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EFI BUCAREST - Rencontre avec Marion Torres, professeure de la classe de GS et CP

Marion Torres, professeure école française Bucarest EFIMarion Torres, professeure école française Bucarest EFI
Marion TORRES
Écrit par EFI Bucarest, École Française Internationale
Publié le 12 décembre 2022, mis à jour le 10 janvier 2023

Dans le cadre de notre nouveau partenariat avec l'EFI Bucarest (Ecole Française Internationale de Bucarest), notre rédaction donne la parole aux professeurs. Aujourd'hui nous rencontrons Marion Torres, professeure de la classe de GS et CP qui revient pour nous sur la période compliquée de la pandémie et nous parle de ses méthodes éducatives avec les enfants.

 

J’utilise avant tout la pédagogie positive car mon principal objectif est de donner envie aux élèves d’aller à l’école. Je souhaite aussi leur donner l’envie d’apprendre, leur transmettre le goût de l’effort et la volonté de devenir autonomes.

 

Présentez-nous votre parcours professionnel ?

Avant de devenir professeure des écoles, j’ai suivi un Master MEEF spécialisé dans le premier degré (Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation). Pendant ces années d’étude, étant passionnée par l’apprentissage des langues précoces, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage à l’étranger afin de comparer deux systèmes éducatifs différents. J’avais le choix entre de nombreux pays (Allemagne, Canada, Etats-Unis,…) mais j’ai choisi la Roumanie car elle représentait un vrai mystère pour moi. Je ne connaissais ni sa culture, ni son système éducatif. C’est ainsi que j’ai connu Bucarest, ville pour laquelle j’ai eu immédiatement un coup de cœur. Après avoir obtenu mon diplôme et passé le concours de recrutement des professeurs des écoles, j’ai enseigné en France pendant deux ans avant de postuler à l’EFI Bucarest. J’y suis désormais professeure des écoles pour la troisième année consécutive et j’enseigne cette année dans la classe de GS-CP. Depuis la rentrée 2022, j’ai également le rôle de coordinatrice de l’école maternelle.

 

Comment se déroulent les cours à l’EFI Bucarest?

L’EFI de Bucarest est une école française homologuée par le réseau AEFE. Ainsi, nous suivons le programme officiel de l’Education Nationale française. Cependant, contrairement à une école classique en France, nous sommes également un établissement trilingue. Chaque classe a son professeur des écoles « référent », français, qui passe le plus de temps avec les élèves et qui enseigne toutes les matières. Mais les élèves ont aussi une exposition quotidienne à l’anglais (langue de communication internationale de référence) ou au roumain (langue nationale). Tous les professeurs travaillent à l’unisson afin d’offrir aux élèves un enseignement plurilingue harmonieux.

 

Sur quelle pédagogie vous appuyez-vous pour faire vos cours? Quelle méthodologie utilisez-vous dans vos classes?

J’utilise avant tout la pédagogie positive car mon principal objectif est de donner envie aux élèves d’aller à l’école. Je souhaite aussi leur donner l’envie d’apprendre, leur transmettre le goût de l’effort et la volonté de devenir autonomes. En tant qu’enseignant, notre but est que les élèves aient conscience de leurs objectifs et les réalisent pour eux-mêmes. Je souhaite que les élèves soient de véritables acteurs de leur apprentissage, et non qu’ils réalisent des tâches pour faire plaisir à leurs professeurs ou à leurs parents. L’un de mes principaux objectifs est également l’apprentissage de l’acceptation de l’erreur. En suivant tout cela, nous sommes ainsi capables de créer un environnement sécurisant pour les élèves, où ils peuvent affirmer leur personnalité et s’épanouir.

Tout cela est bien sûr très théorique. Dans les faits, en maternelle, l’enseignement passe notamment par des activités ludiques et interactives (jeux, chansons, comptines, manipulations, mises en scène, etc.). A cet âge, il est primordial d’apprendre en s’amusant.

 

Votre relation avec vos élèves a-t-elle changé suite au confinement et aux cours en ligne ?

J’ai exercé l’enseignement en ligne à l’EFI entre octobre 2020 et février 2021. A cette époque, j’enseignais en classe de PS-MS auprès d’élèves qui avaient entre 3 et 4 ans et l’objectif de cet enseignement à distance pour des élèves si jeunes était justement de maintenir le lien avec l’école. Et ce fut une réussite pour les élèves qui pouvaient participer aux différentes connexions via la webcam. Parmi les parents d’élèves de ma classe, certains d’entre eux avaient des contraintes professionnelles et familiales et leurs enfants n’ont pas pu suivre entièrement notre programme mais nos relations se sont rétablies assez rapidement à notre retour en classe au mois de février 2021.

 

A nos yeux, là où les élèves ont pris du retard, c’est d’un point de vue des compétences sociales. Nous observons encore à l’heure actuelle des élèves qui ont du mal à « vivre ensemble » et sont plutôt autocentrés. Pour pallier à cela, toute l’équipe pédagogique réalise un gros travail sur les émotions et l’usage des messages clairs pour faciliter la communication.

La pandémie a fait prendre beaucoup de retard aux enfants en Roumanie. Est-ce que vous avez remarqué cela dans vos classes aussi?

Concernant l’EFI, nous n’avons pas observé de retard significatif au niveau des compétences académiques. Nous avions un programme solidement ficelé avec un suivi des élèves très personnalisé. Bien sûr, au retour en classe au mois de février, nous avons repris chacune des compétences étudiées à distance pour vérifier qu’elles étaient bien acquises. Aujourd’hui, presque deux ans plus tard, je pense que le retard vécu à cause de la pandémie a été rattrapé.

A nos yeux, là où les élèves ont pris du retard, c’est d’un point de vue des compétences sociales. Nous observons encore à l’heure actuelle des élèves qui ont du mal à « vivre ensemble » et sont plutôt autocentrés. Pour pallier à cela, toute l’équipe pédagogique réalise un gros travail sur les émotions et l’usage des messages clairs pour faciliter la communication.

 

Est-ce que cette période de confinement a été aussi un bon moteur pour plus de créativité dans le secteur de l'éducation ?

Le secteur de l’éducation est extrêmement large. Certains n’ont pas attendu la pandémie et le confinement pour développer l’enseignement à distance. Je pense notamment à l’enseignement des langues pour adultes qui se fait depuis déjà plusieurs années.

Cependant, concernant les professeurs du premier et du second degré, je pense que le confinement nous a poussés à nous former sur l’usage des outils numériques pour l’enseignement. J’ai personnellement pu développer beaucoup de compétences dans ce domaine et appris à maîtriser certains outils que je continue à utiliser maintenant, en présentiel.

 

Enfin, quel regard portez-vous sur l'évolution de votre métier ?

Je pense que les professeurs vont devoir s’adapter à un public de plus en plus hétérogène avec des élèves à besoins spécifiques variés, et c’est une chance. L’école française est inclusive et accueille des apprenants venant de nombreux horizons et ayant différents profils. Dans ce contexte, les professeurs vont devoir développer de plus en plus de compétences concernant la différenciation et la pédagogie positive sans pour autant oublier les objectifs communs à leurs classes.

 

 

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