Treize Philippines ont été reconnues coupables de trafic d’êtres humains au Cambodge pour avoir agi comme mères porteuses dans un réseau qui vendait des bébés à des clients étrangers. Leur procès s’est déroulé les 28 et 29 novembre, et le verdict a été rendu lundi. Le tribunal provincial de Kandal a annoncé que les accusées ont été condamnées à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour des faits de vente, d'achat ou d'échange de personnes dans le cadre de transferts transfrontaliers.
Une Cambodgienne, employée comme femme de ménage et cuisinière pour ces mères porteuses, a également été condamnée à deux mois et un jour de prison pour ne pas avoir signalé ce crime aux autorités.
Des conditions particulières pour les accusées
Les autorités ont affirmé que les femmes, actuellement détenues dans un hôpital de police en périphérie de Phnom Penh, n’entameront pas leur peine de prison avant d’avoir accouché. Le tribunal a confirmé leur droit de faire appel, mais n’a pas précisé combien d’entre elles étaient encore enceintes ni ce qu’il adviendrait des enfants après leur naissance.
Une pratique controversée et transnationale
Les pays en développement sont devenus des destinations prisées pour les services de gestation pour autrui, en raison de coûts nettement inférieurs à ceux des pays comme les États-Unis ou l’Australie, où ces services peuvent atteindre 150 000 dollars. Cette affaire est cependant atypique, car les femmes restent généralement dans leur pays d’origine.
Les autorités ont révélé que l’entreprise à l’origine du recrutement était basée en Thaïlande, responsable également de leur logement et de leur nourriture au Cambodge.
Les femmes avaient été arrêtées fin septembre lors d’un raid dans une villa de la province de Kandal, où se trouvaient également 20 Philippins et quatre Vietnamiens. Onze femmes qui n’étaient pas enceintes ont été expulsées. Quant aux treize accusées, elles ont été inculpées en vertu d’une loi cambodgienne révisée en 2016 pour interdire la gestation pour autrui à but lucratif, après que le Cambodge soit devenu une destination privilégiée pour les étrangers à la recherche de services de gestation pour autrui.
En 2017, un tribunal cambodgien avait déjà condamné une Australienne et deux complices cambodgiens à un an et demi de prison pour de tels faits.
Accusées de trafic d’êtres humains, onze mères porteuses cambodgiennes avaient été libérées le 15 mai 2019 avec la promesse de ne pas vendre les enfants dont elles allaient accoucher.