Dans un contexte européen marqué par le ralentissement économique et la remontée des coûts d’emprunt, l’Espagne continue de se distinguer par une croissance soutenue et une amélioration progressive de ses comptes publics. Une situation qui attire l’attention des agences de notation, alors que Madrid poursuit ses réformes et cherche à consolider sa trajectoire budgétaire.


L’agence européenne Scope Ratings vient de relever la note souveraine de l’Espagne à A, avec une perspective positive, saluant une économie plus robuste et des comptes publics en amélioration malgré un contexte international incertain.
Scope pointe toutefois plusieurs fragilités persistantes : une dette encore élevée, un marché du travail structurellement faible, des pressions budgétaires liées au vieillissement et une forte fragmentation politique. L’agence souligne néanmoins les réformes déjà engagées, qui ont permis le déblocage des fonds européens du plan NextGenerationEU.
Elle continuera de suivre la stabilité politique et l’évolution des finances publiques. La perspective positive ouvre la voie à une éventuelle nouvelle amélioration de la note, si le pays maintient le cap des réformes.
L’Espagne, seule grande économie européenne à accélérer en 2025
L’Espagne en tête de la croissance européenne selon Scope Ratings
Selon Scope Ratings, l’Espagne continuera à croître plus rapidement que les principales économies européennes dans les prochaines années. Après une progression du PIB estimée à 2,9 % en 2025, la croissance convergerait vers 1,8 % en moyenne entre 2026 et 2030, soit près du double de celle anticipée pour la zone euro.

Cette performance repose sur plusieurs facteurs identifiés par l’agence :
- un marché du travail particulièrement dynamique, alimenté par l’arrivée continue de travailleurs migrants ;
- la mise en œuvre de réformes structurelles qui commencent à produire leurs effets ;
- une diversification accrue de l’économie, réduisant sa sensibilité aux chocs sectoriels ;
- la solidité des exportations, notamment dans le tourisme et les services à forte valeur ajoutée.
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Scope souligne par ailleurs que l’économie espagnole reste seulement modérément exposée à un durcissement des droits de douane américains, un risque qui préoccupe davantage d’autres partenaires européens.
Le plan NextGenerationEU, pilier de la modernisation économique espagnole
L’exécution du Plan de relance européen (NextGenerationEU) constitue, selon Scope, l’un des atouts majeurs de l’économie espagnole. Les investissements financés par Bruxelles soutiennent la croissance potentielle, accélèrent la modernisation du tissu productif et accompagnent la transition écologique et numérique. À ce stade, Madrid a déjà perçu plus de 71,4 milliards d’euros et continue de respecter le calendrier des réformes et des objectifs conditionnant les décaissements.
L’agence estime toutefois que l’Espagne ne mobilisera probablement pas la totalité du volet prêt, doté de 83,2 milliards d’euros. En cause : un environnement politique fragmenté, peu propice à l’adoption rapide des réformes nécessaires, et des conditions de financement souverain encore très favorables, qui réduisent l’intérêt de recourir davantage à cet instrument européen.
La dette espagnole repassera sous 93 % du PIB d’ici 2030
Sur le front budgétaire, l’Espagne engage une trajectoire de consolidation que Scope salue clairement. Le ratio dette/PIB, encore élevé à 101,6 % en 2024, poursuit une baisse régulière et pourrait repasser sous les 93 % en 2030, bien en deçà du sommet de 119 % atteint en 2020.
Le déficit public suivrait la même tendance, avec une réduction graduelle attendue à :
- 2,5 % du PIB en 2025,
- 2 % en 2026,
- environ 1,8 % en 2027.
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L’agence anticipe même un retour à l’excédent primaire dès 2025, une première depuis 2007. Une évolution rendue possible par des recettes fiscales dynamiques, l’extinction progressive des mesures d’urgence adoptées face à la crise énergétique et la reconduction du budget national, qui contribue à contenir l’augmentation des dépenses.
Dette, marché du travail, vieillissement : les défis qui freinent l’Espagne
Malgré l’amélioration de ses fondamentaux, l’Espagne reste exposée à plusieurs vulnérabilités : une dette publique encore lourde, un marché du travail marqué par un chômage structurel élevé, des pressions liées au vieillissement démographique et une fragmentation politique qui complique les réformes. Scope souligne toutefois que Madrid, malgré un gouvernement minoritaire, a su mener des transformations majeures, ouvrant la voie aux décaissements du plan NextGenerationEU.
L’agence continuera de suivre de près la stabilité politique et l’impact des réformes à venir, notamment sur le financement régional. Dans un contexte où l’Espagne affiche une croissance plus résiliente que la moyenne européenne et une amélioration progressive de ses comptes publics, la perspective relevée à « positive » laisse entrevoir un possible nouveau relèvement de la note — à condition que le pays parvienne à préserver le rythme des réformes.
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