Alors que les coûts du logement ne cessent d’augmenter et que le nombre d’habitants explose, Airbnb est régulièrement pointé du doigt comme l’un des responsables de la crise du logement à Berlin. Un problème auquel le Sénat de Berlin compte remédier d’ici mars 2023.
Il est loin le temps ou Berlin était une ville pauvre, repère d’artistes et de protestataires, dans une ville brute, industrielle mais colorée. Victime de son succès, la capitale allemande a connu une croissance économique fulgurante, au point de devenir une capitale technologique de niveau mondial. Un développement économique qui s’est traduit par une explosion touristique et démographique (le solde migratoire est d’environ 40.000 personnes par an). Ce qui s'est avéré être une opportunité pour le développement de l’hébergement entre particuliers : en quelques années, le nombre de logements sur Airbnb a flambé au coeur de la capitale allemande. Ainsi, malgré sa grande superficie de 891 km² (plus de huit fois la taille de Paris), c’est une véritable pénurie de logements disponibles que connaît Berlin depuis plusieurs années. Si elle reste l’une des capitales européennes les plus attractives en termes de tarif immobilier, il est devenu extrêmement compliqué pour les foyers les plus modestes de se loger à l’intérieur du Ring.
Berlin, plus tellement "Pauvre mais sexy"
Les décisions du Sénat de Berlin ne sont ainsi que la suite du bras de fer entre Airbnb et les autorités publiques. Dès 2016, la ville avait en effet conditionné la location d’appartements entiers à une autorisation de la mairie de Berlin. Si cette mesure radicale avait fait grand bruit à l’époque (surtout qu’elle était accompagnée d’une plateforme permettant de dénoncer ses voisins), elle n’avait pas totalement freiné l’expansion de la plateforme américaine dans la capitale allemande. En 2018, la ville avait décidé de lâcher du lest, en autorisant les propriétaires de résidence secondaire à les louer 90 jours par an et à autoriser la location complète de la résidence principale d’un ménage (limitée à une seule pièce jusqu’alors). Depuis, les critiques se sont multipliées contre la hausse des tarifs, au point que le vote en faveur de l'expropriation des grands promoteurs immobiliers soit majoritaire lors du référendum sur le sujet en 2021 à Berlin.
Le numéro d'enregistrement doit toujours être affiché publiquement sur les offres, annonces et autres publicités de l'espace de vie, en particulier en ligne. Site d'Airbnb
Si Airbnb s’assure depuis un an que les nouvelles annonces respectent bien la législation allemande, en affichant le numéro d'enregistrement du district responsable, ce n’était pas le cas des annonces les plus anciennes. Désormais, le Sénat de Berlin a annoncé sa volonté de sévir à partir de mars 2023, en menaçant d’amende (jusqu’à 100.000 euros) ceux qui ne respecteraient pas la législation. La plateforme, tout en déplorant la lourdesse des procédures de demande du numéro d’enregistrement, a ainsi indiqué sur son site que ceux qui ne respecteraient pas la législation verraient leurs comptes désactivés à partir du 1er mars 2023.
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