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Les Restaurants des Enfants, de l’humanité pour les enfants des rues

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Des enfants mangent dans un des locaux des Restaurants des Enfants. Photo fournie
Écrit par Virginie Vallée
Publié le 22 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019

Créés en février 2010, les Restaurants des Enfants nourrissent chaque jour entre 250 et 300 enfants pauvres de Phnom Penh.

Recréer une vie de famille pour les enfants des rues au Cambodge. C’est la promesse des Restaurants des Enfants, une association créée en février 2010 par le Cambodgien Chhiv Ngauv et le Français Yves Jacquin Depeyre, où les enfants peuvent se rendre de 7h à 12h et où les bénévoles tentent de recréer une vie de famille. Outre la nourriture fournie quotidiennement, en contrepartie d’une inscription à l’école, les enfants peuvent prendre une douche, faire leur devoirs, jouer, lire et écrire. Les plus grands aident à la préparation des repas alors que les plus jeunes n’ont qu’à s’amuser comme devraient le faire tous les enfants. L’association offre même une sorte de ramassage scolaire par des tuktuks pour ceux qui habitent trop loin et ainsi leur éviter de marcher en pleine chaleur. Une ou deux fois par mois environ des médecins volontaires offrent des consultations médicales aux enfants.

« Il est important de redonner une humanité aux enfants qu’ils perdent lorsqu’ils sont dans la rue, explique Chhiv Ngauv, le directeur des Restaurants des Enfants. Ce sont des humains mais quand ils mendient, les gens ne les voient que comme des voleurs. Avant tout ce sont des enfants otages de leurs parents dont ils doivent s’occuper. Très peu sont orphelins. Beaucoup ont des parents qui n’assument pas ce rôle pour des raisons de santé ou de chômage, et qui utilisent les enfants pour rapporter de quoi nourrir la famille ». De nombreux enfants qui fréquentent l’association sont mendiants, chiffonniers ou petits vendeurs de rue.

Partis du constat que beaucoup d’enfants se retrouvaient à mendier dans les rues de Phnom Penh au lieu d’être à l’école, Chhiv Ngauv et Yves Jacquin Depeyre, déjà actifs dans le milieu associatif, ont eu l’idée de créer les Restaurants Des Enfants sur le modèle des Restaurants du Cœur en France. Le but premier de l’association, contrairement à ce qu’indique son nom n’est pas de nourrir les enfants mais de les scolariser. « Le restaurant est un prétexte pour faire venir les enfants, notre but est de les envoyer à l’école pour qu’ils apprennent à lire et à écrire et puissent trouver un travail et avoir une vie meilleure », indique Chhiv Ngauv.

Le premier frein à cette démarche est les parents qui ne voient pas l’intérêt à long terme de scolariser les enfants, et refusent que les enfants ne rapportent plus d’argent à la maison. Pour compenser cette perte, l’association offre de la nourriture aux familles, qui s’engagent à laisser leurs enfants aller à l’école. L’association a par ailleurs fourni des tuktuks à plusieurs familles afin que des parents puissent travailler et laisser leurs enfants à l’école.

Plus de 500 000 repas distribués depuis 2010

L’association fonctionne grâce aux dons, dont 60% proviennent de Cambodgiens sur le principe d’une banque alimentaire. Le fonctionnement quotidien nécessite environ 250 dollars par jour. La municipalité fournit les locaux et des volontaires venant du monde entier participent au fonctionnement de l’association, souvent pour des missions de deux semaines. Les Restaurants Des Enfants se sont progressivement développés en périphérie de Phnom Penh mais aussi dans les provinces de Kandal et Kampong Speu.

Dans un village situé au-delà du pont japonais, l’association n’a pas ouvert de restaurant mais fournit environ 500 kg de riz par mois à une cinquantaine d’enfants et leurs familles, après avoir rencontré la directrice de l’école et s’être assurés que les enfants s’y rendaient régulièrement. C’est Sreykeo, 16 ans, ancienne bénéficiaire des Restaurants des enfants, qui gère cette zone. Dans un anglais impeccable, elle raconte : « j’ai rapidement entendu parlé Des Restaurants des Enfants par d’autres enfants et je suis venue aussitôt, dès le début en 2010. Je n’allais pas à l’école et j’avais faim. Aujourd’hui j’ai pu bénéficier d’une scolarité normale, je suis au lycée et souhaite devenir guide touristique. Il est normal pour moi d’aider à mon tour l’association car j’ai reçu beaucoup et c’est ma façon de dire merci  ». Il en est de même pour Sreymech, 20 ans, qui a bénéficié de l’aide de l’association dès 2012. Aujourd’hui étudiante et bénévole, elle vante la qualité des repas proposés : « poulet au gingembre, bœuf, porc, nouilles cambodgiennes, nouilles chinoises... le menu change tous les jours, et le pain est offert par une chaîne de boulangeries  », énumère-t-elle.

Chhiv Ngauv note une légère diminution du nombre d’enfants qui viennent quotidiennement au centre ces dernières années, qui peut être attribuée aux efforts de distribution de nourriture aux familles qui envoyaient jusqu’ici leurs enfants dans les rues.

Les dons peuvent être déposés du lundi au samedi de 9h à 12h aux Restaurants des Enfants rue 113 à Phnom Penh.

 

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virginievallee
Publié le 22 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019

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