Jeudi 10 novembre s’est tenue à Gdansk, dans l’un des plus grands cimetières militaires français hors de France métropolitaine, la commémoration du 11 novembre 1918. Pour l’occasion, Mme. Lucie Stepanyan, chargée d’affaires ad interim, représentant l’ambassade de France à Varsovie, a présidé la cérémonie, lors de laquelle elle a déposé une gerbe, ainsi que les autorités locales, le consul honoraire de Gdańsk, Alain Mompert, le détachement français du JFTC de Bydgoszcz, les représentants de la Marine polonaise, les associations d’amitié France-Pologne, les associations des anciens combattants et les élèves du lycée n°2 de Gdynia, en présence de nombreux membres de la communauté francophone de Poméranie. Cette journée a également été marquée par l’inauguration du tout nouveau portail - l’un des éléments d’une plus large rénovation, en compagnie d’Eric Dapoigny, Président de la société immobilière YAREAL, qui a accepté de répondre à nos questions. Mais pour débuter, revenons sur le discours de Mme Lucie Stepanyan et les origines de ce lieu emblématique de l’histoire franco-polonaise.
14-18 = « celle qui devait être la der des der »
Madame Stepanyan, première conseillère de l’ambassade, assumait le rôle de chargée d’affaires ad interim et représentait l’ambassadeur Frédéric Billet en déplacement à Paris à l’occasion de la visite du ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau.
« (…) C’est aujourd’hui le 104e anniversaire de l’Armistice. Le lundi 11 novembre 1918 à 11 heures dans toute la France, les clairons ont retenti et les cloches de toutes les églises ont sonné. C’était la fin de quatre longues et terribles années de combats meurtriers. 8 millions de morts. 6 millions de blessés et mutilés.
Autour de nous, ce sont 1359 Français qui ont trouvé leur dernier repos dans la terre polonaise : des hommes tombés durant les guerres napoléoniennes, la guerre de 1870, la Première Guerre mondiale = celle qui devait être la der des der, et pour la plupart d’entre eux durant la Seconde Guerre mondiale qui a tant marqué ces terres de Poméranie et la Pologne. Leurs destins traduisent à eux seuls toute l’horreur de la guerre et l’héroïsme de ces hommes, dont certains ont connu la déportation, d’autres combattu dans le maquis polonais. Derrière l’uniformité des sépultures, ce sont les idéaux qui animaient ces hommes qui nous parlent aujourd’hui : l’amour de leur pays et la défense de la liberté.
Le Général de Gaulle lors de sa visite à Gdansk en septembre 1967 a résumé avec quelques mots simples ces destins : « morts pour la France et la Pologne ». (…) »
(…) Depuis 2012, c’est aussi le jour où nous honorons tous les civils et les militaires « morts pour la France », tant sur le territoire national qu’à l’étranger. Aujourd’hui, nous nous inclinons aussi devant eux avec une pensée particulière pour le brigadier-chef Alexandre Martin, mort au combat au Mali le 22 janvier 2022.
Le 11 novembre, nous célébrons aussi l’anniversaire de l’indépendance retrouvée de la Pologne. En cette date particulière, nous nous souvenons avec reconnaissance et admiration des volontaires polonais qui, dès 1914, rejoignirent les régiments français.
Au-delà du recueillement en mémoire de nos morts, le 11 novembre, nous invite à se souvenir pour mieux se tourner vers l’avenir, avec cette conviction que c’est de notre histoire partagée, de ses moments les plus douloureux, que peut naitre un avenir commun.
Lors du 70e anniversaire du 11 novembre en 1988 à Rethondes, François Mitterrand le formulait ainsi :
« Cette paix qu’ils ont su gagner, c’est à nous non seulement de la préserver, mais encore de la renforcer. Rejetons donc toute forme d’idéologie totalitaire d’où ne peut surgir que le malheur des hommes. Et repoussons toute faiblesse génératrice de servitude, bref, soyons disponibles pour construire la paix. (…) »
Quid du cimetière militaire français de Gdansk
Pourquoi un cimetière militaire français en Pologne ?
La Seconde Guerre mondiale terminée, la France organise la recherche, l'identification et le rapatriement des prisonniers de guerre et des militaires inhumés à l'étranger. Une « mission française de recherche en Pologne » travaille dans le pays jusqu'en 1950 pour retrouver des tombes et dresser la liste des morts. Ce cimetière réunit les corps de 1.359 Français, hommes tombés durant les guerres napoléoniennes, la guerre de 1870, la Première et la Deuxième Guerre mondiale.
