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Le salaire moyen en Espagne augmente en 2017

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Photo by Christian Dubovan on Unsplash
Écrit par Léa Surugue
Publié le 2 décembre 2018, mis à jour le 3 décembre 2018

Le salaire moyen est passé à 1.889 euros bruts par mois en Espagne selon l’INE. Une hausse encourageante et une bonne nouvelle pour les ménages. Cela ne signifie pas pour autant la fin des importantes inégalités salariales observées dans le pays.  

 

Le salaire moyen des Espagnols a progressé en 2017 selon les dernières données de l’Institut National de la Statistique (INE). Il atteint désormais 1.889 euros bruts par mois. Une bonne nouvelle pour l'économie espagnole, qu’il convient toutefois de relativiser. Des disparités importantes entre les Espagnols sont en effet toujours observées.

"Il faut mettre ce timide rebond en perspective. Le salaire moyen n'a augmenté que de 0,6% alors que l'inflation a rebondi à 2% en 2017. Plus généralement, depuis 2011, le salaire moyen a augmenté en moyenne de 0,4% chaque année contre une hausse moyenne des prix de 1,2% par an. Cela implique une perte de pouvoir d'achat quasi-continue au cours des sept dernières années", explique Léopold Jouven, économiste indépendant basé à Madrid.

Cette faible hausse des salaires peut s’expliquer par plusieurs facteurs, et notamment par la reprise des embauches de ces dernières années qui met sous pression la hausse de la productivité. "La productivité ne croît plus qu'à 0,3% depuis 2014. Cela a donc pour effet de limiter les hausses salariales, et ce d'autant plus que la grande majorité des créations d'emplois se font dans des secteurs où les gains de productivité sont traditionnellement faible", ajoute Jouven.


Des inégalités importantes

L’INE donne le salaire moyen des Espagnols en 2017 mais aussi le salaire médian. Ce dernier est de 1.590,7 euros ce qui implique que la moitié des travailleurs en Espagne gagne moins que ce montant. Dans le détail, l’Institut précise que 30% des Espagnols (environ 4,7 millions de personnes) n’atteignent même pas 1.230,9 euros par mois.

Sans surprise, les catégories se voyant imposer les salaires les plus faibles restent les femmes, les jeunes, et les individus peu qualifiés. Ces groupes sont aussi ceux qui présentent les taux d'activités les plus faibles et les taux de travail précaire ou à temps-partiel les plus élevés. Logiquement, cela impacte négativement leur niveau de revenu.

Il existe aussi des differences regionales importantes. Les personnes qui gagnent le plus, avec des salaires supérieurs à 2.136,3 euros, habitent presques toutes au Pays Basque (44% des actifs atteignent ces niveaux de salaires), La Navarre (41%) et la Communauté de Madrid (39%).

La hausse du salaire moyen ne parvient donc pas à occulter les écarts qui se creusent entre différentes catégories et les autres travailleurs. Les chiffres avancés par l’INE, couplés aux statistiques d’Eurostat (LIEN https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Minimum_wage_statistics/fr), permettent de se rendre compte que l’Espagne reste de loin un des pays les plus inégalitaires en Europe. "Seules la Bulgarie et la Lituanie ont une distribution plus inégalitaire. Cette situation provient de la nette détérioration observée tout au long de la crise. C'est aussi un des pays où la pauvreté a le plus augmenté pendant la crise", souligne Jouven.


Réformes pour l’avenir

Est-il possible de remédier à cette situation et de parvenir à une répartition des salaires plus égalitaire dans le pays ? Un des problèmes majeurs qui sous-tend ces inégalités est le niveau du salaire minimum, particulièrement faible en Espagne, à 735,9 euros par mois en 2018. Il explique en partie les fortes disparités observées entre les travailleurs les plus pauvres, et ceux qui gagnent le plus.

L’accord entre le gouvernement et le parti Podemos pour relever ce salaire minimum à 900 euros est voulu comme une étape pour réduire ces écarts. Mais d’autres réformes doivent accompagner cette décision, afin de réelement changer la situation. "Relever le salaire minimum va dans le bon sens, mais une hausse d'une telle ampleur prévue dans les PGE 2019 semble disproportionnée. D'autant plus que la faible productivité continuera à contraindre la hausse des salaires. L'amélioration de la productivité passe par des politiques publiques à beaucoup plus long terme influant sur la formation professionnelle, l'éducation, ou le soutien des dépenses de R&D", conclut Jouven.

 

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