Se lever au milieu de la nuit pour être sur la route au lever du jour, concourir à pied, à vélo et en canoë tout en découvrant des villages et des paysages qui n'étaient peut-être pas si différents il y a quelques siècles : telle fut la routine des 276 femmes occidentales qui ont participé au Raid des Amazones dans la province de Siem Reap, du 15 au 20 mars 2024.
Début du Raid
Au matin du 15 mars, elles se sont réveillées, alors que la plupart des gens dormaient encore. Vêtues de T-shirts orange foncé et de shorts noirs, elles se sont rassemblées joyeusement à la porte ouest du Ta Prohm, un temple du parc archéologique d'Angkor, point de départ des six jours de sport et d'aventure qu'elles allaient vivre.
Les participantes étaient munies de lampes de poche pour s'identifier les unes les autres, tandis que les organisateurs de l'événement s'affairaient à mettre en place la scène pour les accueillir et que les médias attendaient le lever du soleil pour prendre des photos et commencer à couvrir la première journée d'activités. Au bout d’une trentaine de minutes, des milliers de cigales ont commencé à chanter bruyamment, comme elles le font habituellement au lever du soleil, leur son se mêlant à la musique entraînante qui était jouée pour encourager les athlètes qui attendaient de franchir la porte et de pénétrer dans la jungle autour du temple. Les sons de la nature et de la musique étaient ce dont les participantes avaient besoin pour se réveiller complètement et faire le plein d'énergie.
Vers 6 heures du matin, alors que les couleurs commençaient à peindre le ciel au lever du soleil, elles ont été appelées à tour de rôle et, en un rien de temps, toutes ont disparu dans la jungle. Cette première épreuve consistait à courir 15 kilomètres parmi les temples du parc d'Angkor : de Ta Prohm à Prasat Bei, en passant par Takeo, Ta Nei, Preah Khan, les temples d'Angkor Thom ainsi que la porte de la Victoire, la porte des Morts et la porte de Tonle Om.
Christelle Illes, l'une des participantes venues de France, a déclaré qu'elle avait participé à de nombreux marathons pour se préparer à ce Raid.
“C'était mon rêve de participer à cette compétition et le fait d'être accompagnée de mes deux filles rend l'événement encore plus spécial”, a-t-elle expliqué. "C'est un moment pour notre famille. En France, nous avons notre travail et nos enfants. Mais ici, c'est notre moment.”
En cette première matinée de compétition, des groupes de journalistes et de photographes attendaient à l'extérieur que les participantes terminent le circuit. Trois heures plus tard, les dernières compétitrices ont atteint la ligne d'arrivée et se sont préparées pour la prochaine épreuve. Épuisées mais de bonne humeur, elles sont montées dans les bus pour se rendre aux activités culturelles prévues dans l'après-midi.
Raid des Amazones : bien plus que du sport
Sous un soleil de plomb, les participantes ont été réparties en groupes d'une dizaine de personnes. Outre les compétitions, le programme comprenait des activités destinées à leur faire découvrir la culture du pays.
Ainsi, le premier jour, elles ont distribué du matériel scolaire aux élèves des écoles primaires de la campagne et ont appris à moudre les grains de riz. On leur a également servi des nouilles collantes traditionnelles khmères fraîchement préparées. Tout cela avait pour but de faire découvrir à ces femmes d'Australie, de Belgique, de France, d'Amérique du Nord, de Suisse, de Turquie et du Royaume-Uni la vie des Cambodgiens dans les zones rurales.
Comme l'a expliqué Tea Kaliane, participante franco-cambodgienne, ces visites lui ont fait prendre conscience de la patience et de la fierté qu'implique la préparation de plats traditionnels. Sous le soleil du soir donnant aux rizières un aspect jaunâtre, les participantes de ce premier jour ont appris comment récolter le riz, ce que certaines d'entre elles ont décrit comme une scène inoubliable.
