Frohe Ostern ! Dans quelques jours, nous célébrerons Pâques. Découvrez comment cette fête religieuse, mais pas seulement, est célébrée en Allemagne.


Une fête de lumière et de renouveau
Chaque année, au cœur du printemps, l’Allemagne s’embrase de traditions à l’occasion d’Ostern – Pâques en allemand. Du vendredi saint au lundi de Pâques, le pays tout entier ralentit, les supermarchés ferment, et une atmosphère douce, empreinte de spiritualité et de gourmandise, s’installe dans les foyers. Fête chrétienne par excellence, Pâques célèbre la résurrection du Christ, mais aussi, à travers un enchevêtrement de symboles païens et religieux, le retour de la lumière, la fertilité, et le renouveau du printemps.
Si, en France, ce sont des cloches ailées qui reviennent de Rome pour déposer œufs et friandises dans les jardins, l’Allemagne a misé sur un coursier plus rapide : le lièvre de Pâques, ou Osterhase, figure de la fécondité et de la régénération, capable de semer des œufs colorés à la vitesse de l’éclair. Très différent du lapin par sa taille et sa forme, plus ancien qu’on ne l’imagine, ce lièvre-là règne depuis le XVIIe siècle sur l’imaginaire pascal germanique. Associé à la déesse Aphrodite et au dieu Éros, il était alors mangé pour ses vertus. Aujourd’hui, il continue d’enchanter les enfants… et d’envahir les rayons des supermarchés, avec une démesure en Allemagne que la France a largement copiée.

Le mystère d’Ostern : un mot venu de l’Est
Contrairement au mot français "Pâques", issu de l’hébreu Pessah, "Ostern" n’a rien de biblique. Pendant longtemps, les linguistes ont cru qu’il provenait d’une divinité nommée Ostara, incarnation de l’aurore. Faute de preuve, l’hypothèse a été largement mise en doute, au profit d’une étymologie plus solaire : Ost ou East, c’est-à-dire l’est, direction du lever du soleil. Une coïncidence troublante ? Pas vraiment. Pâques est bien la fête du renouveau, du réveil de la nature, du miracle de la lumière retrouvée après les ténèbres de l’hiver et de la crucifixion de Jésus.
La tradition en Allemagne
Osterfeuer
En Allemagne, l’un des moments les plus impressionnants des célébrations pascales reste l'Osterfeuer, feu de Pâques allumé en Allemagne du Nord et de l'Est, lors de la nuit du samedi au dimanche. On y célèbre alors la puissance du soleil, indispensable à la germination et à la moisson. Le feu, allumé devant les églises lors de la vigile pascale, illumine les villages et symbolise à la fois la résurrection du Christ et le retour de la fertilité, ici des terres. Un moment de ferveur, de chaleur, et de partage, au cœur de la nuit.
Chocolat et chasse aux œufs
La tradition d’offrir des œufs décorés remonte bien avant le christianisme : les Perses, les Égyptiens, les Romains s’échangeaient déjà ces symboles de vie au printemps. En Allemagne, cette coutume s’est enrichie au fil des siècles, jusqu’à donner naissance à une véritable chasse au trésor : l’Ostereier-Verstecken. Le matin de Pâques, les enfants parcourent jardins et salons, paniers à la main, à la recherche d’œufs colorés, de bonbons et de figurines en chocolat. La légende veut que ce soit le Osterhase lui-même qui les ait déposés, dans un élan de générosité sautillante.
L’agneau ou Osterlamm
Symbole à la fois juif et chrétien, l’agneau trône aussi sur les tables allemandes à Pâques. Dans les boulangeries, il prend la forme d'un Osterlamm, un petit biscuit sucré cuit dans un moule en forme d’agneau, partagé en famille le dimanche de fête. On y retrouve l’écho du sacrifice de l’agneau dans la tradition juive de la Pâque, ainsi que l’image du Christ en tant qu’"Agneau de Dieu", innocent et porteur de paix. Un dessert à la fois simple, symbolique et profondément enraciné dans la culture allemande.
Toute aussi connue, la brioche tressée de Pâques, l'Osterzopf – souvent garnie de raisins secs – fait aussi partie des incontournables de la table des Allemands, en ce long week-end férié.
Au-delà des œufs, du chocolat et des lapins, Pâques en Allemagne, comme en France, reste un moment profondément ancré dans la foi chrétienne. Les messes de la Semaine Sainte, le silence du Vendredi saint – férié dans les Länder majoritairement protestants –, les bougies allumées lors de la Vigile pascale : autant de rites qui rappellent que cette fête est d’abord celle de la résurrection et de l’espérance.
Réédition et mise à jour de l'article de A.G paru en avril 2020
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