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Jonathan Breton, chorégraphe à New York pour démocratiser la danse

Jonathan Breton, Azoth Dance TheatreJonathan Breton, Azoth Dance Theatre
Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 14 mars 2018, mis à jour le 27 septembre 2018

Démocratiser l'art de la danse et rendre la culture accessible pour tous, voilà l’ambition de Jonathan Breton. Diplômé de l'Institut Supérieur des Arts de la Scène de Paris, Jonathan s’installe à New-York pour étudier à la prestigieuse Alvin Ailey School. Cet amoureux de danse classique chorégraphie depuis 2014 pour AZOTH Dance Theatre, sa compagnie de danse contemporaine. A 28 ans, le succès est déjà international. 

 

À la découverte de la danse

‘’Je sais que j’ai toujours voulu danser, confie Jonathan Breton. Quand j’étais petit, ma grand-mère m’a rappelé une anecdote amusante. Je regardais quotidiennement une émission de danse et j’affirmais que je voulais absolument faire comme les personnes à la télévision’’. Pourtant, ses premiers pas sont chancelants. ‘’C’était compliqué avec ma famille au début. Difficile pour eux d’imaginer leur fils danser.’’ Le jeune homme, originaire de Blois, n’en démord pas et s’entraîne, en secret, dans sa chambre.

À 14 ans, Jonathan embrasse véritablement sa passion. En découvrant un éventail varié de styles, il poursuit son enrichissement artistique. ‘’J’ai commencé par du Hip Hop, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas pour moi’’, s’amuse le danseur. Et puis il explore le classique. Coup de foudre : ‘’J’aime la dualité qui caractérise le classique, un mélange entre la grâce de l’interprétation et un côté plus athlétique, plus physique.’’ 

Jonathan met le cap sur Paris et intègre l'Institut Supérieur des Arts de la Scène. Il s’ouvre à plus de techniques, se perfectionne, façonne ses mouvements. ‘’J’aime bien voir des humains qui dansent et pas des simples danseurs. Je cherche à m’éloigner de la danse codifiée et formelle’’. Après la Ville Lumière, direction New-York et la prestigieuse Alvin Ailey School, un voyage audacieux. 

 

Les premiers pas d’AZOTH Dance Theatre

Plongé dans le bain de la culture new-yorkaise, Jonathan co-fonde en 2014 AZOTH Dance Theatre pour laquelle il devient directeur artistique. Les débuts ressemblent à tout sauf au rêve doré américain. ‘’J’ai eu un peu peur au commencement. La personne avec qui j’ai fondé AZOTH m’a motivé et rassuré. Et finalement, on s’est lancé’’. 

Avant de se consacrer quasi-exclusivement à son projet, Jonathan multiplie les partenariats avec diverses compagnies de danses. Le danseur découvre les complexités du fonctionnement américain. ‘’A New-York, beaucoup de personnes cumulent les emplois. Et puis il n’y a pas de contrat, même lorsque l’on danse pour un spectacle. Quand on vient de France, où tout est administratif, la vie sans barrière de New-York effraie.’’ Dans l’école où il enseigne aujourd’hui, le fonctionnement est identique. ‘’Je n’ai jamais signé un seul contrat. C’est assez dangereux et c’est aussi pour cela que beaucoup cumulent les emplois. On est loin de la protection et des petites pilules dorées françaises !’’ 

En 2016, Jonathan décide de se focaliser sur sa compagnie. ‘’Je me suis investi à 200 % dans le projet. Je suis passé par des longues recherches d’opportunités, de danseurs, d’événements auxquels nous pouvions participer, …’’ Pari réussi, puisque c’est durant cette période qu’AZOTH Dance Theatre prend un nouveau tournant sur un rythme allegro. Présente dans cinq pays (France, Pologne, Danemark, Etats-Unis et Guatemala) et deux antennes, en France et aux Etats-Unis, la compagnie a véritablement décollé. ‘’On est passé de trois danseurs à dix. Il y a deux Brésiliens, un autre Français, un Italien, une Argentine, deux Américaines et deux Japonaises’’. Difficile de trouver une harmonie ? Absolument pas ! ‘’Cette diversité est une richesse. Les seules difficultés, ce sont celles de New-York, c’est-à-dire concilier les emplois du temps de tout le monde et la concurrence.’’

 

New-York et sa concurrence farouche 

Tête levée vers le ciel à la recherche du sommet des buildings, transcendé par la beauté et multiculturalité qui anime la ville, Jonathan trouve la Big Apple grandiose. Au rythme des battements artistiques de la Grande Pomme, la vie peut rapidement donner le tournis. ‘’C’est extrêmement compliqué d’avoir de la visibilité. Faire voir son propre spectacle alors qu’il y a autant d’offres, ça peut être très laborieux. Il faut vraiment se creuser les méninges pour trouver des financements. Cela passe par des longues heures de prospection. On cherche aussi à vendre des goodies. Il faut être ingénieux !’’, explique Jonathan. Le fondateur d’AZOTH n’oublie pas pour autant de travailler ses pas de danse. ‘’Je prends toujours des cours. C’est un métier dans lequel on se forme toute sa vie.’’

Inspiré par Maurice Béjart ou encore Martha Graham, Jonathan a une idée précise du travail de chorégraphe. ‘‘Une représentation doit avoir une vraie ligne directrice et c’est au chorégraphe de la définir. Je ne demande jamais à mes danseurs de créer du mouvement que je vais ensuite m’approprier.‘’ Jonathan puise aussi dans l’essence de la ville qui ne dort jamais. ‘’New-York, multiculturelle et riche, m’a donné de l’inspiration, la niaque de réussir et aussi la volonté de ramener tous mes acquis en France.’’ 

 

‘’Être parti à New-York m’a réconcilié avec la France'’

‘’Je n’ai jamais ressenti beaucoup de reconnaissance pour les artistes en France. Aux Etats-Unis, cela fait plus partie du paysage, que ce soit dans la rue. Rien que dans les collèges et les lycées, il existe de grands départements de danse.’’

Pourtant, Jonathan n’a pas mis de côté son amour pour la douce France. ‘’Être parti m’a réconcilié avec la France. Depuis New-York, je la vois plus belle. C’est mon pays, je l’aime et j’aspire à y retourner pour rapporter ma nouvelle vision des arts’’. 

Transmettre, le danseur le fait déjà. ‘’Je donne des cours en école primaire’’. Par ailleurs, l’un de ses nombreux projets est d’ouvrir un centre artistique en France ; ‘’un lieu où l’on peut créer, produire et faire venir des artistes internationaux’’. 

Le chorégraphe doit aussi s’envoler pour la Finlande. Trois mois cette fois, pour créer une pièce, l’apprendre à des locaux et proposer une représentation. Et après la Finlande, pourquoi pas l’Afrique du Sud ? Côté certitudes, la prochaine tournée d’AZOTH Dance Theatre est déjà programmée au Japon pour février 2019.

 

Ci-dessous le reportage réalisé par France 24 pour l'occasion