La signature d’un « manifeste » par une centaine de membres du SPD sème le trouble au sein du paysage politique allemand. Le texte appelle notamment à une remise en question de la position vis-à-vis de la Russie et du réarmement massif présent en Europe.


« La rhétorique militaire alarmiste et les énormes programmes de réarmement ne créent pas plus de sécurité pour l’Allemagne et l’Europe, mais mènent plutôt à une déstabilisation et à une perception accrue de menace mutuelle entre l’OTAN et la Russie. »
C’est l’un des passages-clés du « manifeste » rendu public par une centaine de membres du SPD, parmi lesquels Norbert Walter-Borjans, ex-président du parti, ou Ralf Stegner, spécialiste des affaires étrangères.
Allant à l’encontre du gouvernement fédéral, mais aussi de la direction actuelle de leur propre parti, les signataires souhaitent relancer des négociations avec le Kremlin, ralentir le réarmement massif de l’Allemagne, et repenser l’objectif européen des 5% du PIB annuel en dépenses alloué à la défense, qualifié « d’irrationnel ».
Boris Pistorius, à l’encontre totale de ses camarades de parti
Dans un communiqué, le ministre de la Défense accuse le texte de nier la réalité. Selon lui, c’est exploiter le désir de paix des citoyen·nes et oublier que Poutine refuse toute négociation pacifiste. « Avec ce Poutine, on ne peut négocier que depuis une position de force ».
Sebastien Fiedler, porte-parole pour les affaires intérieures du SPD au Bundestag déclare aussi que le « manifeste », en proposant une coopération avec la Russie, renie l’offensive brutale menée contre l’Ukraine et les crimes de guerre qui s’y déroulent.
Au lendemain de la publication, Boris Pistorius s’est rendu en Ukraine pour discuter de l’état actuel de l’aide militaire allemande, quelques jours après que le chancelier Friedrich Merz (CDU) a annoncé vouloir renforcer la Bundeswehr, avec pour objectif de faire de l’armée allemande la plus puissante force conventionnelle d’Europe. Un déplacement qui montre la tension au sein du SPD, encore fragile suite aux élections anticipées de février. Le congrès prévu fin juin pour former une nouvelle direction de parti ne sera pas mené sans difficultés.
Réaction surprise de l’AfD
L’AfD, récemment qualifié de « mouvement d’extrême droite avéré » par le Bureau fédéral de protection de la Constitution, a salué la publication du manifeste, allant jusqu’à y trouver une similitude à leur propre politique étrangère.
Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous !
Pour nous suivre sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram.