Artiste plasticienne, Kawther Bahri Darghouth se consacre définitivement à la peinture dès les années 90. Après une licence de français moderne en 1975, elle s'installe sur l'île de Djerba ou elle découvre sa vocation de peintre ; elle est formée dans les ateliers de Sylvain Monteleone et de Abdelaziz Gorgi.
Lepetitjournal.com : On retrouve la trace de Djerba régulièrement dans votre peinture, pourquoi ?
Kawther Bahri Darghouth : J'ai suivi mon mari à Djerba dans les années 70, je ne peignais pas à l'époque. J'ai reçu en cadeau un jour un chevalet, qui m'a d'abord servi d'élément de décoration. Finalement j'ai décidé, influencée par la luminosité et les paysages de Djerba, de m'initier à la peinture.
Depuis, la beauté de l'île m'inspire régulièrement : on retrouve ses éléments dans la plupart de mes toiles : le bleu, le ciel, la mer, la ligne d'horizon, le sable, les dégradés de couleur ...
Vous utilisez toujours ce chevalet ?
Non je l'ai abandonné depuis longtemps. Pour moi, c'est un instrument trop sage, trop académique. Je ne m'imagine pas en "peintre de chevalet", j'ai besoin de méthodes plus instinctives. Maintenant je peins assise parterre, accroupie ... et je mélange mes couleurs à même le sol de mon atelier qui est devenu une palette géante !
J'utilise des brosses plus que des pinceaux, beaucoup de matière, j'aime le relief et la profondeur de la peinture à l'huile, j'ai donc besoin de tout cet espace que représente le sol de mon atelier.
Comment jugez vous de votre travail au final d'une oeuvre ?
Je l'accroche à l'horizontal contre le mur de l'atelier pour juger s'il manque quelque chose. Parfois j'arrose la toile d'essence pour faire ressortir la couleur, d'où les nombreuses marques sur les murs !
Vous êtes désormais plutôt dans le domaine de l'abstrait, comment vous y êtes vous installée ?
La peinture demande énormément de travail, de pratique. J'ai commencé à faire des copies, puis du pastel, du figuratif, et enfin je suis passée à l'huile et au figuratif abstrait, c'est ce qui me correspond le mieux.
Je peins ce que je vois et ce que je ressens, je regarde autour de moi, je ne reproduis pas je traduis.
Votre peinture est elle une passion dévorante ?
Oui c'est ma grande passion. Parfois je dois m'arrêter totalement pour faire le vide et me ressourcer. J'en profite pour me reposer, m'occuper de mes petits enfants. J'aime aussi voyager à l'étranger et parcourir les expositions.
Vous êtes maintenant connue et reconnue, votre parcours a-t-il été sinueux ?
Oui, surtout les premières années. D'une famille comptant principalement des médecins, pharmaciens et ingénieurs, il a été très difficile de faire accepter mon art comme un véritable métier.
Désormais ma famille aussi me reconnait en tant qu'artiste, et c'est une grande satisfaction pour moi.
ACTUALITES
Exposition permanentes :
. Galerie de la Medina - Tunis
. Atelier28 - Lyon
Evénement international :
Kawther Bahri Darghouth participe à "Med'In Peace - 32 artistes engagés de la Tunisie et de la Méditerranée exposent pour la Paix.
« Les Fées Nomades* », ambassadrices de Paix, se penchent sur un autre monde à mille lieux de celui qui fait l'actualité. Elles font porter les regards vers les pays méditerranéens, vers leur liberté d'expression, l'art et la culture, l'échange et la magie de la Rencontre. Trente artistes tunisiens de renommée internationale, deux grands invités d'honneur, les sculpteurs syriens et irakiens, Khaled Dawwa et Mohamed Ghassan, exposent ensemble pour la Paix.
Med'In Peace sillonnera la France durant 2 ans à partir d?avril 2016 et sera accueilli dans 8 villes françaises (calendrier en cours de finalisation). La première exposition aura lieu au Musée d'Art Contemporain de Montélimar du 2 avril au 22 mai 2016
En savoir plus sur le site de Kawther Bahri Darghouth
Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) jeudi 24 mars 2016