Toujours curieux, toujours avide de nouvelles rencontres, Louis Scotti nous dresse ici le portrait d’un homme hors du commun qui vient de s’installer au Cambodge depuis quelques temps.
Lors de mon dernier séjour à Kampot, je rencontre Benjamin Bobon, gérant atypique d'un bar où je décide de prendre un verre. Je m'installe à sa table et nous commençons à discuter. Son histoire est loin d'être ordinaire, et cela attise ma curiosité.
Coup de chance sa maman, qui n'était pas venue depuis le COVID, est présente. C'est elle sans doute la mieux placée pour raconter l'histoire de son fils. Elle s'appelle Lulia, elle est née en Bulgarie en 1943. Sa mère était dentiste et son père avocat, elle avait 18 ans quand ses parents décident de l'envoyer en Belgique où un de ses oncles fait des affaires. Nous sommes en 1961 et dans quelques semaines le mur de Berlin l’isolera de son pays pour de nombreuses années.
En Belgique elle suit des études à l'Académie Royale et devient architecte. Elle rencontre Jacques Bobon, et Benjamin naîtra de leur union en 1977.Ils se rendent vite compte que quelque chose ne va pas chez Benjamin. Sa grand-mère, qui est du milieu médical, conseille de le faire examiner par un neurologue. Rendez-vous est pris à Londres, le diagnostic tombe : maladie de Wernig Hoffmann. Cette maladie condamne l’enfant au fauteuil roulant pour sa vie entière. 2 ans plus tard une petite sœur naîtra et sera malheureusement atteinte de la même maladie mais à un stade plus virulent, elle décèdera en 1990.
Son père atteint d'un cancer, décède aussi alors que Benjamin n’a que13 ans. Lulia et Benjamin se retrouvent seuls, Mais au lieu de se lamenter, cette maman d’acier emmène Benjamin voir le monde. Direction les USA… Le goût du voyage est délicieux. La scolarité de Benjamin se passe à l’école publique, c'est un bon élève mais il n’est pas très intéressé par les études. S'il est voué à une certaine prison physique à perpétuité dans son fauteuil roulant, dans sa tête c'est un homme d'action et il va le prouver.
Vers 14 ans il a droit à sa première sortie mais sa déception est bien plus grande que sa réjouissance. Lulia se souvient :
Maman, ok je ne peux pas danser alors je vais faire danser les gens.
C’est ainsi qu’il commence sa carrière dans l’événementiel et le monde de la nuit. DJ, animateur, sonorisateur, éclairagiste, lasériste, organisateur, manager de clubs, promoteur de spectacles et j’en oublie….
Sa carrière évolue puisqu’en quelques années de DJ, il est amené à travailler avec quelques artistes internationaux que nous connaissons tous comme David Guetta ou Simple Minds.
Mais ce n’est pas tout …
Pour lui l’ordinateur est l’outil idéal, et ses parents l’ont bien compris. Benjamin en possède un depuis son plus jeune âge, c’est naturellement qu’il fonde une société pour vendre des produits informatiques et à la demande de certains de ses clients il crée des sites internet ; certains avec une belle envergure.
Il se dit ensuite que ce qu’il fait pour les autres il pourrait le faire pour lui, il créera donc plusieurs sites dont un site de rencontre “Nice people” qui deviendra numéro un en Belgique. Il a une idée pour la création d'un réseau social, mais il veut aller le présenter lui-même à la Silicon Valley, petit problème il ne parle pas Anglais… qu'à cela ne tienne, il engage une anglaise à temps plein pour qu'elle lui apprenne sa langue rapidement.
« La présentation n'est pas un succès mais au moins je parle bien anglais « rires ». confie-t-il.
A cette époque il gagne très bien sa vie, il a 6 employés qui travaillent dans le garage de la maison de sa maman et il assouvi autant qu’il peut ses envies de voyager de par le monde et son besoin de se sentir vivant. Il fera de nombreux voyages, accompagné de sa copine de l’époque, en prenant soin de diversifier les styles. Des palaces de Las Vegas aux bidonvilles de Cuba, des chutes d’Iguaçu au désert du Sahara, des excès à Ibiza aux temples Bouddhistes, il aura touché le sol d’une quarantaine de pays. Voyager en fauteuil roulant n’est pas chose simple en général et encore moins lorsque l’on déteste les circuits organisés. Il a pimenté ses voyages de toutes expériences possibles humaines et extrêmes pour lui comme la plongée, les sports moteurs et aériens.
38 ans, âge de raison ?
Un médicament pouvant arrêter l’évolution de la maladie de Benjamin arrive sur le marché, il se rend donc chez un spécialiste, ce qu’il n’avait plus fait depuis l'âge de 16 ans. Son constat et son conseil sont sans équivoque : « Benjamin j’ai environ 2000 patients et aucun n’a atteint ton âge, continue de vivre ta vie et ne vient plus me voir »
Merci docteur. Il était temps pour Benjamin de vivre une seconde vie. il vend toutes ses activités et réfléchis à son avenir. Le climat de la Belgique ne lui convient plus, il pense à la Thaïlande qu’il connait, il y passe quelques mois et décide que ce ne sera pas là, puis il envisage les Philippines mais c'est l'époque où les attentats islamistes sont fréquents et finalement il se rabattra sur le Cambodge. Il y rencontre Srey My qui donnera le jour à la petite Robyn qui a 2 ans et demi aujourd’hui.
A la base, l’idée était de se la couler douce à Kampot. Pour s’occuper il ouvre un château gonflable puis un petit Luna Park avec des jeux en 3D et enfin une discothèque qui est un échec. Il ouvre enfin un bar de nuit qui rencontre le succès. Aujourd’hui il a décidé de quitter Kampot pour Phnom Penh afin d’offrir à sa fille une scolarité de qualité.
N’étant pas à court d’idée il débarque dans la capitale avec des lasers et lance “Laser Cambodia” société spécialisée dans le laser d’animation et le laser publicitaire. Il a déjà équipé deux nightclubs et réalisé quelques prestations publicitaires et des spectacles.
Il souhaite vulgariser et démocratiser les systèmes lasers au Cambodge et surtout développer l’affichage publicitaire laser. Selon lui c’est moins cher, plus mobile et surtout très attractif en tant que marketing, étant un nouveau format média. Il offre aussi ses services pour équiper en son et lumière les établissements de nuits.
J’aimerais ajouter quelques phrases clés que j’ai entendu de Benjamin :
La magie s’opère hors de la zone de confort.
Si tu n’essayes pas tu ne sauras jamais.
Fais ce que tu aimes pour ne pas devoir travailler.
On ne vit qu’une fois.
Cette rencontre m'a conforté dans l'idée que quoi qu'il arrive dans la vie, le mental est un élément déterminant.
Pour contacter Benjamin Bobon : 088 678 5905 Lasercambodia@gmail.com
Louis Scotti