Elles ont également pu s'essayer à la cuisine cambodgienne, au tir à l'arc, particulièrement populaire dans la province de Siem Reap, découvrir des objets artisanaux uniques à base de fleurs de lotus et déguster du thé au lotus. Elles ont également visité l'hôpital pour enfants Jayavarman VII (hôpital Kantha Bopha III) dans la province de Siem Reap.
Défis, travail d'équipe et souvenirs uniques
Le 16 mars, deuxième jour du Raid des Amazones, les participantes ont voyagé pendant environ une heure jusqu'au village flottant de Kampong Khleang, situé sur les plaines inondables du lac Tonle Sap. Le défi consistait à parcourir 15 kilomètres sur la rivière à bord de canoës. Une centaine de canoës jaunes avaient été préparés. Peu après 6 heures du matin, les femmes armées de rames ont couru chercher leurs canoës prévus pour deux ou trois personnes.
Les canoës jaunes et les rameuses en gilets de sauvetage oranges ont créé une scène inédite sur la large rivière qui coule entre les pilotis en bois de 10 mètres de haut, d'où les habitants regardaient la course. Le parcours n'était pas aussi simple que prévu et certains canoës tourbillonnaient tandis que d'autres avançaient rapidement. Les rameuses ont été accueillies par les habitants, des personnes de tout âge les saluant au passage, ce qui leur a fait oublier leur épuisement.
Environ trois heures plus tard, les canoës ont commencé à arriver, un par un, sur la ligne d’arrivée où des écoliers et des habitants de la région les attendaient pour les féliciter. Certaines participantes ont retrouvé le sourire, d'autres pleuraient. Quelques concurrentes se sont effondrées d'épuisement et ont eu besoin d'aide pour marcher jusqu'à la rive. Cependant, leur fatigue s'est estompée lorsque la musique a commencé. Les participantes du Raid des Amazones ont rapidement dansé avec les enfants.
Un groupe de trois rameuses françaises a déclaré avoir fait du canoë-kayak un nombre incalculable de fois en France, mais cette fois-ci, l'expérience a été unique en raison des sourires et de l'accueil chaleureux des habitants le long de la rivière.
Le 17 mars, les athlètes du Raid des Amazones ont relevé un autre défi. Il s'agissait d'une course à vélo de 21,5 kilomètres qui s'est déroulée entre la route nationale 6, près de l'ancien aéroport international de Siem Reap, et la pagode Phnom Krom, le long d'un étroit chemin de terre.
Les participantes étaient réparties en équipes de deux, une femme à vélo et l'autre à pied. Elles ont longé des maisons, des rizières, les temples du Phnom Krom, et ont eu l'occasion d'observer la vie quotidienne des habitants de ces régions.
Sur le chemin, elles ont croisé des femmes âgées du village qui allaient dans la direction opposée, vêtues de blouses blanches et de jupes traditionnelles. Celles-ci se rendaient à la pagode à bicyclettes, et ce fut comme si deux mondes se rencontraient, le vélo comme dénominateur commun. Ce fut un moment particulier, et les femmes occidentales et cambodgiennes se sont souri.
“La course a été exigeante”, ont déclaré Stéphanie et Mélanie, deux concurrentes françaises. Bien qu'elles aient dû courir et faire du vélo sous un soleil de plomb, ce qui était d'autant plus épuisant qu'elles n'étaient pas habituées au climat tropical du Cambodge, elles ont déclaré que cela en valait la peine, car elles ont pu découvrir le mode de vie des habitants.
Faites une pause et partez à la chasse aux trésors !
Après trois jours d'activités physiques intenses, les participantes se sont retrouvées dans le parc d'Angkor. Elles portaient des jupes faites de longs morceaux de tissu oranges noués à la taille et couvrant leurs jambes par respect pour les ancêtres des Cambodgiens qui ont construit ces temples sous l'empire angkorien.
Lors de la visite de la cité d'Angkor Thom, de la Terrasse des Eléphants, du temple d'Angkor Wat et du Bayon, les compétitrices ont dû répondre à des questions sur la culture et l'histoire du Cambodge. Ce fut l’occasion pour elles de visiter le célèbre site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et d'en apprendre davantage sur l'histoire, l'architecture et la tradition bouddhiste du pays.
