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Du transit à la rétention, le calvaire de 3 Sud-Américaines en France

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Deux Colombiennes, Lilianna et Jennifer, et Wilma, vénézuélienne, devaient se rendre en Espagne et en Suisse, mais ont été placées en rétention plus de 15 jours sans fondement juridique, alors qu'elles étaient simplement en transit à Paris. Jacqueline Madeline, Présidente de l'association Welcome, qui les a prises en charge a accepté de nous livrer son témoignage.

 

Vous êtes présidente de l'association Welcome basée à Rouen, comment avez-vous pris attache avec les trois touristes ?

L'avocate des détenues basée à Oissel (centre de rétention administrative en Seine Maritime, ndlr) nous a contactés car elle connaît le combat que nous menons en faveur des migrants qui sont en attente d'un logement de l’État. Nous logeons chaque soir une centaine de migrants. Parfois dans des appartements que nous mettons à leur disposition, parfois chez l'habitant, l'essentiel étant de ne pas les laisser à la rue.

Bien que notre domaine d'action ne couvre pas les touristes en détention, nous avons une membre d'origine sud-américaine très active, qui a décidé de leur proposer un toit et de l'aide. 
 

Avez-vous de nouvelles informations concernant les motifs de leur rétention ?

D'abord, il faut rappeler que ces trois personnes ne se connaissaient pas avant cet incident. Le hasard fait que les deux femmes colombiennes transitaient par Paris pour se rendre à Madrid. Ayant leur vol tard dans la nuit, elles ont souhaité quitter la zone de transit afin de visiter la Tour Eiffel et la ville. C'est à ce moment qu'elles se font contrôler. On leur reproche de ne pas avoir de réservation d'hôtel pour la nuit, même si elles ont montré leur réservation d'hôtel en Espagne ainsi que leur billet retour vers la Colombie.

Quant à la Vénézuélienne, elle devait se rendre en Suisse au chevet de son fils en fin de vie, atteint d'une myopathie. C'est un enfant issu d'un premier mariage. Au moment d'embarquer à bord de l'avion, on lui a reproché de n'avoir que 40 euros en poche et de ne pas avoir d'invitation. Elle a donc contacté son ex-belle-mère qui lui en a envoyé une, puis on lui a dit qu'elle était irrecevable parce que manuscrite.

 

C'est à ce moment qu'elles sont transférées en zone de rétention ?

Elles sont d'abord conduites à ZAPI 3 à Roissy - la Zone d'Attente des Personnes en Instance. C'est un endroit horrible où on n'a pas envie de rester. Elles y passeront quelques jours avant d'être transférées à Oissel, près de Rouen. C'est là qu'elles entrent en contact avec leur avocate. Au total, elles auront passé près de 15 jours en rétention. C'est colossal !

 

Aujourd'hui sont-elles libres de circuler ?

Elles ont pu récupérer leur passeport grâce à la pression médiatique. A la préfecture de Bobigny, elles ont eu affaire à un fonctionnaire zélé qui ne voulait pas les leur restituer. Elles ne sont pas pour autant libres de circuler malgré la décision du juge des libertés, car elles font l'objet d'une obligation de quitter l'Espace Schengen. L'Etat français menaçait de les renvoyer, ce qu'elles ont refusé, s'estimant en règle avec leur visa Schengen. 

 

Quelle est la suite des événements ?

Vendredi 23 août, il y aura une audience au Tribunal administratif de Rouen pour tenter de faire annuler l'obligation de quitter l'Espace Schengen. Il y aura probablement des actions en justice pour dommages et intérêts, mais elles seront parties d'ici là, le temps judiciaire étant long. Il paraît évident qu'il n'y avait aucune intention de la part de ces trois femmes d'immigrer illégalement.

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