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Bambou : de l’utilitaire à l’art

Le bambou est vénéré au Japon depuis des millénaire non seulement pour sa symbolique, mais aussi pour sa polyvalence dans des domaines variés, tels que l’architecture, les objets du quotidien et décoratifs, tout en valorisant l’équilibre entre fonction et beauté selon la philosophie japonaise. La vannerie par contre, est passé de l’artisanat traditionnel utilitaire à l’expression artistique.

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Écrit par Adina Mazzoni-Cernus
Publié le 21 octobre 2024, mis à jour le 6 novembre 2024

Folklore et symbolique

Le bambou figure dans la littérature japonaise ancienne. L’un des premiers récits folkloriques japonais en prose, Taketori monogatari Le Conte du coupeur de bambou, datant de l’époque Heian (794-1185), raconte l’histoire d’un vieil homme qui découvre une enfant d’une beauté extraordinaire à l’intérieur d’un bambou. Il la nomme Kaguya-hime Princesse Kaguya et l’élève comme sa fille. Ce conte témoigne de la place importante du bambou dans la culture japonaise.

 

Lierre aux feuilles rouges -

Quatre ou cinq bambous ballotés

par le fort vent d’automne

 

Bashō, « Seigneur ermite »

 

En raison de sa flexibilité et de sa résistance, le bambou est devenu un symbole de résilience et de force intérieure. Puis, associé au pin et au prunier dans la décoration de la nouvelle année, il forme le shochikubai pin-bambou-prunier, une combinaison symbolisant la prospérité et la bonne augure.

 

Usages multiples

Le bambou possède une multitude d’usages avec pas moins de 1400 applications répertoriées. Il est utilisé pour fabriquer des baguettes, pinceaux pour la calligraphie, flûtes, arcs, éventails, lanternes, ustensiles de cuisine, ainsi que la vannerie (chapeau, paniers, corbeilles, meubles…).

Dans la cérémonie du thé, le bambou est également présent à travers des objets emblématiques tels que le fouet chasen, la cuillère chashaku et la louche hishaku.

On le retrouve aussi dans l’art floral japonais ikebana, avec des vases en bambou, puis dans une multitude d’objets décoratifs et pratiques.

cérémonie du thé

 

En construction, il sert à fabriquer des portes, volets, stores, ponts, canalisations, et des barrières qui délimitent les espaces sacrés des temples et sanctuaires…

 

De l'utilitaire à l’art abstrait

L’exposition La plénitude du vide - Art du bambou au Japon au Musée des Arts Asiatiques de Nice se concentre sur l’évolution de la vannerie. Au début, la vannerie avait des fonctions essentiellement utilitaires. Cependant, au fil du temps, cet artisanat s'est transformé pour devenir une forme d'expression artistique à part entière.

Au milieu du XIXe siècle, les maîtres vanniers japonais, appelés kagoshi, se limitaient principalement à reproduire des modèles chinois karamono, littéralement choses chinoises. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que trois pionniers ont bouleversé cette approche. Hayakawa Shōkosai (1815-1897) et Wada Waichisai (1851-1904), originaires d’Ōsaka, sont considérés comme les « pères fondateurs » de l’artisanat d’art en bambou. Ils ont introduit de nouvelles techniques et concepts esthétiques qui se détachaient des traditions chinoises.

 

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Hayakawa Shōkosai I (1815-1897), Chabako, nécessaire à thé sencha, Japon, vers 1877-1897, bambou, métal et bagues en jade, 24 × 24 × 21,5 cm ©Photo Morayma Becher - Courtesy collection NAEJ

 

 

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Wada Waichisai I (1851-1901), Nijū-ami teiran, vannerie pour ustensiles à thé, Japon, 1901, bambou, rotin et soie 17,3 × 11,5 × 18,5 cm ©Photo Morayma Becher - Courtesy collection NAEJ

 

 

Parallèlement, dans la région nord du Japon, le studio d'Iizuka Hōsai (1851-1916) dans l'actuelle préfecture de Tochigi a également joué un rôle central en proposant des œuvres innovantes et avant-gardistes.

 

Après la Seconde Guerre mondiale, un véritable mouvement avant-gardiste émerge, poussant encore plus loin les limites de l’art du bambou. De nouveaux matériaux tels que le bois, le métal, la ficelle, la poudre d’argile, les teintures colorées et même la feuille d’or sont intégrés aux créations.

 

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L’année 1956 marque un tournant décisif lorsque Shōno Shōunsai (1904-1974) crée la première sculpture en bambou, un panier à fleurs intitulé Dotō Vague déferlante, qui lui vaut un prix à l'exposition des beaux-arts du Japon. Cet événement symbolise le passage de la vannerie traditionnelle vers un art sculptural novateur et abstrait.

 

Grâce à cette avant-garde, l'art du bambou s'est affranchi des traditions rigides pour explorer de nouveaux territoires artistiques. Aujourd'hui, le bambou japonais est reconnu mondialement pour sa capacité à incarner à la fois l’héritage culturel et l’innovation contemporaine.

 

Pour en savoir plus :

 

Livres :

L’esprit du bambou de Dominique Buisson

esprit du bambou

 

Le Conte du coupeur du Bambou de Tawara Machi

conte coupeur bambou

 

Anime :

Le conte de la princesse Kaguya sur Netflix

 

Exposition :

La plénitude du vide - Art du bambou au Japon au Musée des Arts Asiatiques à Nice jusqu'au 5.01.2025

Catalogue exposition :

La plénitude du vide, Art du bambou au Japon

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Photo profil Adina
Publié le 6 novembre 2024, mis à jour le 6 novembre 2024

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