Le Wall Street Journal a dévoilé en fin de semaine dernière un document classifié datant du début de l’invasion russe en Ukraine et comprenant les stratégies de l’Allemagne et de l’OTAN en cas de conflit contre la Russie.
Un document qui apporte des informations nouvelles
Bien qu’il date de plus de deux ans et demi, ce document révélé par le Wall Street Journal reste sensible : plus de 1 200 pages de prévisions et de stratégies en cas d’affrontement entre l’Allemagne et la Russie. Ces documents décrivent les routes et les modalités de déploiement de plus de 800 000 soldats de l’OTAN vers l’est du pays, ainsi que l’implication potentielle de la société civile et des entreprises privées dans la réalisation de cet objectif ce qui est particulièrement nouveau.
Le but d’un tel document ? Prévoir de nombreux scénarios, anticiper les obstacles logistiques (routes, ponts, ravitaillement) et permettre une prise de décision politique rapide en cas de crise.
Selon le Wall Street Journal, une partie des prérogatives et objectifs évoqués serait encore d’actualité, ce qui expliquerait la sensibilité de ces informations. D’autant plus que, toujours selon le journal américain, des tests, essais et manœuvres récents auraient été menés sur la base de certains éléments du plan OPLAN DEU.
Un document assumé par le gouvernement
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, évoque depuis le début du mois, et comme d’autres analystes une attaque russe sur le sol européen à l’horizon 2029. C’est pour cette raison que ce document aurait été commandé il y a plus de deux ans.
Du côté du parti du chancelier Friedrich Merz, peu de réaction se sont faites entendre, cependant l'existance de ce document tout comme une majeure partie de son contenu avait été confirmé il y a quelques mois par des responsables de l'armée allemande après une autre fuite dans un journal allemand.
Comment évaluer l’importance de cette fuite ?
Il est difficile de déterminer la nature exacte de cette fuite. Le document, qui circulait entre de nombreux ministères et intermédiaires, augmentait mécaniquement les risques de divulgation. S’il évoque des vulnérabilités potentielles dans l’acheminement des troupes de l’OTAN et les corridors de déplacement, il ne révèle rien de réellement nouveau. Rédigé il y a plus de deux ans, il est sans doute en partie dépassé, d’où la nécessité de relativiser son importance malgré son caractère confidentiel. De plus une partie des informations publiées par le Wall Street Journal avaient déjà été publiés par des journaux allemands il y a un an.
Cette affaire s’inscrit toutefois dans le contexte actuel en Allemagne, marqué par un net renforcement budgétaire et stratégique : la période pacifiste d’une armée allemande jugée « faible » appartient désormais au passé.
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