Jeudi 9 janvier 2020, a débuté la campagne nationale de soutien à la candidature de Djerba à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette démarche, initiée par l’Association de sauvegarde de l’île de Djerba et soutenue par le ministère du Tourisme et l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), a pour objectif la préservation de ce qui fait l’unicité de l’île de Djerba, à savoir, son patrimoine matériel et immatériel : son mode particulier d’occupation du sol, l’organisation atypique de sa société et sa culture du vivre-ensemble présente sur l’île depuis des millénaires.
La Tunisie occupe actuellement le second rang des pays arabes ayant inscrit le plus de biens, avec un total de huit sites archéologiques classés au patrimoine mondial. C’est toutefois la première fois que le pays entame les démarches pour inscrire simultanément une série de sites plus communément appelés biens en série.
Pour être considéré par l’Unesco, un bien se doit de prouver qu’il contient une composante qui le rend unique. Après une étude approfondie de l’île, de son histoire, de sa culture et de son urbanisation, l’île de Djerba a prouvé qu’elle rassemblait des critères de taille permettant son inscription au patrimoine mondial.
Ce processus de classement ne repose pas seulement sur les critères historiques ; il prend aussi en compte la volonté des autorités de préserver le bien en question et le degré de conscience de la population locale de la nécessité de l’inscription.
Pour donner à Djerba davantage de chances, le ministère du Tourisme et l’ONTT ont lancé une campagne de communication grand public.
Découvrir Djerba
Si Djerba nous permet une pause soleil à moins d'une heure de Tunis, elle recèle aussi de nombreux trésors, de ses traditions à ses monument ancestraux, en passant par sa gastronomie riche et variée.
Djerba possède des traditions d'une grande richesse : la multitude des bijoux (longtemps le métier de bijoutier fut l'exclusivité des Djerbiens juifs) et des costumes traditionnels, jusqu'aux chapeaux caractéristiques de certains villages comme Guellala et Sedouikech, une gastronomie très variée ou encore la musique sont à l'image de la diversité de la population de l'île.
Djerba et la religion
Les mosquées ibadites ont une architecture particulière et il n'est possible d'accéder au minaret qu'en passant par la salle de prière. Certaines sont souterraines : à quelques kilomètres de Sedouikech, en direction d'El Kantara, se trouve l'une d'entre elles, Jemaâ Louta, qui daterait du XIIe ou du XIIIe siècle et où les Ibadites se réfugiaient pour pratiquer leur culte.
Et bien sûr, on ne peut pas évoquer la religion sans parler de la fameuse Ghriba, vers laquelle de nombreux pèlerins juifs se rendent chaque année. Son architecture et ses mosaïques en font un des joyaux de l'île.
Les forts
Borj El Kastil est l'un des rares forts de l'époque médiévale qui ait été partiellement épargné. Forteresse bâtie au 13e siècle par le conquistador espagnol Roger de Lauria, l'amiral de Pierre III d'Aragon, roi de Sicile ; Lauria occupe Djerba sous les ordres de Pierre d'Aragon en 1284 et y place une forte garnison.
Le Fort Ghazi Mustapha remonte au 15ème siècle et sa construction fut ordonnée par le Sultan Abou Fares EL HAFSI, qui s'était rendu en 1432 à Djerba pour contrer la campagne espagnole menée par le roi aragonais Alphonse V.
Le Bordj El Rouss, ou Tour des Crânes, fut érigé en 1560 sous l'ordre de Dragut Pacha, avec des crânes de soldats espagnols, vaincus lors de leur campagne contre l'île, pour rappeler à ses ennemis chrétiens que leur sort sera semblable à celui des soldats dont les cranes ont servi à la construction de cette tour, si jamais ils envisageaient la reconquête de l'île. Toutefois, la démolition de ce vestige n'a eu lieu qu'en 1848, lorsque la communauté chrétienne de Djerba a demandé au Bey de Tunis de l'autoriser à extraire les os et cranes des soldats chrétiens afin de les enterrer. Et l'ancienne structure a été remplacée par une stèle commémorative
Le site archéologique de Méninx
Fondé par les Phéniciens vers le 10ème siècle av. J.-C., il garde les vestiges de cette cité qui fut, du temps des Romains, la capitale de l'île. L'étendue du site témoigne de la prospérité et de l'importance de cette place forte, véritable carrefour commercial entre l'Afrique, l'Orient et l'Occident pendant de nombreux siècles.
Non loin de l'antique Méninx, se dressent les vestiges de El Kantara (littéralement, "le pont", une chaussée longue de 6 km, que construisirent les Romains pour relier Djerba à la côte. Il n'en reste aujourd'hui que les célèbres ruines. Une route fut construite en 1951 à l'ancien emplacement de l'antique Kantara, pour relier Djerba au littoral.
Gastronomie :
Le fameux riz djerbien, mélangé à des légumes hâchés
Le mesfourf, délicieux couscous roulé au beurre aux fruits secs
Osbane et Mahchi : tripes farcies
Kamounia : abats en sauce au cumin
Couscous au poisson ou aux calmars farcis
Inscrite au patrimoine
Pour figurer sur la liste de l'UNESCO, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire au moins un des dix critères de sélection.
L'Association de sauvegarde de Djerba a mené depuis 1994 une campagne pour inscrire l'île de Djerba au patrimoine mondial pour sensibiliser la communauté tunisienne et internationale, et a organisé plusieurs manifestations culturelles : expositions ambulantes, films documentaires, ateliers sur le patrimoine artisanal djerbien ...
En savoir plus sur le site officiel de Djerba