Une vaste campagne de vaccination canine menée par WVS et les autorités cambodgiennes marque un tournant dans la lutte contre la rage, tandis que l’Institut Pasteur poursuit ses recherches et son action préventive.


Entre le 20 et le 31 octobre 2025, 221 391 chiens ont été vaccinés contre la rage dans les provinces de Phnom Penh, Kandal et Battambang. Cette campagne, organisée par la fondation britannique Worldwide Veterinary Service (WVS) en partenariat avec la Direction générale de la santé et de la production animale (GDAHP), s’inscrit dans le plan national de lutte contre la rage 2023-2030.
Selon WVS, plus de 750 personnes, dont 250 étudiants vétérinaires cambodgiens et 50 volontaires internationaux, ont participé à cette opération. En parallèle, 640 000 élèves ont bénéficié d’un programme éducatif sur la prévention de la maladie.
« Nos équipes sont allées de porte en porte, souvent sous une chaleur écrasante, pour atteindre chaque chien possible », a déclaré Luke Gamble, fondateur et directeur de WVS, cité par Cambodianess.
Une maladie encore mortelle, mais évitable
La rage, transmise dans plus de 99 % des cas par la morsure d’un chien infecté, reste quasiment toujours mortelle une fois que les symptômes apparaissent. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 400 000 personnes sont mordues chaque année au Cambodge.
Ainsi fin octobre, une femme de 66 ans est morte de la rage à Battambang après avoir été mordue dans le district de Maung Russey, rapportait le Women’s Media Center of Cambodia. Les autorités locales ont confirmé la présence du virus chez plusieurs animaux et appelé les habitants à la prudence.
L’Institut Pasteur en première ligne
L’Institut Pasteur du Cambodge (IPC) demeure l’acteur clé du dispositif national. Ses trois centres de traitement — à Phnom Penh, Battambang et Kampong Cham — accueillent plus de 60 000 patients par an. Le Dr Yiksing Peng, responsable du service vaccination, rappelle que « la rage est 100 % mortelle, mais 100 % évitable si l’on agit à temps ».
En 2018, l’IPC a révolutionné le protocole mondial de traitement post-exposition, en démontrant que trois visites en une semaine suffisaient à assurer une protection complète. Ce schéma, désormais reconnu par l’OMS, est appelé protocole de l’Institut Pasteur du Cambodge.
Cependant, la couverture vaccinale reste insuffisante : « Beaucoup de victimes ne consultent pas, faute de moyens ou de sensibilisation, et meurent sans être recensées », déplore le Dr Ly Sowath, directeur adjoint de l’IPC.
De nouvelles études pour renforcer la prévention
En juin dernier, l’IPC a lancé deux études d’envergure : VIRAGE, soutenue par l’Ambassade de France, évalue la perception et l’accès à la prophylaxie post-exposition ; et RACSMEI, financée par la fondation Wellcome Trust et l’AFD, analyse les interactions entre santé humaine, animale et environnementale dans une approche One Health.
Une mobilisation nationale et internationale
Les campagnes de WVS et les travaux de l’Institut Pasteur illustrent une synergie croissante entre ONG, institutions locales et partenaires étrangers. Les autorités cambodgiennes espèrent atteindre, d’ici 2030, une couverture vaccinale canine de 70 %, seuil nécessaire pour éliminer durablement la rage.
« En unissant nos efforts, nous pouvons rendre le Cambodge exempt de rage », affirme WVS.
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