Rebecca et Paul, un couple franco-britannique installé à Londres, partagent leur quotidien avec leur fille Sarah et leur fils Aiden. Ils racontent comment ils mêlent leurs deux cultures, leur manière d’élever leurs enfants, et surtout l’importance de leur foi chrétienne dans la construction de leur famille.


C’est un couple qui rit souvent, même au moment de dire leur âge, « je suis Rebecca, j’ai 31 ans. Non, 30. Enfin... 30. » Elle corrige, puis éclate de rire. Paul sourit à côté. Ils sont comme ça. Deux êtres pleins de foi, d’énergie, et de tendresse. Paul et Rebecca Busari vivent à Stratford, dans l’est londonien. Ils sont ministres, pasteurs, évangélistes. Bref, ils travaillent à plein temps pour une association caritative, auprès de leur communauté chrétienne, « on aime la vie », s’esclaffe Paul et ça se voit.
Rebecca a grandi entre la France et le Congo, Paul au Royaume-Uni, dans une famille nigériane. Lorsqu’ils évoquent l’éducation de leurs enfants, leur priorité est claire : puiser dans le meilleur de leurs cultures respectives, tout en prenant de la distance avec les aspects plus « rigides » ou traumatisants de leur propre enfance. « Il y a des choses que j’ai dû désapprendre », confie Paul, « avec Rebecca, nous essayons d’être très intentionnels dans notre manière d’élever nos enfants. » S’ils prennent parfois appui sur leur culture, c’est avant tout leur foi chrétienne qui leur sert de repère principal.
Un mélange subtil entre rigueur française et souplesse britannique
Lorsque nous évoquons les systèmes éducatifs français et britannique, des souvenirs remontent à la surface. « En France, il fallait apprendre à écrire avec des stylos plume, changer les cartouches d’encre, éviter les taches… C’était presque de la calligraphie ! » s’exclame Rebecca, mi-amusée, mi-traumatisée. « C’était très strict, mais ça m’a appris la discipline. Même si c’était inconfortable, je laisserais ma fille passer par là. » Pour elle, cette rigueur française reste un socle essentiel, même si elle ne souhaite pas tout reproduire. Paul, quant à lui, évoque une scolarité beaucoup plus souple : « Je pense qu’au Royaume-Uni, les enseignants sont moins investis aujourd’hui. Il y a un vrai manque de rigueur. » Il se souvient d’un système plus détendu, axé sur l’autonomie, mais parfois au détriment de l’exigence. « On essaie de garder le bon et de laisser de côté ce qui nous a blessés. »
Système ou volonté? Pourquoi les Britanniques n'apprennent-ils pas d'autres langues ?
Pour leur fille Sarah, âgée de deux ans et demi, ils recherchent un équilibre : « On est un peu au milieu, surtout avec Sarah », poursuit Rebecca. « Nous, on se base surtout sur notre foi plus que sur notre culture. Il y a des choses dans notre culture qu’on ne veut pas forcément reproduire. » Ce mélange des influences, rigueur française et créativité britannique, est à leurs yeux une force pour préparer leurs enfants à un monde complexe.
Le bilinguisme et la transmission culturelle : une richesse au quotidien
Leur multiculturalisme devient une richesse, qu’ils vivent dans tous les détails du quotidien : « deux personnes uniques qui se réunissent, ça donne forcément quelque chose d’unique », résume Paul. Dans leur maison, on parle anglais et français, parfois un mot de swahili au détour d’une phrase. La langue française est un pont vers la famille en France, tandis que l’anglais est la langue du pays d’accueil. Rebecca explique qu’ils veulent transmettre la langue, mais aussi la culture, sans tout imposer : « On ne veut pas reproduire certains schémas. Il y a des éléments culturels qu’on laisse de côté, car ils ne correspondent plus à ce qu’on veut pour nos enfants. » Paul ajoute qu’ils se réfèrent davantage aux conseils de leurs proches qu’aux traditions strictes, parce que certaines coutumes vont à l’encontre de leur foi.
Même dans les habitudes les plus simples, leurs différences culturelles se manifestent : « en Angleterre, on ne dit rien, on encaisse. En France, tout est révolution, tout est conflit », s’amuse Paul. Il raconte aussi sa première visite en France : « quand je suis allé en France pour la première fois, j’ai été submergé : les bisous, les gens qui te parlent dans la rue… En Angleterre, nous pouvons passer la journée sans adresser la parole à personne. » Aujourd’hui, ils rient de ces écarts culturels, qu’ils retrouvent aussi chez leurs enfants, comme un miroir.
Notre identité première, ce n’est pas française, congolaise, britannique ou nigériane. C’est d’être enfants de Dieu
La foi chrétienne : un socle commun qui unit et guide la famille
Mais ce qui les unit plus que tout, c’est leur foi chrétienne. « Notre identité première, ce n’est pas française, congolaise, britannique ou nigériane. C’est d’être enfants de Dieu », affirme Paul, d’un ton calme mais ferme. Leur foi n’est pas une simple pratique religieuse : elle oriente leurs choix éducatifs, familiaux, relationnels, « si une tradition nigériane ne colle pas avec notre foi, on ne la transmet pas », ajoute-t-il.
La foi est un cadre, une source d’inspiration, une force intérieure. Pour eux, elle s’incarne dans les gestes simples : dans la manière de se parler, de se soutenir, de poser des limites, de faire preuve de patience. Elle est une présence douce mais constante, qui éclaire leur quotidien.
Paul regrette de ne pas avoir appris le français, ne serait-ce que pour mieux s’imprégner de la culture de Rebecca. Cette langue devient alors un vecteur d’amour, un moyen de renforcer leur union : « Je voulais pouvoir parler avec sa famille, comprendre son monde. »
Elle venait pour trois mois, elle est restée 7 ans
Rebecca n’avait jamais prévu de rester à Londres, « je me disais : je rentre, tout est à Paris. Ma carrière, mes amis. Mais Dieu en a décidé autrement. » Venue pour un stage, elle croise Paul. « Je l’ai vu, ce grand gars, très beau. Et on est devenus amis. Juste amis. Puis... », la relation se tisse, « je voulais rentrer en France, et puis il m’a demandé d’être sa copine. Je me suis dit : bon, essayons. » La COVID frappe. Elle perd son travail. Et Paul la demande en mariage. Été 2020. « On s’est mariés en décembre. Notre premier baiser, c’était à l’autel. »
Rebecca ne voulait pas de Londres, « je détestais, mon cœur était à Paris. Ma vie était là-bas. » Aujourd’hui, elle en rit. « Nous sommes allés à Paris le week-end dernier. Et j’ai dit à Paul : “Mais qu’est-ce que je fais ici ? Ramène-moi à Londres !” »
Ils ont bâti leur vie dans les tours de Stratford. Ils y élèvent leurs enfants, prêchent dans leur église, croisent les passants. Ceux qui ne saluent pas toujours. Mais qu’importe. Rebecca et Paul sont là pour semer autre chose. De la joie, de la foi. Et un peu d’amour.
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