Cette année, à Valence, La Fondation Bancaja met à l’honneur le peintre le plus international de la ville, Joaquin Sorolla, avec l’exposition “Sorolla. Dibujante sin descanso”. Le public pourra admirer plus de cent dessins qui rendent compte, pas à pas, du processus d’élaboration des tableaux du maître valencien. Aussi, pour nos lecteurs, il nous a paru opportun de revenir sur la vie de ce grand peintre qui se distingue comme le génie de la lumière et des infinies nuances du blanc.
Né à Valence, le 27 février 1863, Joaquin Sorolla y Bastida est le fils aîné d’un commerçant. À l’âge de onze ans, il commence à suivre des cours de dessin, puis entre à l’Académie royale des Beaux-Arts de San Carlos. À l’âge de 18 ans, il s’installe à Madrid pour compléter sa formation au contact de grands maîtres au musée du Prado. Sorolla y étudie en particulier l'œuvre de Vélasquez et présente trois paysages marins de Valence à une exposition madrilène. En 1884, il obtient une médaille dans une exposition régionale à Valence puis dans une exposition nationale. Cela le conduit à voyager jusqu’à Rome, dont rêvent tous les peintres de son époque. Ce court séjour dans la capitale italienne lui permet d’admirer les œuvres des grands maîtres. Ensuite, Sorolla séjourne à Paris et découvre l’impressionnisme.
Un peintre influencé par les impressionnistes
C’est à Paris, sous l’influence des impressionnistes, que Sorolla va progressivement éclaircir sa palette et offrir des scènes de plage particulièrement lumineuses. On qualifie de luminisme cette peinture recherchant les effets de la lumière sur l’eau.
Le Musée d’Orsay possède une seule toile : Le retour de la pêche (1894), dont les dimensions sont importantes 265 X 403,5 cm. La scène se passe au bord de la mer, au retour d’une barque de pêche sur la plage El Cabanyal à Valence. Au centre de la composition, deux bœufs tirent une barque catalane. Un marin est assis sur l’encolure d’un des boeufs qu’il semble guider.
Un artiste amoureux des femmes
Mais c’est lors de l’exposition “Sorolla, femenino plural”, qui s'est tenue dans plusieurs villes d'Espagne dont Valence, que les visiteurs ont pu admirer les femmes qui occupent une place essentielle dans l'œuvre de l’artiste. Dans les tableaux du peintre valencien, les femmes sont toujours individualisées : elles sont des personnages concrets. Sorolla peint des femmes au travail, comme les pêcheuses qui s’occupent de leurs enfants sur la plage, attendant le retour des hommes ou encore celles qui déchargent leur panier pour aller vendre le poisson au marché.
À côté de ces femmes puissantes, Sorolla représente les élégantes issues de l’aristocratie, de la bourgeoisie, mais aussi des actrices, des femmes célèbres, etc.
Sorolla, génie de la lumière
Sur les notes du Concerto d’Aranjuez, il serait agréable de découvrir l'œuvre de l’artiste à la sensibilité aux multiples nuances comme les irradiations de la lumière qu’il reproduit avec son pinceau. Cette peinture en plein air tente de traduire les subtilités de la lumière méditerranéenne, aussi bien dans la Huerta de Valence que sur la plage, à l’instar des Impressionnistes français.
Sa maîtrise de la couleur blanche confère à son œuvre une signature très remarquée. Particulièrement dans les jeux d’enfants ou les scènes familiales, le travail des pêcheurs ; le peintre éblouit avec l’écume nacrée des flots mais aussi avec la blancheur des visages enfantins. Ces scènes de plage, où la lumière permet la visibilité du mouvement, assure un vitalisme très revigorant, comme la brise qui s’engouffre dans les robes ou gonfle les voiles des bateaux.
La reconnaissance mondiale d’un peintre valencien
En 1896, Sorolla figure à l’Exposition internationale de Berlin, où il obtient la médaille d’or. Le tableau Pêcheurs valenciens est acquis par la Nationale Galerie de Berlin. Le succès international le conduit à une grande aisance financière. En 1900, il obtient la médaille d’honneur de l’exposition universelle de Paris et est même nommé chevalier de la Légion d’honneur !
En 1902, Sorolla expose au Salon de la Société des artistes français, puis se rend à Londres, en compagnie de Pedro Gil, où il admire La Vénus au miroir de Velasquez. En 1903, il va en Belgique et aux Pays-Bas, où il se familiarise à la peinture des maîtres néerlandais, particulièrement Rembrandt et Frans Hals. Sorolla est nommé académicien d’honneur par l’Académie royale des Beaux-Arts de Lisbonne et académicien correspondant par l’Académie royale de San Carlos de Valence.
En 1911, une exposition personnelle a lieu à l’Art Institute de Chicago et donne à voir 171 oeuvres du peintre valencien.
Retour en Espagne et postérité
En 1913, Joaquin Sorolla déménage à Madrid. Il y installe son atelier en plein air et travaille au premier panneau de Vision d’Espagne. À la fin de sa vie, il acquiert une vaste demeure avec un parc qui lui offre de nombreux thèmes picturaux. Alors qu’il peint dans son jardin, il est atteint d’une attaque d’hémiplégie. Il sera dès lors dans l’incapacité de peindre. Sorolla meurt à Madrid le 10 août 1923. Il aura connu une carrière jalonnée de succès, de prix et de grandes réalisations. En 2016, le Musée des Impressionnistes à Giverny lui consacre une exposition.