L'Ambassade de France à Varsovie assure l'entretien et la gestion du site, sur la base d'une dotation budgétaire allouée par le ministère des Armées.
Nouvelle clôture, nouveau portail et bientôt la rénovation de la maison du gardien grâce à la société YAREAL
Eric Dapoigny, Président de la société immobilière, a accepté de revenir sur la genèse de la rénovation de certains éléments du cimetière, et les détails de ces réalisations, par sa société.
Lepetitjournal.com/varsovie : Eric Dapoigny, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Eric Dapoigny : Je suis arrivé il y a 25 ans en Pologne, tout d’abord comme directeur des projets immobiliers à l’international chez Bouygues. À ce titre je collaborais pas mal avec le groupe Auchan, avec lequel j’avais signé, à l’époque, un contrat-cadre pour construire les hypermarchés de la marque. J’ai ainsi poussé et convaincu Auchan à s’établir en Russie, où nous avons, par la suite, construit les hypermarchés. Pour faire court, j’ai monté pas mal de projets dans le monde, notamment en Europe de l’Est et au Proche Moyen-Orient. Un jour j’ai croisé la route des actionnaires du Groupe COGEDIM qui m’ont proposé de monter avec eux une société en Pologne, c’était en 2005, et c’est comme cela que YAREAL a été créée, en partant de zéro ! Je la dirige depuis 18 ans, elle s’est plutôt bien développée et est considérée comme « le promoteur haut de gamme du marché ». Nous sommes principalement actifs sur Varsovie et Trojmiasto (NDLR Triville ou Tricité, conurbation au bord de la Baltique englobant Gdansk, Sopot et Gdynia) où nous développons des projets de logements et de bureaux. À ce jour, rien qu’à Varsovie, nous avons construit plus de 4.000 appartements de luxe dans 38 immeubles, plus de 130.000 m²de bureaux modernes et nous en avons autant en cours de développement. Nous sommes aussi fiers d’avoir pu renforcer la visibilité française en accueillant dans nos immeubles les sièges de grands groupes français comme BNP Paribas, SODEXO, PLAY, AXA …, mais aussi des institutions comme la CCIFP.
Qu’est-ce qui vous a conduit à vous intéresser au cimetière militaire français de Gdansk ?
Nous avons actuellement un projet à Gdansk sur un terrain qui est voisin du cimetière français. Lors des discussions que nous avons eues avec la ville de Gdansk, la Mairie nous a demandé s’il était possible de trouver un moyen d’accéder au chantier sans causer de nuisance aux riverains. Nous nous sommes donc rapprochés de l’Ambassade de France à Varsovie, afin de savoir si nous pouvions accéder au chantier par une bande de terrain qui longe le cimetière, et en échange, il nous a paru normal de participer à la rénovation. Ainsi nous avons refait toute la clôture qui longe le cimetière et qui avait été assez malmenée par les sangliers. Nous avons également construit un portail d’entrée à la hauteur de ce lieu mémoriel, et la dernière étape sera la rénovation complète de la maison du gardien, qui se trouve sur la droite quand on pénètre dans l’enceinte, afin qu’elle puisse être utilisée pour des pots ou de petits événements, à l’avenir.
Est-ce dans l’ADN de YAREAL de soutenir ainsi la communauté ?
Nous avons déjà soutenu l’an passé l’exposition de photos consacrée au mouvement Solidarność qui était présentée sur les grilles de l’Ambassade de France.
Nous avons la chance d’exercer un métier qui laisse une trace durable pour les générations futures. Aussi mettons-nous un point d’honneur à avoir une qualité architecturale qui soit un marqueur fort de la présence et de la culture française. C’est ainsi que pour l’immeuble siège de la CCIFP, nous avons reçu le Grand Prix de la Ville de Varsovie .
La rénovation du cimetière de Gdansk telle que nous l’avons évoquée avec M. l’Ambassadeur, Frédéric Billet, rentre parfaitement dans cet objectif conjoint avec l’Ambassade, de promotion de la France. Nous sommes très heureux qu’il l’ait acceptée, fiers de la réaliser, et espérons qu’une prochaine opportunité se présentera rapidement.
L'album photo de la commémoration
Du côté du cimetière militaire de Powązki à Varsovie
Le vendredi 11 novembre 2022, à Varsovie, l’Ambassadeur Frédéric Billet a présidé la cérémonie du dépôt de gerbes au carré français du cimetière militaire de Powązki en présence des représentants des missions diplomatiques à Varsovie, représentants de l’armée polonaise, conseillers des Français de l’étranger, associations des anciens-combattants ainsi que des élèves du Lycée Français de Varsovie.