Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

E. Chabanon: "Se reconvertir, c'est aussi être auteur de sa chance"

emmanuelle chabanonemmanuelle chabanon
DR
Écrit par
Publié le 22 avril 2019, mis à jour le 23 avril 2019

La reconversion professionnelle est une thématique qu'elle connaît bien. Pour l'avoir vécue, à plusieurs reprises, pour l'avoir connue dans le contexte de l'expatriation, pour l'avoir analysée, décortiquée et parfois promue, comme un outil de connaissance de soi. Emmanuelle Chabanon propose à Madrid un service d'accompagnement, en développant une approche personnalisée et en s'appuyant sur les outils du coaching et du mentoring.

 

"Dans l'accompagnement, on travaille dans le domaine de l'humain", avertit-elle, "on peut se trouver dans des situations où, au niveau déontologique, mais aussi au niveau de la personne, une formation très solide peut s'avérer cruciale". Parmi les nombreux champs d'exploration de cette ancienne directrice financière, maman de 3 enfants installée depuis 2016 dans la capitale espagnole, l'animation des ateliers Vie Pro, au sein de l'association Madrid Accueil, et l'organisation une fois par mois des Afterworks RH destinés aux professionnels des ressources humaines, constituent autant de projets qui font de cette Parisienne originaire de Lille un profil atypique et une femme inspirante, susceptible de changer la vie de plus d'un(e) expat. Rencontre.

 

J'ai toujours eu la capacité de ne pas accepter quelque chose qui ne me correspondait pas

 

Si tout va bien, Emmanuelle Chabanon devrait terminer ses études d'ici 4 ans. En 2023, elle se souviendra peut être de ses premiers pas en Licence de psychologie, avec le même mélange d'étonnement et de fierté qu'elle transmet à propos des successifs rebondissements qui caractérisent son parcours professionnel. "J'ai toujours eu la capacité de ne pas accepter quelque chose qui ne me correspondait pas", déclare-t-elle en revenant sur les différents revirements de sa carrière. C'est pourtant surprenant : mises en relief sous le prisme d'EMC3, la structure de consulting et de coaching qu'elle a créée à Madrid, ses expériences multiples prennent sens et s'organisent comme un cheminement d'une richesse humaine et professionnelle certaine, dont l'aboutissement reste, au vu du parcours de l'intéressée, peut-être à construire, mais dont le présent paraît se dessiner comme une évidence. De la gestion de fusions et acquisitions aux salles de marchés, de l'audit d'entreprise à l'analyse financière ou de la direction financière au coaching, dans des entreprises aussi prestigieuses que PwC, Hermes, ou Mccann Worldgroup, Emmanuelle Chabanon a su 1/ se remettre en cause plus d'une fois, 2/ identifier ce qui lui plaisait et ce qui ne lui plaisait pas dans les métiers qu'elle exerçait, 3/ se former pour 4/ se reconvertir et s'orienter vers ce qu'elle souhaitait devenir. Aujourd'hui, en attendant d'obtenir son Master en Psychologie à Paris VIII, en 2023 donc, cette ex de Sciences Po Paris (promo 97), est aussi depuis 2016 coach certifiée par la célèbre école de coaching Transformance Pro. Elle est également certifiée MBTI et maitre praticien en programmation neurolinguistique.

 

C'est parfois en passant par des erreurs d'orientation qu'on apprend à mieux se connaître

 

