A l’occasion de la nouvelle exposition temporaire proposée par le Centre Pompidou, qui présente Lucio Fontana, auteur de l'une des œuvres les plus radicales de la seconde moitié du XXe siècle, signataire de plusieurs manifestes, qui inaugure en 1947 une nouvelle voie fondée sur une conception très personnelle de l'espace nous nous sommes entretenus avec Frédéric Paul, Conservateur au centre Pompidou Paris, le Commissaire de cette exposition Fontana Recto Verso , pour qu’il nous donne sa vision sur cet immense artiste du XX ème siècle dans cette exposition unique en Espagne.
LePetitJournal : Tout d’abord, pourriez-vous nous expliquer, en tant que commissaire de cette exposition, pourquoi ce titre Recto Verso ?
Frédéric Paul, Conservateur Centre Pompidou Paris : Et bien parce que c’est un artiste qui avait vraiment beaucoup de cordes à son arc et qui avait même une façon de développer plusieurs œuvres à la fois. Recto Verso c’est aussi parce que les oeuvres les plus emblématiques sont perforées, elles traversent la toile et donc posent la question de la spacialisation de sa peinture.
Recto Verso c’et aussi l’idée que Fontana n’est pas arrivé tout seul là ou il est arrivé, car accompagné à ses débuts par des professeurs, des compagnons de route, qui sont présents dans cette exposition. C’est le cas notamment dans la première salle, qui présente un certain nombre de ses amis qui l’ont encouragé a présenter, pour la première fois, et dans les années 30, des sculptures abstraites en Italie, à un moment ou Fontana gagnait sa vie avec des commandes très officielles et donc très académiques. Cette première salle met en évidence les prémices de l’Art de Fontana, des prémices très académiques, on le voit en particulier avec Capogrossi, présent dans deux salles, une Annonciation tres classique, un peu hiératique même et puis quelques années plus tard une œuvre tout à fait exemplaire de sa façon de créer.
On parle beaucoup de Fontana, créateur du “spatialisme”, il donne dès 1949, à toutes ses oeuvres, le titre de “Concetto spatiale”; comment ce “Concept spatial” est-il visible dans ses oeuvres ?
L’oeuvre en parle littéralement. Lorsque Fontana commence à réaliser ses premiers
Dans cette dernière salle, on voit des oeuvres et des artistes, que l’on ne s’attend pas à découvrir, quels liens ont-ils avec Fontana ?
La dernière salle est surtout blanche. Il y a un tableau de Fontana de la dernière serie qu’il réalise , les Teatrini, il semble que l’artiste a la prescience de sa fin, et il se met en scène dans une série qui s’appelle Les Théâtres, et ce Teatrino a cette curieuse particularité d’être peint d’un bleu qui rappelle très fortement le bleu de Klein. Yves Klein que l’on retrouve dans la même salle avec un monochrome blanc, aux cotés de Castellani, Piero Manzoni, des artistes beaucoup plus jeunes mais qui vont non seulement être eux memes encouragés par Fontana mais, et c’est important de le signaler, vont aussi beaucoup le stimuler, c’est dans les deux sens que l’influence se joue.
Cette exposition a certainement une dimension nationale, une répercussion dans l’ensemble de l’Espagne ?
Cette exposition d’un artiste majeur de la dernière moitié du XXème siècle est la première en Espagne. L’ambition est de donner un portrait de l’artiste le plus éloquent possible, et le moins caricatural car derrière le geste qui caractérise Fontana, il y a une démarche longue, cette exposition aide à comprendre que cette démarche est nécessaire pour arriver à une sorte de quintessence de son art.