Suite à la fermeture des casinos en ligne et de la crise du COVID, environ 1100 chantiers de construction à Sihanoukville sont au point mort en raison du départ des investisseurs chinois.
Le boom des investissements chinois à Sihanoukville
Nulle part dans le pays, une ville n’a autant changé que Sihanoukville entre 2013 et 2019. Dopés par des investissements pharaoniques, des immeubles gigantesques sortaient du sol à chaque coin de rue. On construisait partout et pas toujours légalement comme l’a démontré le terrible accident du 22 juin 2019 où un immeuble en construction s’effondrait emportant 25 ouvriers cambodgiens dans la mort.
Les hôtels et les casinos fleurissaient. Selon le ministère cambodgien de l'économie et des finances, le royaume comptait 98 casinos à la fin de l'année 2017 et 150 en 2018. Hélas si cela faisait le bonheur des cambodgiens possédant des terrains, un rapport de l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime publié en juillet 2019, pointe les casinos cambodgiens comme des lieux propices à la contrebande d’argent liquide et au blanchiment d’argent provenant du crime organisé.
Le premier ministre avait, le 18 août 2019 interdit les jeux d’argent en ligne, mettant un coup d’arrêt brutal à cette activité qui avait permis à quelque 100 000 ressortissants chinois de s’établir à Sihanoukville, selon les estimations de la police cambodgienne à l’époque.
Si l’économie cambodgienne continue à dépendre des jeux d’argent en ligne, la sécurité nationale du Cambodge sera menacée. (…) Nous serons à la merci de groupes criminels organisés qui viendront au Cambodge pour mener leurs activités.
a déclaré le Premier ministre Hun Sen durant un discours prononcé fin décembre 2019 lors du festival de la mer à Kampot.
Des chantiers qui n’avancent plus, des prix qui s’effondrent
Maintenant, environ 1100 chantiers de construction à Sihanoukville sont au point mort en raison du départ des investisseurs chinois, résultant de la fermeture des casinos en ligne et de la crise COVID. La plupart des parcelles appartiennent à des Cambodgiens, qui les ont louées à des investisseurs chinois.
Cambodianess cite le cas de Mme Chan Ana qui loue son terrain pour que des Chinois y construisent un bâtiment de 11 étages regroupant un hôtel de 100 chambres et un casino. Elle s’inquiète de voir sur sa propriété un bâtiment non fini. Évidemment le prix de la location a également baissé :
Au départ [en 2018], les Chinois payaient entre 18 000 et 20 000 dollars par mois pour louer mon terrain afin de construire le bâtiment. Mais maintenant, le prix a chuté de 70 %.
Chrek Soknim, président de l'Association cambodgienne des évaluateurs et des agents immobiliers (CVEA), a déclaré qu'actuellement, un appartement qui se louait 7000 dollars au pic de la demande ne se loue plus que 2 à 3000$ par mois.
Les autorités cambodgiennes tente de trouver des solutions
Long Dimanche, gouverneur adjoint de la province de Preah Sihanouk, affirme que les autorités s'efforcent actuellement de résoudre le problème.
Ces constructions inachevées affectent la beauté de Sihanoukville, notamment la sécurité des bâtiments et ont des conséquences économiques et sociales pour les habitants.
"En tant qu'autorité provinciale, au nom du gouvernement, nous écoutons les préoccupations et les suggestions du secteur privé, nous les prenons en considération et nous voyons si nous avons une perspective sur la façon de résoudre ce problème »
On se demande toutefois quels peuvent être les moyens dont il dispose. Peut-être qu’une amélioration se fera sentir quand les autorités chinoises lèveront les restrictions de circulation qu’elles ont mises en place contre le Covid.
Le président de CVEA pense, lui, que l'impasse dans la construction de bâtiments à Sihanoukville n'est pas seulement due au départ des Chinois, mais aussi au manque de flux d'investissements en provenance d'autres pays, notamment occidentaux. Mais Sihanouk saura-t-elle re-séduire les occidentaux qui l'avaient quittée quand elle s’était jetée dans les bras des Célestes ?