"La reconversion naît soit de la nécessité, à l'instar des expatriés qui sont forcés de se réinventer dans le cadre d'un changement de paradigme, soit de la vocation, quand le travail exercé ne correspond pas, ou plus, à notre quête de sens", explique Emmanuelle. Dans un cas comme dans l'autre, la meilleure manière pour sortir de la situation de crise n'est pas toujours une évidence. Transformer l'impasse en échappatoire, puis en tremplin vers d'autres horizons requiert du temps et de la réflexion, qu'une certaine sensation de solitude, d'incompréhension ou de désespoir peut facilement accompagner. "C'est parfois en passant par des erreurs d'orientation qu'on apprend à mieux se connaître", observe Emmanuelle. Certes. Mais quand faut-il franchir le pas ? Vers où ? Comment ? Qui nous dit les étapes que nous devons suivre, les risques que nous devons prendre -ou pas- pour atteindre une forme d'épanouissement professionnel ? "Il faut attendre son moment. C'est bien de faire son propre chemin, de se chercher", estime Emmanuelle Chabanon, et son expérience constitue à cet égard une source d'inspiration certaine. Face au manque de certitude qu'une situation de crise génère, des appuis et des références sont néanmoins pour tout un chacun nécessaires. Sinon, dans quel miroir se refléter, projeter ses craintes et ses désirs, pour trouver les bonnes solutions ? C'est pour intervenir dans ce type de circonstance que la coach s'est spécialisée et qu'elle développe son savoir-faire. 

 

Comment profiter de cette parenthèse que constitue l'expatriation ?


Si elle intervient sur des problèmes de relations au travail, en accompagnement de la création d'entreprise ou directement en entreprise, avec des dynamiques de groupe, "ce sont souvent des accompagnants de conjoints qui viennent me consulter", constate-t-elle. Un public qui arrive avec des problématiques récurrentes : "Et maintenant qu'est-ce que je fais ? Comment profiter de cette parenthèse que constitue l'expatriation ? Comment se sentir utile ? Comment vais-je faire par la suite, quand il va falloir retourner sur le marché du travail ?" Pour Emmanuelle Chabanon, l'expatriation constitue l'occasion de faire un bilan. De définir pour quoi l'on est fait et ce vers quoi l'on souhaite tendre. Elle défend en tous cas fermement : "L'expatriation n'est pas un trou dans le CV. C'est une expérience, au cours de laquelle nous faisons preuve de notre capacité d'adaptation, de notre sens de l'aventure, de la découverte, ou encore de notre capacité à apprendre de nouvelles langues". Et d'insister : "Tout ceci peut être valorisé. Même une expérience d'entrepreneur ratée peut être valorisée". 

 

On n'est jamais à l'abri d'un coup de bol


"Certaines techniques fournissent du poisson, d'autres, la canne à pêche", rebondit Emmanuelle. Avec une claire prédilection pour la canne à pêche, elle défend une démarche basée sur un anglicisme : "l'empowerment". "Il s'agit de faire en sorte que la personne use de ses propres ressources -ses qualités innées, ses compétences acquises- pour trouver sa solution, afin et donner le meilleur d'elle-même", éclaire-t-elle. Il faut en moyenne 10 séances de coaching pour monter sa canne à pêche, estime-t-elle. "Au-delà, si les résultats ne sont pas au rendez-vous, alors cela signifie que ce n'est pas le type d'accompagnement qui convient et il faut penser à s'orienter vers d'autres types d'approche". "Se reconvertir, c'est aussi être auteur de sa chance" insiste néanmoins Emmanuelle. "Il ne faut pas hésiter à explorer des choses nouvelles, sortir de son chemin, pour y revenir parfois de façon inattendue". Et de répéter une maxime qui lui est chère : "On n'est jamais à l'abri d'un coup de bol". Pour elle, une reconversion réussie passe par quatre dimensions : elle doit être vocationnelle, c'est à dire correspondre aux valeurs de la personne, elle doit être passionnelle, et donc s'accompagner d'une bonne dose de persévérance, mais elle doit aussi correspondre à une vision à long terme -on ne se construit pas juste pour demain, sinon pour un futur plus lointain- et elle doit enfin être liée à une ouverture indispensable, vers d'autres possibles. "En coaching, je n'apporte jamais de solution", résume l'intéressée, "j'aide les personnes que j'accompagne à les trouver par elles-mêmes".
 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024