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Quelle réaction de l’Allemagne face à la montée des violences d’extrême droite ?

"scheiss nazis" inscrit sur une planche "scheiss nazis" inscrit sur une planche
© Julien Cinier
Écrit par Emma Voglimacci Stephanopoli
Publié le 25 mars 2022, mis à jour le 25 mars 2022

Face à la montée des violences en Allemagne, et plus généralement en Europe, Nancy Faeser, ministre fédérale de l'Intérieur, a présenté son plan en 10 points contre la violence d’extrême droite.

 

Une situation qui se dégrade en Allemagne et en Europe

En Allemagne, 23.604 attaques ont été attribuées à l’extrême droite en 2020, un record depuis le début du recensement en 2001. Incitation à la haine raciale, agression, salut nazis, meurtre, le bilan n’a jamais été aussi préoccupant… Ces dernières années, deux événements ont particulièrement marqué les esprits des allemands. En 2019, Dr Walter Lübcke, un défenseur convaincu de la politique d’accueil des migrants d’Angela Merkel, a été assassiné par un néonazi, provoquant l’indignation générale. Un an plus tard, à Hanau, le meurtre de 9 jeunes dans un bar à chicha par un terroriste racialiste, laisse une nouvelle fois les allemands sous le choc.

 

Si la résurgence de l’extrême droite est particulièrement inquiétante en Allemagne, l’Europe tout entière est concernée. Dès 2019, l’ONU tire la sonnette d’alarme : « Les États membres sont préoccupés par la menace croissante et de plus en plus transnationale du terrorisme d'extrême droite. » Non seulement, ces groupes terroristes grossissent, mais ils établissent des connexions leur permettant de coordonner leurs actions. Selon le Global Terrorism Index 2019 de l'Institute for Economics and Peace, le nombre d'actions terroristes d'extrême droite en Occident a triplé en cinq ans.

 

En France, si dans les esprits terrorisme rime souvent avec djihadisme, le bilan concernant la montée de l’extrême droite prouve qu’une autre menace s’impose. Selon les renseignements, le risque d’attentat lié à l’ultradroite est de plus en plus élevé. « Entre 1.500 et 2.000 individus, qu’ils soient nationalistes, accélérationnistes ou néonazis, sont considérés comme potentiellement violents. » révèle France Inter en février. En conséquence, les actions en justice contre les groupes radicaux d’extrême droite se sont multipliés : dissolution de « Génération Identitaire », des « Zouaves », procès pour organisation terroriste du groupe néo-nazi « Honneur et Nation » et tentative de coup d’état de l’opération « Azur » de Rémi Daillet.

 

Rue à Berlin renomée Adolf Strasse
© Julien Cinier

 

Un plan de prévention des violences accueilli en demi-teinte

Ce mardi 15 mars, face à cette situation, l’Allemagne a voulu reprendre les choses en main. La sociale démocrate Nancy Faeser a présenté un plan en 10 points pour combattre la violence d’extrême droite. Il tourne autour de deux piliers : « la prévention et la sécurité ». La ministre « souhaite démanteler les réseaux d'extrême droite, désarmer les extrémistes de droite, lutter contre la haine en ligne, mieux protéger les élus et accompagner les victimes » explique le Frankfurter Allgemeine Zeitung. En outre, elle propose de retirer les permis de port d'arme des suspects jugés dangereux, et d'identifier les personnes violentes au sein d'institutions publiques, comme la police ou l'armée, pour mieux les combattre. Une mesure plus que nécessaire dans un pays où « environ 1.500 personnes recensées par les services de renseignement en tant qu'extrémistes de droite présumés avaient au moins un permis d'arme à feu » selon les informations du journal Tagesspiegel.

 

Si la nouvelle coalition se veut innovante en combattant le phénomène avec « la main lourde », selon les mots de Nancy Faeser, cette approche est en réalité dans la continuité du gouvernement précédent. Angela Merkel avait elle aussi mis en place un plan d’action en adoptant 89 mesures.

 

Au sein de la presse allemande, ce programme est accueilli en demi-teinte. Pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le plan n’a rien d’innovant, « avec ses dix propositions, le plan de Nancy Faeser s'inscrit dans une approche déjà connue ». Pour la presse de gauche, ce ne sont que des mots, « on ne peut plus se contenter de vaines paroles » écrit le Süddeutsche Zeitung. Enfin, pour le Tageszeitung, s’« il faut saluer toutes ces mesures », ces dernières « restent encore beaucoup trop vagues ». Le plan de la sociodémocrate n’a plus qu’à faire ses preuves, il est question de vie ou de mort.

 

 

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