Après un hiatus de 3 ans, le prix Elsie Kühn-Leitz a été attribué à deux correspondantes de renom : Michaela Wiegel et Cécile Boutelet. Ce prix, symbole de l’interdépendance démocratique en Europe, honore leur contribution remarquable au dialogue entre la France et l’Allemagne.


Créé en 1986 et décerné tous les deux ans, le prix Elsie Kühn-Leitz récompense des personnes ou des organisations qui œuvrent au renforcement des relations franco-allemandes, pilier essentiel de l’intégration européenne.
La distinction porte le nom d’Elsie Kühn-Leitz, figure engagée du rapprochement européen, et met en lumière des actions concrètes de coopération durable entre les deux pays.
De la rivalité à la réconciliation
Après des siècles de rivalité, la France et l’Allemagne ont entamé, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un chemin inédit vers la réconciliation. Du traité de l’Élysée en 1963 au traité d’Aix-la-Chapelle en 2019, leurs liens politiques, culturels et économiques se sont institutionnalisés, symbolisant une coopération exemplaire au sein de l’Europe.
À travers ce prix, cette coopération prend un visage plus humain : celui d’hommes et de femmes qui, par leur travail quotidien, favorisent la compréhension mutuelle entre les deux nations.
Deux correspondantes engagées
Cette année, le jury a choisi deux journalistes qui incarnent parfaitement cet esprit de dialogue. Michaela Wiegel, correspondante politique du Frankfurter Allgemeine Zeitung à Paris depuis 1998, s’est illustrée par ses analyses fines de la vie politique française, popularisant des termes comme « Chiraquie » ou « Macronie ».
Quant à Cécile Boutelet, correspondante économique du Monde à Berlin depuis 2010, observe les dynamiques sociales et économiques de l’Allemagne. Ancienne collaboratrice du Petit Journal et du magazine ParisBerlin, elle explore les interactions économiques entre les deux pays avec rigueur et curiosité.
Récompensées le 17 octobre lors du congrès annuel de la FAFA et de la VDFG à Nantes, les deux lauréates ont été saluées par le jury pour leur « examen critique, captivant et ouvert de leur pays partenaire ». Dans un contexte où le journalisme traverse une crise de confiance, leur intégrité professionnelle apparaît plus essentielle que jamais.
Mais alors, que vont-elles faire des 10 000 € ?
Doté de 10 000 €, le prix Elsie Kühn-Leitz invite à soutenir une initiative franco-allemande à but non lucratif. Ce sont les lauréats qui choisissent eux-mêmes la structure qu’ils souhaitent soutenir. Par exemple, avec la ville d’Avignon, lauréate du prix en 2010, l’argent a été consacré à la production d’un court métrage franco-allemand.
Cette année, Wiegel et Boutelet ont choisi de soutenir le seul et unique podcast francophone centré sur des sujets d’actualité dans le monde germanophone : Le Podkast. Réalisé par une collègue journaliste, Hélène Kohl, ce podcast dévoile et met en lumière toutes les nuances de l’Allemagne en tant que pays perçu par les étrangers — en l’occurrence, par les Français. En se plongeant dans les influences extérieures, les doutes et les colères, Kohl place son travail sous le signe d'un objectif : mieux faire l’Europe ensemble.
La dernière saison, consacrée aux élections législatives allemandes du 23 février 2025, illustre cette approche en analysant les répercussions de ces scrutins non seulement sur le climat politique allemand, mais aussi sur la démocratie européenne.
À travers ces voix journalistiques, le prix Elsie Kühn-Leitz rappelle que l’Europe se construit d’abord dans le dialogue et la compréhension mutuelle — loin des institutions, au plus près des citoyens.
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