L’IVG ou interruption volontaire de grossesse est un sujet cristallisant de nombreux débats dans le monde. En Allemagne, celle-ci est dépénalisée mais il existe de nombreuses restrictions. Que faire en cas d’avortement ?
Des manifestations pro et anti-IVG : la société allemande divisée
Samedi 19 septembre à Berlin ont eu lieu des manifestations anti-avortement. En réponse à celles-ci, d’autres manifestations pro-IVG se sont déroulées également dans les rues de la capitale. L’avortement, voulu ou non, reste un enjeu crucial en Allemagne, où la législation encadrant ce dernier évolue encore aujourd’hui.
Si certains manifestants anti-avortement soulèvent des pancartes avec écrit « Stoppt den Babycaust » (en français « Arrêtez la babycaust » babycaust pour l’association entre baby et holocauste) et revendiquent le droit à la vie, d’autres manifestants pro-IVG, en majorité des femmes, souhaitent que les femmes puissent disposer de leur corps librement. Une nouvelle édition de la « Marsch für das Leben » (« Marche pour la vie ») a donc eu lieu, incluant des membres des représentants de l’Eglise catholique et évangélique allemande ainsi que des membres de la CDU du Bundestag face à des militantes féministes. Bien que ces manifestations reflètent la liberté d’expression et la vie démocratique allemande, elles sont aussi le reflet d’une société polarisée.
Par ailleurs, des Polonaises vivant en Allemagne, accompagnées par des Allemandes ont manifesté dans plusieurs grandes villes du pays ces derniers jours, comme à Munich ou encore à Berlin jeudi 29 octobre au soir. En effet, jeudi 22 octobre, le tribunal constitutionnel polonais, fortement contrôlé par le parti conservateur du PiS (Parti Droit et justice), a rendu un arrêt jugeant inconstitutionnel l’avortement dans le cas d’une malformation du fœtus ou d’une maladie incurable ou potentiellement mortelle. Or 98 % des cas d’avortements avaient lieu suite à ce cas qui s’inscrit, avec le viol, l’inceste et la menace de la santé ou de la vie de la mère, dans les quatre cas possibles pour une femme d’avorter. Cet arrêt est donc synonyme d’interdiction quasi-totale de l’IVG en Pologne.
Un enjeu ancien et toujours controversé
L’avortement continue de faire débat. Une loi adoptée en 1933 durant le gouvernement d’Hitler interdisait aux médecins pratiquant l’avortement de signaler le fait qu’ils le faisaient. Cette loi avait valu une amende de 6 000 euros à la gynécologue Kristina Hänel en octobre 2018. Devenue le symbole d’une lutte pour l’assouplissement de la loi sur l’avortement, cette gynécologue et ce qui lui est arrivé ont suscité de nombreuses protestations.
En 2019, le gouvernement allemand a donc voté l’assouplissement de la loi, autorisant les médecins a informer les Allemands sur le fait qu’ils pratiquent l’avortement. Cependant, la publicité sur l’IVG reste interdite. Selon l’article 219a, la publicité sur l’avortement est un délit passible d’une amende et jusqu’à deux ans d’emprisonnement.
Mais concrètement que faire en cas d’avortement ?
La première chose à faire serait de se rendre dans un planning familial. La liste complète des adresses se trouve sur le site officiel du planning familial.
Les plannings familiaux renvoient alors une femme souhaitant se faire avorter auprès d’un médecin pratiquant l’IVG. Notez toutefois qu’il y a une période obligatoire de trois jours entre le rendez-vous au planning familial et l’autorisation de l’avortement. Selon la loi et la paragraphe controversé 219a, ces trois jours permettraient à servir la protection de la « vie non [encore] née », d’aider la femme à prendre sa décision et de l’informer que l’enfant « non [encore] né a également un droit à la vie et que l’interruption volontaire n’est, en vertu de l’ordre juridique, envisageable que dans des situations exceptionnelles […] ».
Mais une femme souhaitant se faire avorter peut aussi se rendre dans une autre association fournissant des conseils sur la grossesse comme Pro familia ou la Croix Rouge allemande par exemple.
Le problème reste que dans certaines régions allemandes, en zone rurale, il n’y a aucun médecin pratiquant l’IVG. Il faut dans ces cas-là, aller dans une autre commune.
Pour se faire avorter légalement il faut respecter les conditions suivantes :
- L'intervention doit être demandée par la femme ;
- Celle-ci doit avoir reçu des conseils d’un centre agréé, comme le planning familial, au moins trois jours avant l’intervention ;
- L' intervention doit être pratiquée par un médecin autorisée à le faire ;
- Dans les 12 semaines à compter de la conception (sauf si la santé de la femme est en péril ou à la suite d’un crime sexuel).
De plus, l’avortement n’est remboursé que dans les deux cas suivants :
- En cas de menace pour la vie de la mère ;
- En cas de viol.
Dans le cas contraire, celui-ci peut coûter entre 300 et 400€, mais chaque Land peut décider d’accorder ou non une aide aux personnes dépourvues de revenus.
Si une femme subit une IVG illégale, c’est-à-dire ne respectant pas les critères cités plus haut, cette dernière encourt une amende ou un an d’emprisonnement et l’auteur de l’avortement une amende ou trois ans d’emprisonnement.
La loi allemande concernant l’IVG est donc encore sévère et le chemin pour la légalisation totale reste également long.