L’école française internationale de Marbella (efim) est le second établissement français de la province de Málaga. Le 14 mai prochain, cette école primaire partenaire de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) organise une journée portes-ouvertes. L’occasion d’en savoir plus sur la pédagogie innovante élaborée par ses co-fondateurs.
A l’approche du portail en fer forgé, des rires et des cris d’enfants s’élèvent. Il est 11H. Les écoliers profitent de leur récréation sous le soleil du quartier du Piruli de Marbella. Derrière les portes, vêtus de leur uniforme de sport bleu, les enfants ont presque tous un fruit à la main. « Nous voulons prôner une alimentation saine et accessible », explique Rubí Cortés, la directrice générale de l’efim. C’est donc devenu un rituel : à chaque récréation, des charriots de fruits et des bouteilles d’eau sont proposés en libre-service aux élèves.
Une alimentation saine et équilibrée à portée de mains
La santé et le bien-être des élèves, c’est le premier pilier de cette éducation innovante qu’ont souhaité mettre en place Rubí Cortés et Philippe De Carlos, les co-fondateurs de l’efim. Dans cette école primaire (maternelle et élémentaire), les repas sont 100% bio. Les enfants peuvent bénéficier d’une cuisine internationale faite localement à Marbella par un cuisinier. Au menu du jour, le chef propose : une soupe de maïs, des croquettes de poulet à l’italienne, des pâtes et une salade de fruit. A la cantine, au fil des conversations, les repas semblent faire l’unanimité chez les élèves : « J’adore ce que je mange à chaque fois ! » explique Titila. Du haut de ses 8 ans, la demoiselle n’a aucun doute : « A la cantine, il y a des choses que j’aime, comme les patates, les boulettes de viande et les yaourts. Mais ce que je préfère, c’est qu’on a un dessert surprise tous les jeudis ! » Un rituel mis en place par l’équipe pédagogique pour rompre la routine des saveurs et introduire du plaisir dans le quotidien des enfants. Restez donc discrets : cette jeune élève de CE2 aura bientôt la joie de découvrir une mousse à la framboise et un riz au lait lors de ses prochains desserts secrets. « Nous, on est vegans », confie Sandrine Gasnier, la maman de Kyle, 8 ans. « Quand j’ai vu que cette école proposait un choix de menus sans produits d’origine animale, j’ai été très agréablement surprise ! » Avant de poursuivre : « J’ai cinq enfants, alors les écoles, je connais bien… On a toujours vécu à l’étranger. J’ai travaillé au lycée français de Singapour et j’ai une bonne connaissance du système scolaire français. Mais ici, c’est différent. Les enfants sont vraiment épanouis. Mon fils dit que c’est la meilleure école du monde ! »
Le bien-être des élèves au cœur des apprentissages
« Cela fait 10 ans qu’on porte ce projet » explique Rubí Cortés, la Directrice Générale de l’efim. « Avec Philippe de Carlos, le Directeur Education de l’efim, on réfléchissait à un nouveau modèle éducatif. »
On a réfléchi à l’école idéale
« On souhaitait mettre au point une école idéale, en partant du constat que le système actuel avait des défauts qui pouvaient être corrigés. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un modèle où c’est le bien-être des enfants qui est au centre de l’éducation. »
A l’efim, une professionnelle dédiée est chargée de veiller au bien-être des enfants. Appelée happyness-coach, elle intervient tout au long de l’année pour suivre les écoliers et former les professeurs. C’est ainsi que plusieurs ateliers « bien-être » ont été mis en place. Chaque matin, avant les cours, les élèves font 7 minutes avec la méthode Félicitée qui emprunte à plusieurs approches comme le Yoga ou la sophrologie. Un moyen de se détendre mais aussi « d’augmenter la mobilité psychomotrice des enfants » explique Philippe de Carlos, le Directeur Éducation de l’efim. Après chaque récréation, les élèves font des exercices de cohérence cardiaque. Baptisés les respiroutines, ces temps de recentrage par la respiration durent environ quatre minutes. Puis, avant la sortie des classes, les écoliers participent à un « moment de gratitude » : ils sont invités à focaliser ensemble sur les aspects positifs de leur journée. Autant d’ateliers qui semblent susciter l’adhésion des élèves : « Ici, j’ai appris à gérer les conflits d’une autre manière », explique Adam, 9 ans et demi. « On essaye de ne pas taper et plutôt de se parler. On a le droit à du calme aussi, et j’aime bien ces moments de tranquillité », ajoute-t-il.
Une pédagogie hybride élaborée à partir des méthodes Montessori, Gattegno, Freinet et Feuerstein
L’efim propose un enseignement traditionnel conforme au programme de l’Éducation nationale française, sur lequel vont se combiner différentes pédagogies alternatives. Ici, tous les professeurs sont progressivement formés aux méthodes Montessori, Freinet, Gattegno ou Feuerstein. Séverine Dumas, professeur des écoles à l’efim, est ravie de faire partie de cette aventure éducative. « Cela fait 12 ans que j’enseigne et dès le début de ma carrière, j’ai utilisé des méthodes issues des pédagogies alternatives. Tous les enfants n’ont pas la même façon de rentrer dans les apprentissages. Par exemple, l’approche Montessori repose sur une éducation sensorielle alors que la méthode Freinet s’appuie plutôt sur la coopération entre les élèves. En mélangeant différentes pédagogies, on multiplie les possibilités de chaque écolier de rentrer dans les apprentissages et on évite donc de laisser des enfants de côté. » Pour Philippe de Carlos, le Directeur Education de l’efim, l’évidence est là : « C’est en hybridant les méthodes qu’on peut mieux répondre aux besoins des enfants, qui sont tous différents. »
Dans l’enseignement de l’efim, ces 4 approches pédagogiques (Montessori, Freinet, Gattegno et Feuerstein) vont donc se mélanger pour prendre plus ou moins d’importance en fonction de l’âge et du niveau des enfants.
