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3 fois plus de femmes que d'hommes renoncent au travail pour s'occuper de la famille

une mère avec ses enfantsune mère avec ses enfants
karlyukav Freepik
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 18 mars 2023

Selon les données de l'INE, en 3 ans 1,3 millions de femmes en Espagne ont abandonné -totalement ou partiellement- leur carrière pour s'occuper des enfants ou de personnes âgées.

 

 

D'une manière générale, ce sont toujours les femmes qui sacrifient leur vie professionnelle lorsque surviennent des situations vitales, telles que la naissance d'un enfant ou la nécessité de s'occuper d'un membre de la famille s'il tombe malade.

 

Même si l'Espagne peut se targuer d'avoir des lois parmi les plus féministes au monde, les mentalités changent plus lentement. Il y a des raisons historiques, dans certains cas, et des raisons pratiques dans d'autres, puisque l'écart salarial entre les hommes et les femmes conduit les familles à choisir celle qui gagne le moins. Parfois, c'est pour de bon, parfois pour quelques années, avec l'intention de réintégrer le marché du travail à une date ultérieure. Il s'agit d'un problème social et économique majeur qui n'a pas encore été résolu, quelle que soit la législation adoptée dans l'intention de promouvoir l'égalité.

1,3 millions de femmes versus 379.000 hommes

Selon les données de l'INE, depuis le deuxième trimestre 2020, après l'apparition de la pandémie, 1,31 million de femmes en Espagne ont quitté leur emploi pour s'occuper d'enfants ou d'adultes malades ou handicapés ou pour remplir des obligations familiales, alors que seulement 379.600 hommes ont fait de même, soit trois fois moins.

 

En outre, les prévisions des deux groupes sont différentes. Parmi les femmes, 77% se considèrent comme inactives (c'est-à-dire qu'elles ne travaillent pas mais ne cherchent pas non plus de travail, car elles savent qu'elles ont d'autres obligations à remplir), tandis que 62% des hommes se considèrent comme inactifs et que les 38% restants se considèrent comme chômeurs et cherchent donc du travail (contre seulement 23% des femmes), d'après l'enquête sur les forces de travail.

 

La tendance des femmes à quitter le marché du travail dans ces situations est également visible dans les statistiques du ministère du Travail espagnol. Sur le nombre total de personnes à la recherche d'un emploi dans le pays parce qu'elles sont au chômage, 60,2% sont des femmes et 56% d'entre elles ont plus de 45 ans, ce qui signifie qu'elles ont peut-être déjà fini d'élever leurs enfants. Cela signifie qu'il y a 657.910 femmes de plus que d'hommes à la recherche d'un emploi parce qu'elles n'ont pas de travail.

Travail à mi-temps: 474.000 femmes contre 49.000 hommes

Il existe cependant des cas où les femmes ne quittent pas complètement le marché du travail, mais réduisent leur temps de travail (474.000 femmes travaillent à temps partiel pour s'occuper de leurs obligations familiales, ce qui n'arrive qu'à 49.100 hommes, soit 10%) ou le réorganisent (par exemple, avec un aménagement d'horaire pour ne travailler intensivement que le matin), un phénomène qui n'apparaît pas dans les statistiques et qui peut également nuire à leur projection et contribuer à leur rémunération comparativement plus faible.

Espagne, 89e en égalité de rémunération

Le coût de ces adaptations se traduit dans de nombreux cas par une croissance salariale plus faible pour les femmes, ce qui est plus prononcé en Espagne qu'ailleurs. À la fin de l'année 2022, l'Espagne occupait la 17ème place (sur les 146 économies analysées) dans l'indice Global Gender Gap du Forum économique mondial (la France est 15ème ), qui se tient chaque année à Davos, mais il y a des aspects sur lesquels nous sommes très en retard, par exemple : en matière d'égalité de rémunération pour des emplois équivalents, l'Espagne se situe à la 89e place sur les 146 économies analysées. La France n'est pas beaucoup mieux, elle occupe la 82e place.

 

Un constat que l'on retrouve dans l'enquête sur la structure des salaires de l'INE: 27,5% des femmes qui travaillent en Espagne gagnent moins que le salaire minimum interprofessionnel (SMI), alors que ce n'est le cas que pour 11,9% des hommes. En revanche, alors que 7,6% des hommes gagnent plus de quatre fois le SMIC (c'est-à-dire qu'ils ont un salaire annuel de 60.800 euros ou plus), le pourcentage de femmes ayant ce niveau de salaire n'est que de 4,3%.

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