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Dziady, la fête païenne qui célébrait l’âme des ancêtres en Pologne

Cimetière en Pologne la nuitCimetière en Pologne la nuit
La Toussaint en Pologne. Des milliers de bougies pour aider les âmes à retrouver leur chemin et leurs proches ?
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 28 octobre 2022, mis à jour le 28 octobre 2022

Les jours raccourcissent - notez d'ailleurs, que cette année nous changerons d’heure dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 octobre, certains animaux se préparent déjà à hiberner, les feuilles mortes jonchent le sol, tandis que la terre se repose ; cette période annonce un grand sommeil qui, dans certaines cultures, a le pouvoir de gommer les frontières entre le monde des morts et celui des vivants. La culture slave, véhicule l’idée qu’il est notamment possible, à cette époque de l'année, de se relier aux esprits des ancêtres : les Dziady, grâce à des rituels. Lepetitjournal.com/varsovie vous propose de vous plonger dans la magie de cette nuit, reliant le 31 octobre au 1er novembre...

 

Le temps des frontières estompées entre le royaume des morts et celui des vivants

En Pologne, il existe une ancienne fête du nom de Dziady qui pourrait se rapprocher d’Halloween. Cette fête païenne célébrait les ancêtres, les aïeux.  En effet, dans l’une de ses œuvres célèbres, le poète romantique polonais Adam Mickiewicz a donné comme titre Dziady (en Français, Les Aïeux) à deux de ses poèmes. Dans sa préface, il relate des pratiques liées à cette fête :

« On y dresse communément un banquet composé de divers plats, de boissons et de fruits ; et l’on évoque l’âme des défunts. Il est digne de remarquer que la coutume de servir des mets aux morts semble commune à tous les peuples païens ».

Cette fête pourrait, de prime abord, être vue comme l'ancêtre de la fête Zaduszki, version polonaise de la commémoration aux fidèles défunts, du 2 novembre, cependant, le caractère païen de Dziady semble la rapprocher d'avantage des anciennes fêtes de Halloween (gaélique) et Samhain (celtique).

Les premiers Slaves croyaient que les âmes des Dziady (des aïeux), ayant naturellement perdu la vie, retournaient dans le monde des vivants, au moins deux fois par an. Les deux principales fêtes des Dziady étaient célébrées au printemps, autour du 1er et 2 mai (selon la phase lunaire), et en automne, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Plusieurs rituels étaient réalisés – similaires pour les Slaves et les Baltes, lorsque la Pologne était encore païenne. Le christianisme a été introduit dans le pays aux alentours de 963, interdisant la fête des Dziady ainsi que le paganisme en général.

 

En quoi consistaient ces rituels ?

Il fallait accueillir et héberger les âmes des morts, afin de les aider à trouver la paix dans l’au-delà. Le rituel pouvait prendre place dans un cimetière, un lieu abandonné, où l’on tournait autour d’un feu. Le feu devait permettre aux âmes errantes de ne pas se perdre en chemin et de rejoindre leurs proches.

Il fallait également nourrir les âmes des aïeux et les abreuver, ne pas les déranger ou les effrayer par des cris, ne pas débarrasser trop vite la table après le diner afin de  leur laisser le temps de se restaurer, ne pas jeter d’eau par la fenêtre ou par la porte afin de ne pas tremper l’âme qui pourrait passer par là ; et enfin, ne pas coudre, filer, ou broder, afin de ne pas attacher les âmes errantes à notre monde.

Lors des rituels et d’invocation des âmes des disparus, les participants pouvaient également se couvrir le visage de masques appelés karaboszki pour se protéger des « mauvais esprits ».

 

Une visite, à la nuit tombée pour s'imprégner de la magie de la Toussaint polonaise

La Toussaint en Polonais se dit ZaduszkiDzień Zaduszny ou encore Święto Zmarłych. Les familles font des kilomètres pour honorer leurs disparus, nettoient les tombes, se recueillent, les fleurissent et point d'orgue, y déposent des lanternes et des bougies. Des bancs privatifs font face aux pierres tombales, pour un dialogue invisible. Il n'est pas rare d'observer des visiteurs déposer des bougies sur les sépultures des « oubliés ». 

Un va et vient incessant de l'aube jusqu'à bien après la tombée de la nuit, rythme la vie des cimetières en cette période, où il n'est pas rare, de croiser des familles, très tard dans la soirée, qui continuent leur pèlerinage à la lumière des chandelles.