Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 2
  • 0

Carmen de Burgos, la voix pionnière du féminisme en Espagne

En ce jour spécial, la Journée Internationale des Droits des Femmes, nous mettons à l’honneur, dans cette nouvelle série de portraits d’andalouses, une femme que l’on surnomme « Colombine » et qui n’est autre que Carmen de Burgos (1867-1932), originaire d’Almeria, journaliste, militante des droits des femmes espagnoles et membre du Parti Républicain espagnol.

Carmen de BurgosCarmen de Burgos
Carmen de Burgos (www.cervantes.es)
Écrit par Marie Lucca
Publié le 7 mars 2024, mis à jour le 6 mai 2024

Carmen de Burgos, première journaliste professionnelle

Alors rédactrice en chef du «Diario Universal » en 1906, Colombine, surnommée ainsi par Augusto Suarez de Figueroa, directeur du Diario Universal, est reconnue comme la première femme à avoir obtenu le statut de journaliste professionnelle en Espagne et dans la langue espagnole. Mariée depuis ses 16 ans, elle alterne entre son rôle de mère et de femme à haute responsabilité. En effet, elle élève seule sa fille à Madrid, où elle a du déménager après un divorce destructeur, un rôle d’autant plus difficile à assumer à cette époque-là.

Journaliste mais pas que : ses combats associatifs

En 1905, celle qui signe “Colombine” bénéficie d’une bourse, qui lui permettra d’entreprendre des études qui lui permettront d’explorer la France, l’Italie et la Suisse. De retour en Espagne, elle accède à la chaire d’économie domestique à l’Ecole des Arts et Industries de Madrid. Elle élira domicile à Tolède ensuite, une ville au centre de l’Espagne, d’où elle travaillera activement pour l’Ecole Normale Supérieure des Professeures (ayant son diplôme d’institutrice depuis 1895 et de professeure depuis 1898) de 1907 à 1909. Au début de l’année 1909, elle créera sa propre association, «L’Alianza Hispano Israelita», sous la coordination de Cansinos Assens. Parallèlement, elle consacre une part de son enseignement aux personnes sourdes-muettes et aveugles. Mais c’était sans compter sur sa participation en tant que membre très actif au sein d’une loge maçonnique. Pendant très longtemps, la femme est restée inaudible dans le monde maçonnique, avant de reprendre force au XXeme siècle. En effet, les franc-maçons ne pouvaient pas être des franc-maçonnes, c’est-à-dire des hommes nés libres, et ni esclaves, ni femmes. C’est alors que la loge Amor a été crée autour de la personne de Carmen à Madrid en 1931, loge qui a pris sa place dans le combat pour l’émancipation des femmes espagnoles.

Une battante pour le droit des femmes

Elle utilise alors son journal comme vecteur de ses idées féministes et militantes sur les droits humains en général. « Notes féministes » sera sa propre rubrique, crée en 1902. Elle y analyse alors des sujets comme « les femmes et le suffrage » ou encore «l’inspection des fabriques ouvrières». Mais elle ne s’arrête pas là : elle s’est dressée contre l’Eglise en militant pour la légalisation du divorce. Le poids des traditions dans le Sud de l’Europe était extrêmement fort au début du XXème siècle, et la religion chrétienne peu ouverte à toute évolution qui pouvait la discréditer aux yeux des fidèles. Il faudra attendre le 7 juillet 1981, après de vives discussions parlementaires, les pressions de l’Eglise contre le projet de loi et plus de quarante ans après avoir été supprimé par le général Franco, pour que le divorce soit à nouveau légalisé en Espagne.

Un combat pour le droit de vote des femmes 

Mais l’un de ses plus grand cheval de bataille aura certainement été sa campagne pour le suffrage des femmes. L’apogée de la Seconde République (1931-1939) permet notamment aux femmes de participer à tous les niveaux de la société. Les femmes, après un siècle de militantisme de la part des suffragettes, voteront pour la première fois en 1933.

Enfin, lorsque la Guerre de Melilla (février-décembre 1909) éclate entre les troupes espagnoles du Maroc et la guérilla du Rif aux alentours de la ville de Melilla, elle a été correspondante de guerre, un tremplin qui lui a permis de lancer une campagne déterminée contre l’objection de conscience et prônant le respect de la vie humaine.

Sans son travail acharné et celui de millions d’autres femmes, toutes ces avancées n’auraient jamais pu voir le jour.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024