Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 2
  • 0

Le congé menstruel fait son entrée en Espagne, une première en Europe

L'Espagne a récemment introduit une nouvelle législation novatrice en Europe : le congé menstruel. Adoptée le 16 février dernier et entrée en vigueur le jeudi 1er juin, cette loi permet aux femmes salariées de prendre un congé en cas de règles douloureuses qui les handicapent, notamment en raison de problèmes de santé tels que l'endométriose.

une femme avec des règles douloureuses une femme avec des règles douloureuses
Sora Shimazaki, Pexels
Écrit par Léonie Maratzu
Publié le 9 juin 2023, mis à jour le 11 juin 2023

Dans cet article, nous examinerons de près les détails de cette loi révolutionnaire, qui ouvre la voie à une approche plus progressive de la santé féminine en Europe.

 

Règles douloureuses : Quand l'incapacité temporaire entre-t-elle en vigueur ?

En Espagne, le congé menstruel, entièrement financé par la Sécurité sociale, est désormais autorisé pour les femmes atteintes de dysménorrhée secondaire, une pathologie qui provoque des règles douloureuses liées à des affections telles que l'endométriose, les fibromes, l'adénomyose, les inflammations pelviennes, les ovaires polykystiques ou les troubles du flux menstruel. Ce congé s'ajoute au congé pour interruption volontaire de grossesse (à partir de la 39ᵉ semaine de grossesse), qui n'est, par ailleurs, pas décompté des 16 semaines de congé parental.

Contrairement aux autres cas de congé pour incapacité temporaire (où l'indemnité est perçue à partir du quatrième jour), les femmes bénéficiant du congé menstruel commencent à percevoir des rémunérations dès le premier jour. Celles-ci sont assurées par la Sécurité sociale afin de soulager les entreprises des dépenses supplémentaires. Et ainsi éviter les éventuelles discriminations à l’embauche. Cependant, le pourcentage du salaire perçu pendant ce congé reste inférieur à 100%, et il est nécessaire d'avoir cotisé durant 180 jours au cours des cinq dernières années pour être éligible à ce congé.

La durée précise du congé n'est pas spécifiée dans la loi, mais on peut estimer qu'elle sera d'environ trois jours, comme la durée moyenne des règles, posant ainsi la question pour les femmes ayant des règles excédant ce laps de temps. Il est important de noter que la demande de congé pour douleurs menstruelles nécessite un certificat médical. Cependant, les médecins ont souvent tendance à minimiser les douleurs menstruelles des patientes, car la mention subjective de "règles douloureuses" dans la loi peut prêter à confusion. Néanmoins, le gouvernement précise que des règles douloureuses correspondraient à une douleur anormale accompagnée d'autres symptômes tels que la fièvre et/ou la diarrhée.

 

L'Espagne devient pionnière en Europe en adoptant le congé menstruel

des femmes en train de travailler autour d'une table
Kindel Media, Pexels

Alors qu'en France, l'IFPO estime qu'une femme sur deux souffre de règles douloureuses, le congé menstruel reste une pratique luxueuse limitée à quelques pays à travers le monde, tels que le Japon (depuis 1947), la Corée du Sud, l'Indonésie, Taïwan et la Zambie (depuis 2015), ainsi que dans certaines entreprises comme Carrefour en France, qui propose des congés pour les employées souffrant d'endométriose.

L'Espagne se positionne donc en tant que pionnière en Europe, avec pour objectif déclaré par le gouvernement de briser le tabou entourant les règles et les douleurs menstruelles. Le texte de loi indique qu’ “Il s'agit d'accorder à cette situation pathologique une régulation adaptée afin d'éliminer tout biais négatif” pour les femmes “dans le monde du travail”.

Cependant, l'idée d'un congé menstruel suscite des inquiétudes quant à une possible discrimination à l'embauche. En Espagne, le syndicat UGT (socialiste) s'est particulièrement préoccupé de la possibilité que les employeurs évitent d'embaucher des femmes pour éviter ces absences. De son côté, le Parti Populaire (PP, conservateur), principale formation de l'opposition de droite, met en garde contre le risque de "marginalisation" et de "stigmatisation", ainsi que les "conséquences négatives sur le marché du travail" pour les femmes.

Sujets du moment

Flash infos