C’est la Pologne et je suis totalement timbré ! 

Bienvenue au bureau de poste en Pologne ouvert de 8h à 20h… 

Avant de continuer l’histoire de ma requête, apparemment déplacée, dressons le décor des bureaux de poste polonais. S’ils sont souvent fermés le samedi (et le dimanche évidemment), ils sont anormalement ouverts, par rapport à d’autres services publics, les jours de la semaine, de 8h à 20h en continu. Alors, jaloux les Français ? Sur les 252 postes de la capitale, trois sont ouvertes 24 heures sur 24, et 27 pratiquent une fermeture tardive. Le maillage est dense avec un bureau pour 7.400 habitants à Varsovie contre un pour 15.000 habitants à Paris.

Encore faut-il ne pas rater le logo rouge avec une trompette

Ces chiffres tendent à prouver l’importance et l’utilité de cette institution. Pourtant, un novice peut passer devant une poste polonaise sans s’en apercevoir. Certes, il y a le logo rouge avec une trompette, mais il n’y a pas toujours de boîte aux lettres devant l’entrée. Parfois, il n’y en a même pas à l’intérieur. Vous ne trouverez pas, non plus, d’automates pour affranchir les envois, ni de grande exposition de colis ou de lettres modèles. Mais qu’y a-t-il à l’intérieur dans ce cas ?

La caverne d’Ali baba : de la papeterie, des stylos, des livres, de la presse (des titres bien spécifiques d’ailleurs), des peluches, des chocolats, quelques cartes de vœux, des boissons, des jeux et des articles saisonniers, décorations de Noël, calendriers, cierges pour la Toussaint, œufs de Pâques, des vêtements de pluie dans de petits sachets… Vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin sauf peut-être… des timbres !

InPost, la boite à succès made in Poland

On en était à… « un timbre pour la France, s’il vous plaît »

Revenons à notre histoire. L’employée répète ma demande pour s’assurer que j’ai bien dit ce que j’ai dit. Ma confirmation reçue, elle crie vers sa collègue du guichet voisin : „Mam klienta który chce kupić znaczki. Masz ?" (« J’ai un client qui veut acheter des timbres, tu en aurais ? »). Sa réponse positive m’a apaisé. J’ai attendu qu’elle serve le client déjà présent à son guichet pour acquérir le produit convoité.

Elle ouvre le trieur idoine et les quelques timbres présents plissent leurs yeux devant la lumière du jour. Elle tourne plusieurs fois les pages, tapote sur l’ordinateur, se gratte la tête, puis me regarde en me disant : « Un timbre pour la France c’est 10 zlotys. Mais je n’ai plus de timbre de 10 zlotys. La seule combinaison de timbres que je peux vous faire serait pour un montant de 10,20 zlotys. Est-ce que cela vous va ? ». Ma question humoristique de savoir si dans ce cas mon courrier ira un peu plus vite n’ayant pas été commentée, je me suis contenté de hocher la tête en signe d’approbation.

La dame s’est chargée de coller les timbres sur l’enveloppe qui, vu leur nombre, la rendait assez belle et de les oblitérer avec ce magnifique bruit franc, fort et sec des tampons de poste. Avant que je règle, professionnalisme oblige, elle m’a demandé si je n’étais pas intéressé par la barre chocolatée en promotion. 

On pourrait penser que je suis mal tombé et c’est, d’ailleurs, ce que j’ai pensé. Mais mes expériences suivantes d’achat de timbres ressemblaient à peu près à cette première expérience. Voilà de quoi en décourager quelques-uns, mais, aussi étrange que cela puisse paraître, je persévère à vouloir acheter mes timbres à la poste, car cette idée „Klei jak znaczek do koperty”.