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Varsovie-compétitivité et commerce, Marc Ferracci : « Il vaut mieux agir que réagir »

La Pologne est le cœur de l’Europe depuis le 1er janvier 2025, mais aussi son pivot. Marc Ferracci, ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie et Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger se sont rendus à Varsovie les 3 et 4 février, afin, entre autres, de participer à une réunion informelle et inédite qui a réuni les ministres européens chargés de la compétitivité et du commerce.

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https://newsroom.consilium.europa.eu/events/20250204-joint-meeting-of-competitiveness-and-trade-ministers-february-2025
Écrit par Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Publié le 7 février 2025, mis à jour le 21 mars 2025

 

Une réponse aux constats du rapport Draghi 

Cette réunion inédite, organisée par la présidence tournante polonaise de l’Union européenne, est une réponse aux constats du rapport Draghi, qui invite à coordonner la politique industrielle et la politique commerciale au service de la compétitivité européenne.

L’occasion pour les ministres de diffuser auprès de leurs homologues les propositions de la France pour une stratégie industrielle européenne, dans le cadre du débat sur le Pacte Industrie Propre porté par la présidente de la Commission.

Pour rappel, au début du mois de septembre 2024, Mario Draghi avait présenté à Bruxelles le rapport que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lui avait commandé un an auparavant.

Concernant le volet économique, l’ancien Premier ministre italien et président de la Banque centrale européenne (BCE) de 2011 à 2019 mentionnait à plusieurs reprises le « fardeau réglementaire » auquel sont soumises les entreprises européennes par rapport à leurs homologues chinoises ou américaines, contribuait à créer des « conditions de concurrence inégales au niveau mondial » pour les « entreprises par ailleurs productives » de l’Union européenne.

 

Il vaut mieux « agir que réagir »

C’est dans le but d’organiser une Europe munie d'une politique industrielle plus efficace et simplifiée, permettant de faire croître les entreprises, que Laurent Saint-Martin et Marc Ferracci se sont rendus à Varsovie. 

« La commission doit être capable de sortir des silos et avoir des débats qui relient le commerce et l’industrie. L’Europe ne pourra pas gagner cette course [contre les EU et la Chine] avec une stratégie commerciale différente sur les 27 Etats membres », insiste le cabinet du ministre de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci. Ajoutant : « Les fonctionnements à Bruxelles ne sont pas sains et il nous faut une organisation plus cohérente qui mette nos stratégies industrielles et nos stratégies commerciales en relation. »

D’une part, la balance commerciale de l’Union européenne a perdu 200 milliards d’euros depuis 2019, d’autre part, le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis s’accompagne de menaces concernant de nouveaux droits de douane à l’Union européenne, ce qui impacterait massivement les 27. C'est « Un agenda de sortie de la naïveté commerciale », résume le cabinet du ministre.

Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, a insisté, le 4 février à Varsovie, sur le fait qu’il était primordial d’ « agir et non pas [de] réagir » face aux États-Unis, qu’une « simplification des législations et normes EU » étaient nécessaires.  Ajoutant : « Je pense qu’on ne doit pas rentrer dans une négociation en faisant des concessions, je pense qu’on doit déjà attendre les décisions qui seront prises par l’administration américaine sur les tarifs douaniers et ensuite nous établirons une position commune, je l’espère en Européens, mais s’engager dans la discussion en mettant sur la table des conditions, je pense, que ce n’est pas la bonne approche. »

 

Quant à Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, il a rappelé le 4 février à Varsovie, que : « La guerre commerciale n’est dans l’intérêt de personne. Notre position reste très claire, nous ne souhaitons pas une guerre commerciale [mais] ce n’est pas parce que vous ne souhaitez pas une guerre commerciale que vous ne devez pas vous préparer au pire et que vous ne devez pas travailler en Européen à des mesures éventuelles de rétorsion – je dis bien éventuelles, parce qu’à l’heure où on se parle, il n’y a pas de hausses tarifaires de la part des États-Unis vers l’Union européenne »

 

La Pologne est le pays le plus pro-américain au monde

 

Acier européen : Buy European Act et CBAM

L’acier européen est menacé de disparition, sans mesure de soutien de l’Union européenne. Et c’est urgent.

« À l’image de l’investissement prévu à Dunkerque d’ArcelorMittal pour produire de l’acier vert, ce sont des investissements industriels à plusieurs milliards d’euros que nous devons risquer en garantissant un certain volume dans la demande. C’est la principale interrogation de la filière à ce jour pour débloquer ses investissements », explique le cabinet du ministre de l’Industrie.

 

La révision du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF - CBAM Carbon Border Adjustment Mechanism), devrait être favorable aux producteurs européens d’acier. Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières est censé protéger les producteurs européens, en taxant les produits étrangers importés sur le marché européen en fonction d’un prix du carbone.

 

Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF - CBAM - Carbon Border Adjustment Mechanism) est un instrument règlementaire européen visant à soumettre les produits importés dans le territoire douanier de l’Union européenne à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits.
- L’objectif premier de ce dispositif est de lutter contre les fuites de carbone, dans un contexte de renforcement de l’ambition climatique au niveau européen.
- « Si l’Europe ne décide pas de protéger son marché de la concurrence déloyale, alors ce sont des pans entiers de notre industrie qui vont disparaitre à brève échéance », déclarait Alain Le Grix de la Salle lors d’une audition parlementaire à Paris.

 

Afin de privilégier les ressources européennes, « Un texte sera déposé au cours du premier semestre 2025, suite à un important travail d’influence de notre part pour convaincre certains pays membres sceptiques sur le dispositif dès le départ. C’était le cas de pays de l’est de l’Europe, mais aussi de l’Italie. Nous avons réussi à fédérer une large minorité sur ce besoin de revoir ce mécanisme lors du dernier conseil européen de compétitivité début décembre », détaille le cabinet de Marc Ferracci.

 

Stéphane Séjourné à Varsovie

La réunion informelle des ministres du Commerce, du Marché intérieur et de l’Industrie de l’UE à Varsovie a été présidée par le ministre du Développement et de la Technologie, Krzysztof Paszyk.

Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, Maroš Šefčovič, commissaire chargé du commerce et de la sécurité économique, et Simon Mordue, secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure, ont également participé aux discussions, ainsi que les ministres de l’Industrie des pays de l’AELE.

« Il est dans l’intérêt des Européens de maintenir une relation forte et significative avec les États-Unis, comme nous continuons de le croire, tout comme c’est dans l’intérêt des Américains, d’avoir également une relation de confiance et positive avec l’Europe. » a déclaré Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne, chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle.

 

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Joint meeting of Competitiveness and Trade Ministers - February 2025

 

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