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SOCIAL - Une volonté royale contre les bidonvilles de Casablanca

Casablanca veut en finir avec ses bidonvilles. Dans l'arrondissement de Sidi Moumen, le tiers de la population vit dans ces logements insalubres qui ont pris le relais des premières baraques de la Carrière Thomas dressés ici il y a 80 ans, par un Français. Mohammed VI a signé mercredi une convention de développement pour reloger 22 000 ménages{mxc}

Le Roi Mohammed VI a passé un long moment devant les panneaux illustrant l'opération de relogement (photo MAP).

Le souverain marocain a signé mercredi une importante convention pour le développement de l'arrondissement Sidi Moumen (1). L'enveloppe de plus de 2,5 milliards de dirhams a pour objectif de reloger environ 22 000 ménages des bidonvilles et la création d'ensembles d'habitat offrant toutes les infrastructures sociales et administratives.
Sur les 300 000 habitants de cet arrondissement de Casablanca, le tiers vit dans des logements insalubres. Ces derniers ont pris le relais des baraquements dressés dans les années 1930 dans les carrières Thomas, au temps du protectorat français.
Le Douar Thomas comme celui de Sakouila, sont aujourd'hui en phase de résorption, grâce à la signature de cette convention qui intervient "en application des Hautes Orientations Royales relatives à la mise à niveau et au développement des collectivités locales, ainsi qu'au renforcement de leurs ressources et leur équipement en outils nécessaires pour répondre aux attentes des citoyens".

Une nouvelle ville
C'est une nouvelle ville qui va sortir de terre ici, à quelques centaines de mètres des bidonvilles des Douar Sakouila, Thomas, Rhamna, Zaraba. Le nouveau pôle urbain baptisé "Assalam"(la paix) va accueillir 77.000 habitants des quatre bidonvilles. Le programme prévoit également la création de 47 établissements publics, dont 4 écoles, 2 collèges, 4 lycées, des foyers, deux centres commerciaux, deux mosquées, deux hôpitaux... Ces projets structurants sont estimés à 18,4 millions d'euros. Le Roi Mohammed VI qui était venu en juin 2005 lancer les premiers travaux, est venu superviser l'avancement des réalisations qui lui a été longuement présenté par Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace. Le souverain a d'ailleurs posé symboliquement la première pierre d'un nouveau bâtiment administratif.
Grâce à un équitable montage financier, chaque ménage pourra ainsi accéder à un logement moderne contre une unique "participation"d'environ 1 600 euros, le reste étant pris en charge par l'Etat selon M. Hejira. "Nous avons aujourd'hui le financement pour supprimer tous les bidonvilles de Casablanca en 2012"affirme le ministre.
Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace (photo LPJ Casablanca).

Quand le bâtiment va...

Dans la capitale économique du Royaume, environ 30 % de ses 3,5 millions d'habitants ne vivent pas dans des logements décents. "Ce millions de personnes n'est pas pour autant dans une pauvreté extrême"souligne un observateur, "mais logés dans ces conditions par défaut". Car il faut savoir que la vie dans les bidonvilles, en dépit des conditions sanitaires indignes, n'en reste pas moins proche parfois de celles des vrais habitats, avec télévision, salon marocain... Pour certains, quitter une baraque s'est aussi perdre une forme de clandestinité...
Mais pour la très grande majorité des familles, fuir le bidonville, c'est d'abord retrouver une dignité. Et être enfin en phase avec un "Maroc en mouvement"qu'impulse Mohammed VI dans tous ses déplacements à travers le Royaume. Le Maroc est devenu un vaste chantier qui construit à tout va. Comme dans une course effrénée contre le temps perdu, qu'il faut très vite rattraper.
Didier BOUVILLE. (www.lepetitjournal.com - Casablanca) lundi 17 décembre

(1) Le nom de ces bidonvilles est encore entaché par les attentats de Casablanca de mai 2003 ayant fait 45 morts, deux des douze kamikazes tués étaient originaires de Sidi Moumen. Un bidonville où s'est fait sauter un jeune kamikaze dans un cybercafé en mars dernier.






La population de Sidi Moumen invitée à participer à la signature de la convention royale (photo LPJ Casablanca).