Est-ce que quelqu’un t’a déjà dit de ne pas laisser les poires dormir dans la cendre ? (« Nie zasypiaj gruszek w popiele. ») Ou est-ce que tu as peut-être déjà entendu parler des difficultés dont on ne peut pas sortir comme Zabłocki quand il est sur du savon ? (« Wyjść na czymś jak Zabłocki na mydle. ») Est-ce qu’il y a des choses que tu crains autant que le diable craint l’eau bénite ? (« Bać się jak diabeł święconej wody »). Si tu es Polonais – probablement oui. Si tu n’es pas Polonais – il est fort probable que non...
Dans chaque langue il existe pas mal d’adages et de proverbes. On les utilise sans réfléchir bien que parfois ils peuvent être au moins mystérieux. C’est surtout en apprenant une autre langue qu’on se rend compte de la bizarrerie de certains proverbes. En polonais, de même qu’en français et que dans chaque autre langue, on peut en trouver une multitude. Dans cet article nous allons parler d’une petite partie de ces curiosités que nous offrent les deux langues.
Les proverbes similaires (ou presque)
Pour commencer – regardons les proverbes similaires, ceux qu’on peut utiliser en polonais aussi bien qu’en français. On va juste donner quelques exemples, si on voulait les trouver tous, ça serait un « sacré morceau » (en polonais « twardy orzech do zgryzienia » - « une noix difficile à mordre » - ce qui est presque la même chose qu’un « sacré morceau »).
Chaque Français et chaque Polonais a son « talon d’Achille » (« pięta Achillesa ») – son point faible. C’est une expression qui vient de la mythologie grecque, comme beaucoup d’autres. Quand quelqu’un nous trahit, on dit qu’il nous a « planté un couteau dans le dos » (« wbić komuś nóż w plecy »). Quand on veut révéler ses secrets et dire toute la vérité on « joue cartes sur la table » (en polonais « grać w otwarte karty » - « jouer cartes ouvertes »).
Les Français comme les Polonais ont sans doute été impressionnés par le travail des horlogers suisses ce qui explique la phrase « marcher comme une montre suisse » (« chodzić jak w szwajcarskim zegarku »). Les personnes craintives « ont peur de leur ombre » (« bać się własnego cienia »). Ceux qui profitent du mal d’autrui « jouent au détriment de quelqu’un » (« bawić się czyimś kosztem »).
Dans les deux pays on sait bien que les bonnes intentions ne suffisent pas : on dit alors que « l’enfer est pavé de bons intentions » (en polonais « dobrymi chęciami piekło jest wybrykowane ».) Cependant en polonais on peut dire aussi « niedźwiedzia przysługa » (« un service rendu par un ours ») – on utilise cette expression quand quelqu’un nous a nui en voulant nous rendre un service. Et pour finir, on dit que les gens qui aiment le risque « jouent avec le feu » (« igrać z ogniem »). Beaucoup de ces adages sont vraiment universels et ils n’existent pas qu’en français et en polonais, on peut les trouver aussi dans d’autres langues.
Les proverbes typiquement polonais
Pourtant, il y a des expressions qui n’existent pas dans notre langue et qui peuvent nous sembler très drôles quand on les apprend dans une autre langue. Regardons ce que les Polonais ont inventé.
En Pologne la religion joue un rôle important pour beaucoup de gens et évidemment les adages le montrent aussi. Si on est sûr de quelque chose on dit « comme amen dans la prière » (« jak amen w pacierzu »). Nous avions aussi déjà vu que si tu as peur de quelque chose on peut dire que « tu as peur autant que le diable craint l’eau bénite » (« bać się jak diabeł święconej wody »).
Des événements inattendus se passent « comme un tonnerre venant du ciel clair » (« jak grom z jasnego nieba »). Si tu essaies de faire quelque chose de presque impossible tu peux entendre que tu vas « bécher avec une houe en plein soleil » (« porywać się z motyką na Słońce »). Quand une personne dont tu es tombé amoureux ne s’intéresse pas à toi ou quand quelqu’un n’accepte pas ta demande en mariage, tu peux dire que « quelqu’un t’a donné un panier » (« dać komuś kosza ») ou « une soupe noire » - une soupe faite de sang du canard (« dać komuś czarną polewkę »). Ce deux adages viennent de vieilles traditions slaves.
Le « petit chien français »
Si tu mens en France, quelqu’un peut te dire que tu « mens comme un arracheur de dents », en Pologne on dit « mentir comme sur des notes de musique » (« kłamać jak z nut »). Une expression qui forcément n’existe pas en français est « francuski piesek » (« le petit chien français »). On appelle ainsi des gens très (trop) délicats.
Les faux amis
Certaines expressions peuvent engendrer de la confusion : en français on dit « oiseau de nuit » pour les gens qui se couchent tard, pendant qu’en polonais on les appelle « nocny marek » (marek de nuit). Le mot « marek » vient de la religion également et il signifie une âme qui traîne en enfer. En revanche, on dit « oiseau de jour » (« ranny ptaszek ») pour ceux qui se réveillent tôt. Il existe aussi cette expression « l’Alpha et l'Omega » (« Alfa i Omega ») - en français elle signifie le commencement et la fin de tout. En polonais on appelle ainsi les gens qui sont très intelligents et qui savent plein de choses sur plein de sujets différents.
Il n’y a aucun doute que dans chaque langue il y a plein de proverbes et d’adages. Très souvent on les utilise souvent alors qu’on n’a aucune idée d’où ils viennent. Et parfois on peut entendre des expressions qui vont nous choquer dans notre propre langue aussi !