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Marion Mesnage (Amadeus): "Combattre les clichés qui ont la peau dure"

marion mesnagemarion mesnage
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Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 9 octobre 2019, mis à jour le 9 octobre 2019

Les emplois dans les STEM (abréviation de Science, Technology, Engineering and Math) ont progressé de 80% depuis 1990. Pourtant les femmes continuent de bouder ce secteur. Marion Mesnage, ingénieur à Amadeus à Madrid, affirme que celles-ci doivent participer activement à la révolution digitale.

 

Marion Mesnage, actuellement responsable de la division "Research, Innovation & Ecosystems" chez le géant de la technologie pour l’industrie du voyage Amadeus, a toujours travaillé dans le monde de l’innovation et des technologies de l’information. "J’ai fini mes études –se souvient Marion Mesnage- juste pendant le grand boom des Dotcom à la Silicon Valley et je me suis donc dirigée tout naturellement vers ce secteur. J’ai l’impression d’avoir participé activement à cette révolution qu’est la digitalisation du monde et c’est une expérience passionnante".

Pour Marion, il est clair que cela ne fait que commencer et qu’il reste encore énormément de choses à faire dans ce domaine. En effet, depuis les années 2000, les technologies de l’information ont transformé non seulement tous les aspects du monde du travail, mais aussi de la vie au quotidien. Autrement dit, non seulement le monde se digitalise, mais le processus s’accélère de façon exponentielle. 

"J’étais la semaine dernière devant un auditoire de lycéens –explique Marion- et je leur racontais qu’à mon époque le monde était bien différent, en particulier les communications. Je n’ai eu ma première adresse mail que lorsque j’étais étudiante à mon école d’ingénieur et mon premier portable, quand je commençais à chercher du travail ! C’était le monde avant la digitalisation". Marion Mesnage ne parlait pas de la préhistoire, même si pour ces lycéens cela devait y ressembler. 


50% des entreprises ont du mal à recruter

Et cette digitalisation galopante a un énorme impact sur les emplois. C’est ainsi qu’un rapport de Randstad avait calculé fin 2016 que la technologie et la numérisation devraient générer en Espagne plus de 1.250.000 emplois dans les 5 prochaines années. Pourtant, 50% des entreprises ont des problèmes pour trouver un candidat –et encore plus une candidate !- pour un poste dans ces secteurs. 

Être ingénieur est un métier intellectuel très stimulant, collectif, qui touche à la vie quotidienne, qui a trait à l'avenir et qui améliore la vie

Marion Mesnage gère une équipe internationale d’environ 80 personnes, faite de chercheurs, de professionnels de l’industrie, et d’experts en gestion des données et de l’innovation. "Pourtant –reconnaît-elle- j’ai du mal à attirer des filles, car elles ne choisissent pas la carrière technologique. Il faut absolument les encourager à se former au STEM. Personnellement j’aimais les maths, j'ai donc fait math sup puis math spé et Polytechnique. Mais il y a des clichés qui ont la peau dure et qu'il faut combattre. L’image de l’ingénieur informaticien, homme, et qui passe son temps tout seul devant un ordinateur est fausse, et moi-même je n'arrivais pas à m'identifier avec ce rôle. Au contraire être ingénieur est un métier intellectuel très stimulant, collectif, qui touche à la vie quotidienne, qui a trait à l'avenir et qui améliore la vie. Ce n'est pas seulement de la technologie, cela touche plein de domaines comme le marketing, les réseaux sociaux ou le design".


Suivre à la trace ses bagages

Ainsi, l’équipe de Marion Mesnage mène plusieurs programmes de front dont l’objectif est d’identifier de nouvelles idées et de les transformer en solutions concrètes qui pourront améliorer l'expérience autour du voyage. Par exemple, entre le moment où l’on effectue une réservation devant son écran d'ordinateur et celui où l’on embarque, le nombre de fois où l’on doit s’identifier est très élevé. "Nous travaillons actuellement à rendre le contrôle de l'identité plus rapide -explique Marion Mesnage- grâce à une plateforme d’identification intégrant les technologies biométriques que nous sommes en train de tester avec nos clients". 

Un autre exemple est de suivre à la trace les bagages. "Lorsque l'on commande une pizza –précise Marion- on peut pratiquement la suivre à la seconde près. Pourtant, avec nos bagages, nous n'avons plus aucune visibilité une fois l’enregistrement effectué. Avec ce système de localisation sur lequel nous travaillons, on saura exactement où se trouvent à chaque instant nos bagages". Les possibilités sont infinies, comme l’affirme la responsable d’Amadeus. "Nous travaillons également sur un assistant numérique pour accompagner les passagers tout au long du voyage. Ainsi, si la personne est dans les bouchons pour se rendre à l’aéroport, elle se verra proposer des solutions pour attraper son vol a temps, comme un ‘valet parking’ ou un ‘fast track’ pour passer la sécurité".


L’Espagne était pour moi une évidence

Ce n’est pas par hasard si Marion Mesnage a choisi de s’expatrier en Espagne. Après avoir travaillé dix ans à Accenture, comme responsable des projets de Recherche et d’Innovation, Marion a rejoint Amadeus en 2011 à son centre de R&D (Recherche et Développement) à Nice, puis s’est installée à Madrid il y a un an et demi. "Amadeus offre des opportunités de mobilité très intéressantes –déclare Marion- et je n'ai jamais senti de différence de traitement entre un homme et une femme. L’Espagne était pour moi une évidence. Je suis née au bord de la Méditerranée et je me sens très à l'aise dans la culture espagnole".

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