Dans une Espagne composée presque exclusivement de PME, une poignée de grands groupes continue de faire tourner la machine. Banques, distribution, télécoms, énergie ou tourisme… En 2025, dix entreprises concentrent une part décisive de la création de richesse et jouent un rôle clé dans la stabilité économique du pays. Qui sont ces poids lourds qui tirent la croissance espagnole, et pourquoi leur influence dépasse largement les chiffres du PIB ?


En 2025, l’économie espagnole continue de déjouer les pronostics. Après un solide +3,2 % en 2024, la croissance devrait encore frôler les 3 % cette année. Mais derrière cette façade dynamique se dessine une réalité plus contrastée : un pays où 99,8 % des entreprises sont des PME, tandis que la machine économique reste, en grande partie, entraînée par une poignée de mastodontes.
C’est ce que révèle la dernière étude Advice de Éxito Empresarial, réalisée à l’automne 2025 auprès d’un millier de dirigeants, investisseurs, économistes et journalistes. Son constat est sans appel : les grandes entreprises restent les piliers de la croissance espagnole.
L’Espagne devant l’Allemagne : le renversement que personne n’attendait
Le Top 10 des entreprises qui contribuent le plus au PIB espagnol en 2025
Selon l’étude, dix groupes concentrent une part essentielle de la contribution socioéconomique au Produit Intérieur Brut espagnol :
- Fundación “La Caixa” (via CriteriaCaixa)
- El Corte Inglés
- CaixaBank
- Telefónica
- Inditex
- Banco Santander
- Mercadona
- Iberdrola
- Cellnex Telecom
- Meliá Hotels International
À elles seules, ces entreprises dépassent chacune 1 % du PIB ou jouent un rôle stratégique d’entraînement sur l’ensemble du tissu productif du pays.
Qui sont les Espagnols les plus riches en 2025 selon Forbes ?
La Caixa, le pouvoir tranquille du capital social
En tête du classement, la Fundación La Caixa occupe une place à part. Un objet économique singulier en Europe : à la fois premier acteur philanthropique privé d’Espagne et poids lourd du capitalisme national. Derrière la fondation, CriteriaCaixa, premier holding d’investissement du pays, aligne près de 30 milliards d’euros d’actifs.
Par ce levier financier, La Caixa irrigue le cœur de l’économie espagnole, avec des participations stratégiques dans CaixaBank (32 %), Naturgy (26 %) ou Telefónica (9,9 %). Une mécanique bien huilée, dont l’objectif reste la pérennité de l’œuvre sociale : 655 millions d’euros de budget en 2025, financés par les dividendes du capital. Une philanthropie solidement adossée au marché.
L’Espagne, seule grande économie européenne à accélérer en 2025
Retail, banque et télécoms : les piliers historiques
Derrière La Caixa, El Corte Inglés confirme son rôle de colonne vertébrale du commerce espagnol. Premier employeur privé du pays, le groupe pèse 1,14 % du PIB, un chiffre audité par KPMG, et reste un thermomètre fiable de la consommation intérieure.
CaixaBank, de son côté, revendique un impact socioéconomique direct de 18,9 milliards d’euros et devrait atteindre 1,5 % du PIB en fin d’année, confirmant le rôle central du secteur bancaire dans l’irrigation de l’économie.
Même logique pour Telefónica : 1,27 % du PIB espagnol, près de 100 milliards d’euros d’impact à l’international. Un poids qui dépasse les seules télécommunications et renvoie aux enjeux de souveraineté technologique et d’infrastructures critiques.
Inditex, Mercadona, Iberdrola : l’Espagne qui exporte et investit
Avec Inditex, l’Espagne aligne un champion mondial du textile, capable de conjuguer ancrage territorial et projection internationale. Sa contribution est estimée à 1,16 % du PIB, soit près de 20 milliards d’euros, portée par un réseau de fournisseurs largement implanté localement.
Autour de lui, Mercadona, Iberdrola et Cellnex dessinent une Espagne tournée vers la consommation intérieure, la transition énergétique et les infrastructures numériques, tandis que Meliá Hotels International rappelle combien le tourisme reste un pilier durable — et parfois fragile — de la création de richesse.
Un paradoxe espagnol : les chiffres de l’INE rappellent une réalité frappante : 81,6 % des entreprises espagnoles comptent deux salariés ou moins, 54,4 % n’emploient aucun salarié, seules 7.006 entreprises dépassent le seuil des grandes structures. Pourtant, 92 % des leaders d’opinion interrogés estiment que sans grands groupes nationaux solides, l’Espagne ne pourrait affronter la concurrence de blocs comme les États-Unis ou la Chine.
En 2025, une évidence s’impose
« La contribution des entreprises à la richesse d’un pays est aussi leur principale contribution sociale », résume Jorge Díaz Cardiel, directeur d’Advice Strategic Consultants. Dans une Espagne prise entre tensions géopolitiques, mutation technologique accélérée et économie fragmentée, les grands groupes ne se contentent plus d’alimenter la croissance. Ils assurent, parfois malgré eux, une forme de stabilité — financière, industrielle, sociale — devenue indispensable au fonctionnement du pays.
Sur le même sujet













