Édition internationale

Désaccords au sein de la coalition sur la politique de livraisons d'armes à l'Ukraine

Lundi 26 mai, le chancelier allemand Friedrich Merz (CDU) a créé la surprise en annonçant que les livraisons d'armes à l'Ukraine par les pays occidentaux, dont l'Allemagne, ne seraient plus assorties de restrictions de portée. Une telle décision, qui avait été exclue par son prédécesseur, l'ex-chancelier Olaf Scholz (SPD), a suscité les critiques de l'aile sociale-démocrate de sa coalition.

Un lance-roquettes de la Bundeswehr en train de lancer un missile lors d'un exerciceUn lance-roquettes de la Bundeswehr en train de lancer un missile lors d'un exercice
Le lance-roquettes Mars II de la Bundeswehr fait partie des systèmes d'armes livrées par l'Allemagne à l'Ukraine © Bundeswehr/Mario Bähr
Écrit par Pénélope Le Mauguen
Publié le 28 mai 2025

Cette déclaration marque une véritable rupture dans la politique allemande de soutien militaire à l'Ukraine et a déplu à certains membres du Parti social-démocrate (SPD), partenaire de coalition de Friedrich Merz. 

Ralf Stegner, député SPD au Bundestag, a ainsi annoncé au Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND) que cette nouvelle orientation de la politique allemande de livraison d'armes à l'Ukraine était "inutile", et a dit préférer les efforts diplomatiques aux actes susceptibles d'étendre le conflit. 

Même son de cloche du côté de l'ancien chef du groupe parlementaire du SPD, Rolf Mützenich, qui a déclaré mardi matin à la radio Deutschlandfunk que l'Allemagne avait eu raison d'imposer jusqu'ici des restrictions de portée aux armes livrées à l'Ukraine.

Enfin, Lars Klingbeil (SPD), vice-chancelier et ministre fédéral des Finances, a suscité la confusion mardi en annonçant, lors d'une conférence de presse, qu'il n'existe aucun nouvel accord sur la livraison d'armes à l'Ukraine qui irait au-delà des décisions de l'ancien gouvernement.  

Concrètement, la décision n'aura pas d'impact immédiat : jusqu'à présent, les armes allemandes livrées à l'Ukraine ne dépassent pas 85 kilomètres de portée. Cela relance néanmoins la discussion sur la livraison des fameux missiles Taurus, d'une portée de 500 kilomètres et réclamés depuis longtemps par l'Ukraine.

Le sujet fait débat en Allemagne depuis plus d'un an. L'ex-chancelier Olaf Scholz y était défavorable, invoquant le soucis d'éviter une escalade avec la Russie. Le nouveau chancelier Friedrich Merz, qui avait à l'époque critiqué la position d'Olaf Scholz, maintient aujourd'hui une forme d'ambiguïté stratégique. En effet, sa déclaration semble ouvrir la porte à la livraison de missiles Taurus, mais il a également annoncé que l'Allemagne ne partagerait plus d'informations sur les armes qu'elle livre à l'Ukraine. 

 

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