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Tout savoir sur le Berghain, l'énigmatique club berlinois

Terrifiant mais fascinant, le Berghain est un lieu pluridisciplinaire à la radicalité hors du temps. Voici les choses à savoir sur le temple de la techno.

Marc Zeman - UnsplashMarc Zeman - Unsplash
© Marc Zeman - Unsplash
Écrit par Héloïse Leclercq
Publié le 3 janvier 2024, mis à jour le 3 janvier 2024

 

1. Un lieu d’expérimentation et de réflexion en Allemagne

Après avoir traversé le grand hall brutaliste, gravi les impressionnants escaliers en acier, la lumière noire et les basses de la piste de danse du Berghain auront vite fait de vous avaler entier.e.s. La musique est projetée sur le dance-floor par de grands amplificateurs, les DJ appelé.e.s à mixer atteignent le graal de la scène électronique mondiale en glissant vinyles et clés USB sur les platines de l’ancienne centrale électrique. Le système son, colosse jonché dans les veines bétonnés suspendues, est seulement exploité à 10% de ses capacités, bien assez pour soulever les poitrines au rythme des tracks endiablées.

Aucune fenêtre ne laisse deviner au public ni l’heure ni le jour, et la lumière implique rapidement une perte de repères dans l’espace temps. Il faudra parfois attendre de longues minutes pour accéder aux toilettes du club, dans lesquelles règne une atmosphère chimique débridée. A l’antipode des soirées club d’Ibiza, l’ambiance qui réside dans le temple de la techno, dénuée d’hostilité, est en partie responsable d’un flux durable de touristes vers la capitale allemande. L’harmonie entre les corps, les couleurs et le son y règne en maître et son public, en quête d'alternatives, célèbre chaque week-end de manière frénétique et nihiliste le temps présent. 

 

Arne Müseler - Wikimedia commons
© Arne Müseler - Wikimedia commons 


2. Une ancienne centrale électrique à Berlin

Ouvert depuis 2004, successeur du club Ostgut initialement situé dans le quartier de Mitte, le Berghain a investi une centrale électrique désaffectée sur un terrain vague. L’euphorie du club gay Ostgut aura durée 5 ans pendant lesquels les nuits berlinoises sans fin auront renouées avec l’underground. Le patron, Michael Teufele, déménage alors dans le bâtiment actuel, un bloc de béton de 18 mètres de haut, typique de l'Allemagne de l’Est. L’espace est divisé en deux clubs, le Panorama bar à l’étage, où les gigs groovy et House sont de mises et le Berghain, monstre de la techno, qui accueillait déjà à l’époque Ben Klock ou Marcel Dettmann pour des mix durant jusqu’à douze heures d’affilée. 

Le Saüle, la Kantine am Berghain et la Halle accueillent également sur les ailes du bâtiment des expositions et concerts de musiques marginales et expérimentales. C'est précisément grâce à sa force pluridisciplinaire que le Berghain conserve une image solide, tandis que de nombreux clubs ont déjà mis la clé sous la porte. Le lieu a également su diversifier son activité en créant son propre label, Ostgut Ton, tout en demeurant un véritable sanctuaire pour les passionnés de musique techno. Pour de nombreux.ses passionné.e.s de musique techno, le Berghain représente un des derniers refuges existants où ils peuvent librement exprimer leur hédonisme et se déconnecter temporairement de la réalité.
 


3. Entrer au Berghain 

Pour se faire adouber par Sven, pas question de porter une chemise ou des talons, mieux vaut enfiler vos vieilles baskets et un pull en laine de seconde main, ou pour les plus tumultueux la jouer cuire et latex, à vos risques et périls… Les tenues sombres et minimalistes sont à privilégier, le but étant de ne pas de se faire remarquer. Dans la file d’attente, il s’agira de se laisser tranquillement porter vers la porte d’entrée, sans être trop bruyant et pour éviter d’attendre des heures, mieux vaut arriver très tôt ou très tard. Les habitué.e.s privilégieront souvent d’y aller le dimanche matin, pour profiter de la Klubnacht hebdomadaire jusqu’au lundi matin. 

 

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© Norbert Braun - Unsplash 

 

On admettra que le refus ne doit pas être pris personnellement, le Berghain conserve son droit de dire non et depuis 2014, Sven Marquardt, le célèbre physionomiste du club, est devenu le symbole de cette politique imprévisible d'entrée. Accéder au sanctuaire de la musique techno n'est pas une mince affaire, comme en atteste l'expérience d'Elon Musk, qui n'est pas le premier à se heurter à ce défi ; même Britney Spears aurait été refoulée à l'entrée du Berghain pour ne pas avoir respecté les codes vestimentaires.


 



4. La contre culture berlinoise et son esthétique radicale 

En tant que symbole de la liberté sexuelle et sujet d'une fascination obsessionnelle, ce club incarne plus que tout autre la révolution musicale et esthétique qui a ancré Berlin au cœur du réseau mondial d'un capitalisme récréatif, artistique et culturel. L'esthétique prônée, empreinte du “Pauvre mais Sexy” - slogan trouvé par le maire de Berlin, Klaus Wowereit dans les années 1980 - qu’incarne la capitale allemande , rend la techno pérenne. 

Prendre des photo est proscrit au Berghain et à l’heure où les storys instagram sont omniprésentes, ce choix découle de motifs profondément ancrés dans l'essence même de l'endroit. Le club se préserve de la captation d'images avec la même détermination qu'il se préserve de toute influence extérieure. 

L'esthétique intemporelle du Berghain réside dans son ambiance industrielle et minimaliste, qui échappe aux caprices insatiables des tendances culturelles éphémères. Cette atmosphère hors du temps, représentative de la contre culture berlinoise, est cultivée par la mise en avant de l'expérience musicale brute et la libre expression, offrant ainsi aux visiteurs une évasion atemporelle des contraintes de la vie quotidienne.

 

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