Il faut hybrider les pédagogies pour répondre au mieux aux besoins des enfants
Un savant dosage qui s’adapte aux besoins spécifiques de chacun : apprentissage de la lecture, des mathématiques, de la grammaire, traitement des troubles « dys », éducation morale et civique etc… Une méthode qui semble séduire les élèves : « Moi j’aime tout ce que j’apprends ici. Les problèmes, les maths, les divisions », déclare tout sourire Edin, 9 ans et demi. Ryan, 6 ans, poursuit : « J’aime l’anglais, l’espagnol, le français, jouer à plein de jeux… » Il réfléchit un moment puis ajoute : « Et puis, dans cette école, les maths, c’est mieux. Avant, c’était seulement moyen » explique-t-il.
Cette pédagogie hybride a été mise au point par Philippe de Carlos, co-fondateur de l’efim et docteur en Sciences de l’éducation, après 10 ans de recherches et de formations. Rubí Cortés s’en réjouit : « On a réussi à développer une pédagogique exclusive, un modèle unique, auquel on ajoute des propositions additionnelles en fonction des retours du terrain » explique la Directrice Générale de l’efim. Ce nouveau modèle éducatif longuement mûri par Philippe de Carlos a pour but d’être dupliqué. Le Directeur Éducation de l’efim précise sa vision : « Nous souhaitons donner aux élèves les compétences pour agir dans le monde. La connaissance ne suffit pas, il faut aussi donner aux élèves des savoir-être et des savoir-faire pour apprendre à apprendre ».
Le trilinguisme omniprésent dans chaque activité
Dans les couloirs, c’est l’intercours. « Hi Travis ! » lance un élève à son professeur d’anglais, avant de saluer dans la foulée avec la même aisance par un « Bonjour ! » son professeur de français. Ce passage naturel d’une langue à l’autre, c’est l’objectif voulu par l’efim de Marbella. Dans cette école internationale, le trilinguisme français-anglais-espagnol est au cœur des apprentissages. « On respecte le cahier des charges pour homologuer un établissement français de l’étranger », explique Rubí Cortés, « mais on ne se limite pas aux 19 heures d’enseignement en langue française du programme de l’Education nationale. Nous avons mis au point un système original de co-interventions où les professeurs de langues viennent aider le professeur de français dans toutes les matières. Si bien que le trilinguisme est omniprésent ».
Chaque jour, en plus des cours de langues traditionnels du programme scolaire, deux professeurs natifs d’anglais et d’espagnol circulent dans les classes pour apporter du vocabulaire dans leur langue maternelle et insuffler du plurilinguisme là où il n’y en n’a normalement pas. Chaque activité devient le prétexte d’une rencontre avec la langue. A la cantine par exemple, le personnel parle espagnol avec les enfants. « C’est vraiment une école internationale » explique Sandrine Gasnier. « Quand je discute avec les autres parents d’élèves, on croise de nombreuses nationalités : Roumains, Espagnols, Français, Anglais » poursuit cette maman, avant de conclure : « On a tous vécu dans des endroits différents mais on a tous envie de participer à l’éducation de nos enfants. Il y a un vrai esprit familial qui se dégage de cette école. »
Grâce à l’approche Gattegno, les écoliers peuvent apprendre les langues de façon ludique avec l’aide de codes couleur qui associent les sons et leurs graphies.
En 4 mois, mon fils a appris à parler français
Cette approche sollicite toutes les mémoires (visuelle, auditive et cinétique) ce qui optimise l’assimilation. « Cela permet une économie cognitive importante pour les élèves, qu’ils soient francophones ou non » explique Philippe de Carlos. Le Directeur Éducation de l’efim précise : « Comme cette approche Gattegno est utilisée pour l’apprentissage de toutes les langues, cela donne les mêmes repères et la même mécanique aux écoliers, quelle que soit la langue enseignée. » Sandrine Gasnier, la mère de Kyle, a vu les résultats fulgurants de cette méthode sur son fils de 8 ans : « Kyle a appris à parler français en quatre mois ! Il ne connaissait pas un mot de français à son arrivée ici car même si je suis française, on ne parle qu’anglais à la maison. Aujourd’hui, Kyle parle français avec ses grands-parents. Ma mère est tellement contente ! » Avant d’ajouter : « Je suis tellement heureuse de cette école, que j’aimerais y mettre Logan, mon fils de 14 ans, mais la section collège n’existe pas encore. »
Une homologation par l’AEFE et un agrandissement aux sections collège et lycée en 2023
« Nous souhaitons maintenir au maximum la continuité pédagogique » précise Rubí Cortés, la Directrice générale de l’efim. Dans cette optique, l‘efim ouvrira une classe supplémentaire de 6e dès la rentrée de septembre 2022. Avant de s’étendre par la suite aux autres niveaux de collège et de lycée.
A la rentrée de septembre 2022, de nouvelles activités de « design thinking » seront également proposées aux élèves. Cette méthodologie, issue de la culture digitale, valorise l’expérience essai/erreur des élèves. Pour la Directrice générale de l’efim, c’est une évidence : « A une époque où l’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée dans le monde professionnel, la place de l’individu ne se fera pas seulement sur ses capacités de calcul, mais sur sa différence émotionnelle et narrative. »
Après cette première année scolaire 2021-2022, l’efim de Marbella espère la finalisation du processus de son homologation par le Ministère de l’Éducation nationale française.
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