoque les années 90 et 2000 qui furent celles de l’action collective qu’il a conduite pour contrer, à la mesure des moyens dont son équipe disposait, ce fléau pour le Royaume : un temps que les moins de vingt ans de résidence au Cambodge n’ont pas connu, des temps autrement difficiles et exaltants, souvenirs et postures d’expats anciens combattants qui ont de quoi « raser » les nouveaux arrivants préoccupés de trouver leur niche dans le développement à deux chiffres du Cambodge de ces dix dernières années.

 

Mais, précisément, la position tout en équilibre de l’auteur évite bien des écueils et cette lecture sera pleine d’enseignements pour un large public : pas de jugement à l’emporte-pièce de la part d’un grand flic pragmatique préoccupé par les résultats et les avancées de sa politique et non par les postures morales : les Cambodgiens des années 90/2000 avaient toutes les bonnes et mauvaises raisons de considérer que le sujet n’était pas prioritaire pour leur pays, à peine soulagé en 1998 du spectre de la guerre civile et aussitôt immergé dans le chantier de la reconstruction générale, mais « en même temps » il ternissait son image internationale et jetait une lumière crue sur les tares d’une société qui n’arrivait pas à extirper ses traumatismes et les abus humains de toutes sortes : le chapitre 6 est un modèle d’intelligence développée par l’équipe cambodgienne du super flic Guth pour inciter les élites à passer à l’action contre certains Okhna se considérant comme intouchables :

 

Il a été compris au plus haut niveau que rien n’est plus honorable et plus digne que de protéger les enfants de ces trafics et de ces crimes, quitte à être obligé de reconnaître d’humiliants travers de la société cambodgienne.

Si « Les petites fleurs brisées du Cambodge» demeure un livre consacré aux souffrances de ces enfants et de leurs familles si tant de cas poignants de vie détruites nous assombrissent sans que jamais l’auteur ne verse dans le pathos et le voyeurisme, le livre est aussi porté sur l’espoir et la « résilience » par l’évocation de certaines existences malgré tout reconstruites. L’éthique de l’action du policier face à tant de malheurs et d’injustices est une leçon pour nous tous : le combat face au mal est désespérant, mais il convient de persévérer car toute victoire est exemplaire, contribuant à alléger notre malheur commun, et ces quelques cas victorieux feront à coup sûr partie des souvenirs que vous conserverez de cette lecture indispensable.

 

Olivier Jeandel

 

Le livre est disponible à la librairie les Carnets d’Asie à Phnom Penh et dans toutes les bonnes librairies de France, de Suisse, de Belgique et du Canada

 

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