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Une commission d’enquête se penche sur les attentats de Neukölln

Officière de policeOfficière de police
© Jonas Augustin -Unsplash
Écrit par Emma Voglimacci Stephanopoli
Publié le 9 mai 2022, mis à jour le 9 mai 2022

Incendies criminels, dommages matériels, menaces... L’enquête se base sur 72 actes criminels commis entre 2016 et 2019 dans le quartier berlinois, affirme la police.

 

A Neukölln, être militant anti-fasciste, anti-raciste ou bien seulement de gauche peut être dangereux. Entre 2016 et 2019, travailler dans une ONG d’aide aux réfugiés suffisait à être une cible potentielle d’une attaque ou de menaces d’extrême droite. Durant cette période, 72 actes criminels ont été recensés par la police, mais très peu sont allés devant la justice. Le pouvoir judiciaire n’a reconnu que tardivement l’origine criminelle de ces événements, laissant les victimes sans possibilité de tourner la page, du moins jusqu'à maintenant.
 

La Chambre des représentants de Berlin a décidé de remédier à ce problème. Le 5 avril dernier, les députés ont approuvé la candidature de Florian Dörstelmann, expert en politique intérieure du SPD, à la présidence de la commission d’enquête sur la série d’attentats d’extrême droite à Neukölln. Les groupes parlementaires du SPD, des Verts, de Die Linke, de la CDU et de l'AfD ont voté en faveur de cette nomination, tandis que le FDP s'est abstenu.
 

Le travail de la commission

La commission commencera son travail à la fin des vacances, et aura accès aux dossiers du Sénat et de la police pour effectuer son travail. 

Cette dernière estime qu’il y a eu au moins 72 actes terroristes et violents, principalement entre 2016 et 2019, dont au moins 14 incendies criminels. Les victimes étaient principalement des personnes actives contre l'extrémisme de droite. Après de longues enquêtes initialement infructueuses, des accusations ont finalement été portées contre deux néonazis présumés, Sebastian T. et Tilo P. Le SPD, les Verts et Die Linke ont préparé une soixantaine de questions afin de comprendre quel a été le travail de la police, du parquet et de l'Office de protection de la Constitution dans cette affaire, afin de mettre en lumière d’éventuelles défaillances. Deux enquêteurs spéciaux employés par le Sénat avaient déjà constaté des erreurs : le caractère en série des crimes avait été décelé trop tard, et l’enquête préliminaire fermée trop rapidement. Il faut néanmoins rappeler que les incendies criminels sont particulièrement difficiles à résoudre puisque le peu de traces laissées par les auteurs sont en général détruits par les flammes.

 

La lettre ouverte des associations

En parallèle, 15 associations de Neukölln ont adressé une lettre ouverte au groupe parlementaire du SPD, des Verts et de Die Linke, afin d’être plus impliquées dans le travail de la commission. Ces associations dont Basta, l'Antifa autonome de Neukölln, Bündnis Neukölln, Inis Hufeisern gegen Rechts, Rudow empört sich ou encore le groupe de recherche Neukölln Watch, demandent que la société civile et les personnes concernées par la série d'attentats soient également associées à la commission d'enquête parlementaire. Ils demandent une enquête publique, pour avoir accès aux informations et mieux coopérer. Ils souhaitent aussi que l’enquête reste ouverte quant aux dates et aux lieux, afin de pouvoir prendre en compte des événements plus anciens et hors du quartier de Neukölln. Enfin, ils appellent à examiner la manière dont les autorités traitent les crimes de droite, notamment lorsque cela arrive dans leurs propres rangs. Ils souhaitent un éclairage dans l’affaire du complexe NSU, « Clandestinité nationale-socialiste », responsable de neuf meurtres à caractère raciste dans les années 2000 et dont l’implication de membres des forces de l’ordre est soupçonnée.  

 

 

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