Les participantes ont été réparties en équipes et ont visité les temples à leur rythme, en se munissant d'un livre sur le Cambodge pour les aider à trouver les réponses. Elles pouvaient également demander de l'aide aux guides touristiques.
Victoires et larmes pour les derniers jours
La chaleur et la poussière ont marqué le cinquième jour du défi, au cours duquel les participantes ont pris part à une course de 38 kilomètres en VTT depuis la forêt de Teuk Chob Khnar Po jusqu'au temple du XIe siècle de Chau Srei Vibol.
Une danse traditionnelle de bénédiction a été exécutée par des élèves de l'école primaire pour les accueillir à la ligne d'arrivée. Certaines femmes se sont assises sur le sol pour se mettre à la hauteur des enfants et mieux observer leur performance ou discuter avec elles.
Le Raid Amazones s'est terminé le 20 mars par une course de 10 kilomètres dans et autour d'Angkor Thom. Les athlètes sont parties du temple Bayon et ont sprinté vers le sud le long des murs d'Angkor Thom en direction du temple Bei.
En franchissant la ligne d'arrivée, la plupart d'entre elles ont éclaté en sanglots de joie pour toutes les nuits blanches, le pédalage, la course à travers les villages et la traversée à la rame sur le Tonle Sap. Certaines d'entre elles se sont effondrées après six jours d'activité intense. Beaucoup se sont serrées dans les bras les unes des autres, arborant toutes un sourire de victoire.
Toutes les candidates ont reçu une médaille pour avoir terminé la compétition, certaines d'entre elles étant trop émues pour parler, ayant vécu une expérience unique dans leur vie en participant à une compétition sportive exigeante dans un pays d'Asie du Sud-Est.
Patricia Rossetti, l'une des participantes, a déclaré qu'elle s’estimait chanceuse d’avoir rencontré des Cambodgiens et qu'elle prévoyait de visiter d'autres régions du pays avant de rentrer chez elle.
Pays d'Asie du Sud-Est et climat tropical : les préférences des Européens
“À partir d'octobre et jusqu'en avril, voire mai, les pays d'Europe connaissent des températures froides dans leurs pays. C'est donc la meilleure période pour organiser les Raid des Amazones dans des pays au climat tropical et à la culture riche, comme le Cambodge”, a expliqué Alexandre Debanne, fondateur du Raid des Amazones.
"Nous aimons l'Asie", a-t-il affirmé,"c'est la partie du monde que les Européens préfèrent pour voyager en raison de la nature, de la culture et du bouddhisme, une religion de paix.”
Selon Alexandre Debanne, les Européens se plaignent souvent de leur vie agitée et épuisante. Ainsi, leur voyage au Cambodge et dans d'autres pays de la région leur donne l'occasion de découvrir la vie dans certaines zones rurales où les enfants ont toujours le sourire aux lèvres."Des événements tels que le Raid des Amazones peuvent les aider à mieux apprécier le monde dans lequel ils vivent", a-t-il ajouté.
Grâce au programme de la compétition, qui s'est déroulée au Cambodge pour la quatrième fois, cet événement de six jours permet aux participantes, regroupées en équipes de deux ou trois membres, de renforcer leur esprit d'équipe, leur solidarité, tout en prenant part à des activités qui contribuent à la protection de l’environnement, des ressources naturelles et des habitants de la région.
En plus d'aider à promouvoir la culture et l'histoire du Cambodge, et le pays en tant que destination touristique, le Raid Amazones a également contribué à des activités caritatives telles que l'association française A Chacun son Everest qui apporte son soutien aux enfants, adolescents et femmes qui luttent contre le cancer.
Au cours de cet événement, les participantes ont connu l'excitation et l'épuisement, le rire et parfois les larmes, ainsi que de grands moments de solidarité, faisant de cet événement un souvenir très spécial qu'elles n'oublieront pas de si tôt.
Qui ne voudrait pas vivre une telle expérience ?
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.