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Amnesty International réagit aux expulsions des habitants du site d’Angkor

L'Autorité pour la Protection du Site et l'Aménagement de la Région d'Angkor (APSARA) a répondu à la tribune d’Amnesty International concernant les centaines expulsions de familles cambodgiennes qui vivaient autour d’Angkor Vat.

RUN TA EK village - 17 janvier 2023RUN TA EK village - 17 janvier 2023
Un camion militaire transporte les biens d'une famille déplacée à Run Ta Ek
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 15 septembre 2023

En fin de l’année dernière, l'UNESCO s’était inquiétée de la prolifération des habitations dans le site d’Angkor classé au patrimoine mondial. Dès lors, le gouvernement cambodgien de l’époque avait pris des mesures pour en réduire le nombre. Des petits commerces et de petits restaurants qui bordaient certains temples, notamment celui d’Angkor Wat, furent rasés, les habitants invités à se déplacer vers le village de Run Ta Ek a 25 kilomètres de là. 

Amnesty International réclame que le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, se réunissant à Riyad du 10 au 25 septembre, discute de ce qu’elle qualifie « d’expulsions massives ».  

Montse Ferrer, directrice régionale adjointe de la recherche d'Amnesty, a déclaré que le comité "ne doit pas ignorer que le gouvernement cambodgien est en train d'expulser 10 000 familles autour d'Angkor Vat, ce qui équivaut à des expulsions forcées massives au nom de la conservation, comme le montrent les résultats préliminaires de nos recherches". Elle poursuit en précisant que leurs travaux n’ont pas permis de déceler qui, selon les lois cambodgiennes, avait légalement le droit d’habiter dans cette zone.

«  De nombreuses personnes contraintes de partir nous ont dit que leurs familles vivaient à Angkor depuis des générations » précise-t-elle.

 

Des expulsions anticipées

 

L’autorité APSARA a déclaré que les expulsions avaient été discutées par le Comité International de Coordination (CIC-Angkor) en décembre de l'année dernière et à nouveau en juin 2023. L’occupation de ces terres par les familles est jugée illégale car elles appartiennent à l’Etat.

Des réunions quadripartites entre le CIC-Angkor, la France, le Japon et l’UNESCO permettent de discuter des projets et travaux en lien avec le site d’Angkor. Le CIC-Angkor coordonne l'aide des pays et des organisations pour protéger et développer le site archéologique d'Angkor.

 

L’autorité APSARA gère les constructions du parc d’Angkor

 

L'autorité APSARA qui assure la durabilité du site d’Angkor a déclaré qu'elle envoyait régulièrement des rapports au Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Elle a également indiqué qu'Amnesty avait demandé une interview via Zoom au sujet de la réinstallation de personnes dans le village naturel de Run Ta Ek et que leur avait été proposé de directement venir sur le site afin de recevoir les informations de manière plus efficace.

Depuis la création du groupe de travail chargé de résoudre les problèmes de constructions illégales et de terrains dans la région d'Angkor, l'autorité est chargée de gérer et de prévenir l'occupation illégale des terrains. Elle a déclaré à Cambodianess qu’elle disposait de deux zones hautement protégées dans le parc archéologique d'Angkor et qu'elles étaient toutes deux la propriété de l'État.

Pour l’autorité APSARA : « l'extension des constructions illégales avait atteint un niveau alarmant sur le site ».  L’expulsion des familles est présentée comme nécessaire pour préserver l’authenticité du site.

On peut se demander toutefois comment de telles constructions jugées illégales ont été possibles quand on sait la surveillance étroite qu'exerçait l’autorité APSARA sur le site. Il était impossible de construire une maison, un commerce ou même un poulailler sans que l’autorité APSARA donne son aval. 

 

Expulser et réinstaller les familles en dehors du parc d’Angkor

 

APSARA a ajouté que la réinstallation avait commencé au cours du précédent mandat de Hun Sen et se poursuit aujourd’hui sous le gouvernement de Hun Manet. Le travail réinstallation  consiste à donner aux familles une terre et une protection sociale pendant 10 ans sur une zone de développement dotée d'infrastructures, d'électricité, d'eau potable, d'écoles communautaires, d'hôpitaux, de marchés, de pagodes et d'un centre de services publics dans le district de Banteay Srey.

 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

 

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